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N° 6.

31 Mars 1881.

Vingt-troisième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

membre de l'académie roy. de belgique, etc.

SOMMAIRE. Belgique : Revue musicale. — Les
Beaux-arts en Suède à lepoque moderne. — Dic-
tionnaire des peintres. Notes et avis. — Décou-
verte de tableaux de Rubens et de Van Dyck à
Cologne. — Chronique générale. — Cabinet de
la curiosité. — Dictionnaire des peintres (école
flamande). — Annonces.

Belgique.

REVUE MUSICALE.

A l'époque troublée dans laquelle nous
vivons, il est rare de voir paraître des ou-
vrages de longue haleine sur la science mu-
sicale. Le succès est aux publications légères
et nos aristarques suivent le mouvement qui
plaît à la fois au public et à ceux qui écrivent
pour lui. De temps en temps cependant s'im-
prime un livre sérieux, bien écrit, profondé-
ment pensé et dont on peut dire, comme des
splendides volumes de M. Gevaert, qu'il
constitue un sujet de consolation pour les
vrais travailleurs.

Dans cet ordre d'idées, parlons aujour-
d'hui d'un savant luxembourgois, M. Orer-
hoffer, professeur de musique à l'école nor-
male de la capitale du Grand-Duché. Ce maître
—car c'en est un—n'est pas assez connu en
Belgique. Il est auteur non-seulement de
nombreuses compositions sacrées, dont nous
n'avons pas le temps de nous occuper au-
jourd'hui, mais aussi d'ouvrages didactiques,
Parmi lesquels nous en citerons un de très
grande valeur : I'Ecole de l'organiste catho-
lique, théorie et pratique. Ce travail a d'abord
Paru en allemand. Il est déjà traduit dans
différentes langues de l'Europe M. l'abbé
E Duclos, professeur de musique religieuse
à l'école normale de Thourout, vient d'en
achever une très élégante traduction fran-
çaise.

; Le but de M. Oberhoffer est d'initier scien-
tifiquement les jeunes organistes à tout ce
qui constitue la pratique de leur art. Bien que
son volume ne soit pas extraordinairement
?ros, il embrasse des études quasi complè-
tes, quoique sommaires, sur le mécanisme
du jeu de l'orgue ; sur tout ce qui est relatif
à la tonalité (matière que l'auteur déve-
'°ppe beaucoup, et avec raison) ; sur la mu-
sique diatonique, le chant liturgique ; sur le
•leu de la pédale de l'orgue; sur les écoles
"te composition ; sur la construction des

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS

étranger : 12 fr.

phrases musicales, le travail thématique, le
style à imitation; sur le contrepoint, tant
double que simple ; sur la fugue et le canon.
Enfin, dans un appendice, l'auteur traite de
la régistration et il donne un résumé succint
et très intéressant des prescriptions de la
liturgie relativement à l'usage de l'orgue.

On le voit, la matière musicale religieuse
y est traitée d'une manière presque complète.
Il n'y manque que des conseils pour l'émis-
sion de la voix et pour le chant proprement
dit ; un petit aperçu sur l'orchestration ;
enfin, un abrégé de l'histoire de notre art.
Ce dernier chapitre aurait, nous l'affirmons,
figuré avec grand avantage dans le volume.
Nos jeunes organistes laissent beaucoup à
désirer, dans tous les pays, sous le rapport
de l'instruction historique. Qui dit organiste
est bien près de dire maître de chapelle dans
la plupart de nos petites villes. Or, l'art
sacré ne peut que profiter à voir nos maîtres
de chapelle mieux rais au courant qu'ils ne
le sont, du mouvement musical dans les
siècles qui ont précédé le leur.

Le livre de M. Oberhoffer est développé.
Force nous est d'être bref dans son examen.
Bornons-nous à parler du système de l'au-
teur en matière d'accompagnement du plain
chant.

Il existe d'après nous (\) des bases esthé-
tiques et historiques bien différentes en-
tr'elles, pour servir de point de départ à la
composition des livres liturgiques. Mais tout
le monde, en Europe du moins, est partisan
de ladiatonie. Or. l'accompagnement a pour
mission desuivre la mélodie, de s'en pénétrer
profondément et de constituer avec elle une
véritable unité. Faut-il dès lors, dit M. Ober-
hoffer, se borner aux accords parfaits natu-
rels? Doit-on même supprimer, dans les types
mélodiquesà gamme incomplète, les notes ac-
compagnantes qui pourraient se trouver dans
ces types si ceux-ci avaient toute leur compré-
hension? Sur cette intéressante question et
sur toutes celles qui en dérivent, M. Ober-
hoffer a des remarques sages, sobres, pra-
tiques et il donne d'excellents conseils. Pour
plusieurs plainchantistes anciens et mo-
dernes le mieux a été bien souvent l'en-

(1) Congrès international de musique sacrée
de Paris (1860), Discours du Représentant de la
Belgique.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s*-nicolas (Belgique).

nemi du bien et il est résulté de leurs re-
cherches et de leurs réflexions, des théories
dont le moindre défaut est de n'avoir pu
plaire à l'oreille musicale d'aucune époque
de l'histoire. Nous osons soutenir cette der-
nière thèse d'une manière absolue. Tout ce
que M. Oberhoffer détaille à cet égard ne
fait que confirmer notre manière de voir.

Nous adresserons un simple reproche à
I'Ecole de l'organiste catholique. Ce livre est
à la fois trop long et trop court. Trop long,
s'il s'agit des savants, des maîtres, des
hommes d'expérience ; trop court, s'il faut
instruire des jeunes gens chez lesquels l'au-
teur suppose à tort des connaissances pri-
mordiales qu'ils n'ont pas. Aussi, M. Ober-
hoffer a-t-il suppléé récemment à ce que
j'appellerais volontiers le manque de pro-
portionnalité dans la composition de son
traité. Sa Méthode d'harmonium est, dit-il,
destinée à compléter I'Ecole de l'organiste.
Elle a paru chez MM. Scott à Bruxelles et
elle mérite, au titre que nous venons de dire,
une double recommandation.

Somme toute, M. Oberhoffer est un tra-
vailleur consciencieux, un musicien érudit,
un homme dont l'expérience pratique égalela
science. Peu de livres plus intéressants que
les siens voient le jour à notre époque. Cet
artiste est une véritable gloire pour le Grand-
Duché du Luxembourg.

Dans le même genre que le Traité de
M. Oberhoffer, mais dans des conditions in-
finiment plus modestes, a paru à Bruxelles,
a la fin de l'année dernière, la Grammaire mu-
sicale de Léopold Heinze, résumée, traduite
et annotée par Johannes Werer. Cet intéres-
sant petit opuscule qui n'est pas destiné seu-
lement aux musiciens d'église, est édité par
M. Th. Nachtsheim-Colman, propriétaire de
la maison Beethoven à Bruxelles. C'est un
résumé peut-être un peu trop court, mais
clair, net et en général correct, dans lequel
non-seulement les élèves et les amateurs,
mais les maîtres eux-mêmes, trouveront de
bons renseignements, d'utiles conseils, des
solutions catégoriques pour une quantité de
questions courantes.

Un musicologue suisse établi à Paris et
dont maintes fois déjà nous avons eu à van-
ter le bon goût et la vaste érudition, M. Ma-
this Lussy, auteur du Traité de l'expression
musicale, a publié, il y a quelque temps,
 
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