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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 12.1925

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Nr. 1
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Jamot, Paul: Nouvelles études sur Nicolas Poussin à propos de l'éxposition du Petit Palais
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https://doi.org/10.11588/diglit.24946#0088

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76 GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ne peut comparer qu’à ces mêmes sujets quand ils sont traités par les
anciens » .

Le Poussin philosophe, qui, entre Titien et Raphaël, laisse dé plus en
plus pencher la balance en faveur du second, l’interprète des Livres Saints
et de l’histoire grecque ou romaine, que les contemporains ont tant admiré
et commenté, l’emporte après le voyage de 164') à Paris, et c’est, en effet,
sur les œuvres postérieures à 1640 que nous trouvons surtout des rensei-
gnements chez Bellori et Félibien.

On aurait tort cependant de croire que les contemporains, même ceux qui
furent les plus zélés champions du classique, aient été injustes pour le génie
fougueux et passionné que Poussin montra dans sa jeunesse. Nous n’avons
pas inventé le charme puissant des Bacchanales. Félibien déjà en parlait
avec une juste admiration :

« Ces sujets, a-t-il écrit, travaillés poétiquement, avec ce beau feu et cet art admi-
rable qu’on peut dire si conforme à l’esprit des poètes, des peintres et des sculpteurs
anciens, et tant d'autres ouvrages de lui, répandus quasi par toute l’Europe, ren-
daient célèbre le nom de Poussin1. »

D’ailleurs je me gardais de donner trop de rigueur à celte distinction des
deux périodes. Poussin s’est toujours flatté de varier sa manière suivant
la nature du sujet et l’émotion à produire. Vers la fin de sa vie, il
semblait revenir aux impressions de sa jeunesse. Cê n’est pas sans
des intentions, qui font écho à des pages écrites quelques années avant,
qu’au Louvre, dans le grand remaniement qui a suivi la guerre, on a mis
en pendants le Triomphe de Flore, œuvre de grâce et de libre allégresse, et
l’admirable tableau, plein d’une grave et mystérieuse poésie, Apollon amou-
reux de Daphné, que le vieux peintre n’eut pas le temps d’achever avant de
mourir. On ne croirait pas que trente-cinq ans les séparent.

Il n’est que juste de reconnaître que le mérite du premier travail
d’ensemble fondé sur cette méthode de classification revient à deux
historiens allemands, M. Otto Grautoff et M. Walter Friedlaender, qui,
presque simultanément, en 1914, ont publié sur Poussin un livre contenant
un catalogue raisonné. Celui de M. Grautoff est certainement le plus complet
des deux. Nous pouvons prendre son classement pour basé provisoire. Un des
principaux objets des Poussinistes sera aujourd’hui de voir quels sont les
tableaux qu’on peut ajouter, quels sont ceux qu’on doit retrancher à la liste
Grautoff et dans quelle mesure l’ordre de ceux qu’on maintient dans cette
liste doit être remanié.

1. Entretiens sur les Vies et sur les Ouvrages des plus excellents Peintres.... éd. de
1725, t. IV, p. 27.
 
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