N° 1.
15 Janvier 1881.
Vingt-troisième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.
membre de l'académie roy. de belgique, etc.
SOMMAIRE. Belgique : fA nos lecteurs. — L'art
en Norwège. — Pierre Lepot. — Les reliques et
les reliquaires donnés par le roi saint Louis. —
Bibliographie. — France : Eugène Fromentin.
— Florence par Yriarte. — Chronique générale.
— Cabinet de la curiosité. — Annonces.
Belgique.
A NOS LECTEURS.
Notre album sera publié dans le courant
de ce trimestre. Il portera donc le millésime
dei88o-i88i.
La première livraison de notre Diction-
naire des Peintres (troisième édition) sera
distribuée à la fin de ce mois. Les autres li-
vraisons seront publiées comme la première
par volume de 200 pages à deux colonnes
compactes renfermant la matière d'un volume
ordinaire in-8° de 5oo pages tous les deux
mois.
Nous reprendrons dans un de nos prochains
numéros la section flamande de notre Diction-
naire pour en continuer la publication sans
nouveaux empêchements, du moins nous
l'espérons. L'année d'expositions que nous
avons eu à traverser est une de celles dont
les arts se souviendront. Nous avons dû con-
sacrer l'espace dont nous disposions à nous
tenir au courant et encore sans pouvoir y
réussir. Toutefois, nous arriverons dans le
cours de ce trimestre à reprendre nos allures
habituelles en y introduisant les améliora-
tions qui seront jugées nécessaires.
L'ART MODERNE EN NORWÈGE.
II.
notices biographiques
sur les principaux peintres et sculpteurs.
(Suite).
ROSS, Christian, M., né, en 1843, à
Flekkefjord, où son père était receveur de
douanes. Il fit ses humanités et termina
ses études à l'Université de Christiania en
1862 II étudia d'abord la peinture à l'Acadé-
mie de Copenhague, puis à Munich, sous la
direction de Dietz et se perfectionna par un
séjour de plusieurs années à Paris. La spé-
cialité de Ross est la peinture de genre; il
retrace de préférence la vie de famille élé-
gante des classes privilégiées de la société. Il
affectionne la simplicité de l'idée et des si-
tuations; la grande dame lui fournit souvent
ses motiis, et il sait, par le fini et l'originalité
de l'exécution, faire ressortir les côtés inté-
ressants du sujet.
Nous citerons parmi ses œuvres : Une
confidence (1876); Largo et En avril. (1877);
paraissant deux fois par mois.
prix par an : belgique : 9 francs.
étranger : 12 fr,
La débutante et Introduction (1878) ; M. c.
M. Ross habite Clichy-Paris.
RUMMELHOFF, christian, né en
1844, à Arendal, d'un père négociant. Com-
mença en 1863, avec Bodorn, ses études à
l'Académie de Dûsseldorf et les continua,
sauf quelques interruptions, à Paris et à
Carlsruhe, dans les derniers temps sous la
direction du célèbre Gude. Ses tableaux re-
présentent d'ordinaire des vues de Fjords et
des « Sous bois » Scandinaves. Sa Matinée
d'Automne (Paris 1878) est une toile pleine de
promesses. Rummelhoff est retourné en Nor-
wège et réside dans sa ville natale.
RUSTFN, OLAV, né en i85o, fils de pay-
sans du district de Sondmor. Commença, en
1871, à étudier à l'école de peinture de Chris-
tiania, resta ensuite deux ans à l'Académie de
Copenhague, puis enfin à l'Académie de Mu-
nich, où il fut élève de Seitz et de Linden-
schmidt. Dans cette dernière ville il obtint
plusieurs médailles. Il a été à différentes re-
prises subventionné par l'Etat. Il fait la
peinture de genre et prend volontiers ses
motifs dans la vie des paysans de Norwège,
quelquefois encore dans les villes du territoire
Scandinave. Rustfn a aussi peint, dans ces
derniers temps, quelques portraits estimés.
Nous connaissons de lui un charmant ta-
bleau : De vive voix et par écrit (1876), ap-
partenant à la galerie municipale de Stavan-
ger; A l'église (Munich, 1877) et le beau
portrait exposé à Paris au Champ de Mars
en 1878. M. Rustfn habite Munich.
SCHJELDERUP, Mlle Georga Elise,
est une jeune artiste encore à ses débuts,mais
dont le talent précoce a fait sensation dans la
colonie artistique parisienne. MUe Schjel-
derup avait à L Exposition universelle (1878)
un bon tableau de genre, elle a étudié dans
les principaux ateliers de Paris où elle réside
habituellement et aborde avec succès les por-
traits féminins.
