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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 12.1925

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Bouvet, Charles: Gustave Boulanger: collaborateur de Charles Garnier à l'opéra
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https://doi.org/10.11588/diglit.24946#0334

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304

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

l’attitude des pieds, dont les talons sont soulevés, le gauche plus encore
que le droit, et du fait que le personnage relève sa robe monacale afin,
justement, de faciliter sa marche et avant. De ce geste naissent d’amples
plis traités par Boulanger avec une incomparable habileté1.

Plusieurs années se sont écoulées entre l’époque à laquelle fut exé-
cuté le dessin que nous venons d’étudier (1879) et le portrait dont nous
allons nous occuper (1884).

Maintenant, Charles Garnier a réalisé à peu près complètement son rêve.
En dehors de ses autres travaux, l’immense édifice est là, debout, discuté mais
aussi admiré. Le inonde entier a les yeux fixés sur le « Nouvel Opéra »,
ce somptueux théâtre, dont le parti, trois grandes divisions : le vestibule,
la salle, la scène, accusés par l’aspect extérieur, a servi, depuis, de mo-
dèle à tout ce qu’on a fait dans ce genre. L'architecte est célèbre. C’est
un homme parvenu à son complet développement. L’ardeur a fait place
à la sérénité. — Et c’est tout cela dont Boulanger nous donne l’image.
C’est aussi la joie que l’artiste goûte à son foyer familial que le peintre
fait encore apparaître à nos yeux, car, dans ce visage pensif, réfléchi, il
y a du calme, de la bonté.

Quand un Largillierre, un Rigaud, voulurent nous indiquer le carac-
tère social de leurs modèles, ils placèrent à côté de ceux-ci les attributs
de leur profession ou des fonctions qu’ils exerçaient. Ils avaient aussi
pour eux les magnifiques costumes de l’époque, ce qui, au point de vue
purement pictural, leur fournissait un admirable thème qu’ils ne manquè-
rent pas de traiter avec la plus grande ampleur.

Ici, rien de semblable.

Sur une toile carrée de 32 x 26, dans un cadre doré, enfermant un ovale
dont le grand axe mesure 0m30 et le petit axe 0m25, Charles Garnier, traité
en buste, est de profil, tourné à gauche.

Dans ce profil si caractérisque, chaque mouvement de la ligne confère
un accent tout particulier au personnage représenté et nous révèle à quel
point Charles Garnier était « prédestiné ».

1. Charles Garnier figure dans un des vitraux de l’Église Saint-Séverin, le deuxième
à droite de la porte d’entrée principale : Jésus bénissant les enfants. L’architecte
de l’Opéra, habillé cette fois en homme du peuple juif, constitue le dernier person-
nage à gauche ; il est placé derrière un apôtre auréolé pour lequel Ch. Gounod
semble avoir servi de modèle. Toutefois, ce Garnier banalisé n’a aucun rapport avec
le sublime moine de Gustave Boulanger,
 
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