DEUX PEINTRES DE LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIIe SIÈCLE 173
entre une telle «favola» et les Naïades de Maisons-Laffitte, par exemple?
Mais quel rapport aussi avec n'importe quel peintre de cette époque, que
nous connaissions? Cette œuvre ne mérite-t-elle pas une sorte de gloire à
cause de sa singularité? Que représente-t-elle? Le litre traditionnel de
Songe d’Alcmène nous parait erroné. Rien dans l’histoire de la mère
d’Hercule n’a trait à une scène pareille. L’apparition, à une femme dormant
LE PRODIGE, PAR CH.-A. DUFRESNOY
(Collection Maurice Mag'nin, Paris.)
sur un lit, de Minerve indiquant un rivage où des femmes lavent du linge,
et la figure d’une servante qui sommeille, évoquent immédiatement l’idée
du Songe de Nausicaa, à qui la déesse insinue le désir de se rendre, le
lendemain matin, à l’endroit où doit lui apparaitre Ulysse. Mais, dans
cette hypothèse, que signifient, sous l’ombre du léger rideau voilant la tète
du lit, ces deux fantômes de vieillards, romantiquement drapés comme des
Wotans, et tenant un coffret? U y a là, pour nous, un irritant mystère,
qui ajoute, peut-être, à la poésie raffinée d’un tel tableau. Où ce curieux
liseur de Dufresnoy a-t-il puisé cette inspiration? Cet «hermétisme»
XII. — 5® PÉRIODE. 22
entre une telle «favola» et les Naïades de Maisons-Laffitte, par exemple?
Mais quel rapport aussi avec n'importe quel peintre de cette époque, que
nous connaissions? Cette œuvre ne mérite-t-elle pas une sorte de gloire à
cause de sa singularité? Que représente-t-elle? Le litre traditionnel de
Songe d’Alcmène nous parait erroné. Rien dans l’histoire de la mère
d’Hercule n’a trait à une scène pareille. L’apparition, à une femme dormant
LE PRODIGE, PAR CH.-A. DUFRESNOY
(Collection Maurice Mag'nin, Paris.)
sur un lit, de Minerve indiquant un rivage où des femmes lavent du linge,
et la figure d’une servante qui sommeille, évoquent immédiatement l’idée
du Songe de Nausicaa, à qui la déesse insinue le désir de se rendre, le
lendemain matin, à l’endroit où doit lui apparaitre Ulysse. Mais, dans
cette hypothèse, que signifient, sous l’ombre du léger rideau voilant la tète
du lit, ces deux fantômes de vieillards, romantiquement drapés comme des
Wotans, et tenant un coffret? U y a là, pour nous, un irritant mystère,
qui ajoute, peut-être, à la poésie raffinée d’un tel tableau. Où ce curieux
liseur de Dufresnoy a-t-il puisé cette inspiration? Cet «hermétisme»
XII. — 5® PÉRIODE. 22