SCANCHE, HERMAN, G. Né à Bergen,
Il étudia à Dûsseldorf et fut longtemps l'é-
lève de Gude. La plupart de ses tableaux
représentent des paysages empruntés au Fjord
de Bergen. Nous avons eu occasion de les
admirer à la Weltaustellung de Vienne
(1873) où ils ont valu à l'artiste une Kunst-
medaille. En 1872, M. Scanche avait envoyé
au Salon de Copenhague une toile recom-
mandable : Entrée à Bergen au clair de lune.
Son tableau le plus remarqué à Vienne était
un Fjord dans le Sogn Au Champ de Mars
à Paris, en 1878, on distinguait dans la sec-
tion îiorwégienne son Clair de lune, étude de
la côte sud-ouest du Fjord de Bergen.
SCHIVE, Jacob, né en 1846 dans la
province de Trondhjem où son père était
foged (bailli) (1). H étudia le paysage, d'abord
(1) Dans les Hœreder ou communes rurales nor-
végiennes l'autorité executive appartient en partie
administration et correspondance
a s'-nicolas (belgique),
à Christiania sous la direction de Eckesrberg
et Morten Mûller, puis ensuite à Dûsseldorf.
II exposa une Scène d'hiver dans leHardan-
ger à Copenhague. A Paris en 1873 Schive
n'avait qu'une seule toile, un Hiver,sujet que
l'artiste affectionne et où il fait preuve d'une
grande justesse d'observation.
SINDING, Otto, Né en 1842 à Kous-
berg, où son père était maître-mineur. Après
avoir fait ses humanités et ses études de droit
à l'université de Christiania, il obtint un em-
ploi dans un des ministères du gouverne-
ment. En 1867, il se livra à l'étude du pay-
sage, et prit des leçons de Eckersberg, puis
du professeur Gude à Carlsruhe. Il fit de
rapides progrès, et, en 1869, exposa des
œuvres pleines de promesses. Dans tous ses
paysages, si variés qu'ils soient, on retrouve
toujours l'idée constante de reproduire la
nature de son pays natal sous son aspect le
plus sérieux. Il étudia plus tard à Munich, et
étendit la sphère de ses travaux à des pay-
sages d'un nouveau genre et en même temps
à la peinture des personnages.
A l'exposition de Copenhague il avait
présenté deux tableaux : une Forêt de pins
et Cache-cache, gracieux groupe d'adoles-
cents qui se lutinent dans les hautes fou-
gères. Nous connaissons encore de lui le
Crépuscule (union artistique de Christiania,
1872) ; une Rixe à une noce villageoise et le
à YAmtmand(préfet), en partie aux -Fo^e^baillis)
ses subordonnés qui sont fonctionnaires royaux ainsi
qu'aux Lensmander (officiers de police) employés
nommés par le préfet dont il y a généralement
un dans chaque commune rurale. Toutefois l'auto-
rité exécutive appartient aussi en partie au For-
mandshab (conseil administratif) dont le président
exécute les résolutions. Le Reprœsentantskab (con-
seil municipal) qui a un triple nombre de membres
n'agit jamais seul. Il existe dans les communes
rurales des commissions nommées par les deux
conseils réunis de la commune pour l'administra-
tion dos écoles et de l'assistance publique.
Dans les communes urbaines desi^refene^Bail-
lages ou Arrondissements) l'autorité exécutive et,
en général l'exécution des résolutions de l'Adminis-
tration communale sont confiés à des (Borgermes-
o
ter s et Radmanders) magistrats nommés par le roi.
Les grandes villes en ont deux ou trois ; les petites
villes n'en ont qu'un seul qui exerce en même temps
les fonctions de juge de première instance.
Il est curieux de retrouver en Norwège l'Amt-
mandot le Borgermeester dont les fonctions sont
restés identiques avec celles qu'exercèrent dans nos
provinces, jusqu'à la fin du siècle dernier, YAmpt-
man ou Amman représentant du Souverain dans
nos villes et le Borgermeester qui en était le pre-
mier magistrat. On conserve encore à Bruxelles la
Voiture d'un Amman du xvu° siècle (Jean van
der Ee) elle figurait à l'Exposition de l'art rétrospec-
tif de 1880. Le titre d'Amman n'est plus qu'un
souvenir historique ; mais la qualification de Bourg-
mestre a été rétablie en Belgique depuis l'avènement
de Guillaume Ier.
15 Janvier 1881.
Vingt-troisième Année.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.
membre de l'académie roy. de belgique, etc.
SOMMAIRE. Belgique : fA nos lecteurs. — L'art
en Norwège. — Pierre Lepot. — Les reliques et
les reliquaires donnés par le roi saint Louis. —
Bibliographie. — France : Eugène Fromentin.
— Florence par Yriarte. — Chronique générale.
— Cabinet de la curiosité. — Annonces.
Belgique.
A NOS LECTEURS.
Notre album sera publié dans le courant
de ce trimestre. Il portera donc le millésime
dei88o-i88i.
La première livraison de notre Diction-
naire des Peintres (troisième édition) sera
distribuée à la fin de ce mois. Les autres li-
vraisons seront publiées comme la première
par volume de 200 pages à deux colonnes
compactes renfermant la matière d'un volume
ordinaire in-8° de 5oo pages tous les deux
mois.
Nous reprendrons dans un de nos prochains
numéros la section flamande de notre Diction-
naire pour en continuer la publication sans
nouveaux empêchements, du moins nous
l'espérons. L'année d'expositions que nous
avons eu à traverser est une de celles dont
les arts se souviendront. Nous avons dû con-
sacrer l'espace dont nous disposions à nous
tenir au courant et encore sans pouvoir y
réussir. Toutefois, nous arriverons dans le
cours de ce trimestre à reprendre nos allures
habituelles en y introduisant les améliora-
tions qui seront jugées nécessaires.
L'ART MODERNE EN NORWÈGE.
II.
notices biographiques
sur les principaux peintres et sculpteurs.
(Suite).
ROSS, Christian, M., né, en 1843, à
Flekkefjord, où son père était receveur de
douanes. Il fit ses humanités et termina
ses études à l'Université de Christiania en
1862 II étudia d'abord la peinture à l'Acadé-
mie de Copenhague, puis à Munich, sous la
direction de Dietz et se perfectionna par un
séjour de plusieurs années à Paris. La spé-
cialité de Ross est la peinture de genre; il
retrace de préférence la vie de famille élé-
gante des classes privilégiées de la société. Il
affectionne la simplicité de l'idée et des si-
tuations; la grande dame lui fournit souvent
ses motiis, et il sait, par le fini et l'originalité
de l'exécution, faire ressortir les côtés inté-
ressants du sujet.
Nous citerons parmi ses œuvres : Une
confidence (1876); Largo et En avril. (1877);
paraissant deux fois par mois.
prix par an : belgique : 9 francs.
étranger : 12 fr,
La débutante et Introduction (1878) ; M. c.
M. Ross habite Clichy-Paris.
RUMMELHOFF, christian, né en
1844, à Arendal, d'un père négociant. Com-
mença en 1863, avec Bodorn, ses études à
l'Académie de Dûsseldorf et les continua,
sauf quelques interruptions, à Paris et à
Carlsruhe, dans les derniers temps sous la
direction du célèbre Gude. Ses tableaux re-
présentent d'ordinaire des vues de Fjords et
des « Sous bois » Scandinaves. Sa Matinée
d'Automne (Paris 1878) est une toile pleine de
promesses. Rummelhoff est retourné en Nor-
wège et réside dans sa ville natale.
RUSTFN, OLAV, né en i85o, fils de pay-
sans du district de Sondmor. Commença, en
1871, à étudier à l'école de peinture de Chris-
tiania, resta ensuite deux ans à l'Académie de
Copenhague, puis enfin à l'Académie de Mu-
nich, où il fut élève de Seitz et de Linden-
schmidt. Dans cette dernière ville il obtint
plusieurs médailles. Il a été à différentes re-
prises subventionné par l'Etat. Il fait la
peinture de genre et prend volontiers ses
motifs dans la vie des paysans de Norwège,
quelquefois encore dans les villes du territoire
Scandinave. Rustfn a aussi peint, dans ces
derniers temps, quelques portraits estimés.
Nous connaissons de lui un charmant ta-
bleau : De vive voix et par écrit (1876), ap-
partenant à la galerie municipale de Stavan-
ger; A l'église (Munich, 1877) et le beau
portrait exposé à Paris au Champ de Mars
en 1878. M. Rustfn habite Munich.
SCHJELDERUP, Mlle Georga Elise,
est une jeune artiste encore à ses débuts,mais
dont le talent précoce a fait sensation dans la
colonie artistique parisienne. MUe Schjel-
derup avait à L Exposition universelle (1878)
un bon tableau de genre, elle a étudié dans
les principaux ateliers de Paris où elle réside
habituellement et aborde avec succès les por-
traits féminins.
SCANCHE, HERMAN, G. Né à Bergen,
Il étudia à Dûsseldorf et fut longtemps l'é-
lève de Gude. La plupart de ses tableaux
représentent des paysages empruntés au Fjord
de Bergen. Nous avons eu occasion de les
admirer à la Weltaustellung de Vienne
(1873) où ils ont valu à l'artiste une Kunst-
medaille. En 1872, M. Scanche avait envoyé
au Salon de Copenhague une toile recom-
mandable : Entrée à Bergen au clair de lune.
Son tableau le plus remarqué à Vienne était
un Fjord dans le Sogn Au Champ de Mars
à Paris, en 1878, on distinguait dans la sec-
tion îiorwégienne son Clair de lune, étude de
la côte sud-ouest du Fjord de Bergen.
SCHIVE, Jacob, né en 1846 dans la
province de Trondhjem où son père était
foged (bailli) (1). H étudia le paysage, d'abord
(1) Dans les Hœreder ou communes rurales nor-
végiennes l'autorité executive appartient en partie
administration et correspondance
a s'-nicolas (belgique),
à Christiania sous la direction de Eckesrberg
et Morten Mûller, puis ensuite à Dûsseldorf.
II exposa une Scène d'hiver dans leHardan-
ger à Copenhague. A Paris en 1873 Schive
n'avait qu'une seule toile, un Hiver,sujet que
l'artiste affectionne et où il fait preuve d'une
grande justesse d'observation.
SINDING, Otto, Né en 1842 à Kous-
berg, où son père était maître-mineur. Après
avoir fait ses humanités et ses études de droit
à l'université de Christiania, il obtint un em-
ploi dans un des ministères du gouverne-
ment. En 1867, il se livra à l'étude du pay-
sage, et prit des leçons de Eckersberg, puis
du professeur Gude à Carlsruhe. Il fit de
rapides progrès, et, en 1869, exposa des
œuvres pleines de promesses. Dans tous ses
paysages, si variés qu'ils soient, on retrouve
toujours l'idée constante de reproduire la
nature de son pays natal sous son aspect le
plus sérieux. Il étudia plus tard à Munich, et
étendit la sphère de ses travaux à des pay-
sages d'un nouveau genre et en même temps
à la peinture des personnages.
A l'exposition de Copenhague il avait
présenté deux tableaux : une Forêt de pins
et Cache-cache, gracieux groupe d'adoles-
cents qui se lutinent dans les hautes fou-
gères. Nous connaissons encore de lui le
Crépuscule (union artistique de Christiania,
1872) ; une Rixe à une noce villageoise et le
à YAmtmand(préfet), en partie aux -Fo^e^baillis)
ses subordonnés qui sont fonctionnaires royaux ainsi
qu'aux Lensmander (officiers de police) employés
nommés par le préfet dont il y a généralement
un dans chaque commune rurale. Toutefois l'auto-
rité exécutive appartient aussi en partie au For-
mandshab (conseil administratif) dont le président
exécute les résolutions. Le Reprœsentantskab (con-
seil municipal) qui a un triple nombre de membres
n'agit jamais seul. Il existe dans les communes
rurales des commissions nommées par les deux
conseils réunis de la commune pour l'administra-
tion dos écoles et de l'assistance publique.
Dans les communes urbaines desi^refene^Bail-
lages ou Arrondissements) l'autorité exécutive et,
en général l'exécution des résolutions de l'Adminis-
tration communale sont confiés à des (Borgermes-
o
ter s et Radmanders) magistrats nommés par le roi.
Les grandes villes en ont deux ou trois ; les petites
villes n'en ont qu'un seul qui exerce en même temps
les fonctions de juge de première instance.
Il est curieux de retrouver en Norwège l'Amt-
mandot le Borgermeester dont les fonctions sont
restés identiques avec celles qu'exercèrent dans nos
provinces, jusqu'à la fin du siècle dernier, YAmpt-
man ou Amman représentant du Souverain dans
nos villes et le Borgermeester qui en était le pre-
mier magistrat. On conserve encore à Bruxelles la
Voiture d'un Amman du xvu° siècle (Jean van
der Ee) elle figurait à l'Exposition de l'art rétrospec-
tif de 1880. Le titre d'Amman n'est plus qu'un
souvenir historique ; mais la qualification de Bourg-
mestre a été rétablie en Belgique depuis l'avènement
de Guillaume Ier.