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N° 4.

1 Mars 1881.

Vingt-troisième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE,

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l'aCADEMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Belgique : Rectification. — Les ar-
tistes belges jugés yar un sénateur italien. —
Dictionnaire des peintres, 3me édition : distribu-
tion de la première livraison.—Portrait d'Isabeau
de la Moere. — Franck : Vente de M. Roxard
de la Salle. — Vente Jolm Wilson et catalogue.
Chronique générale. — 'biner de la curiosité,
.inonces.

S Jonque.

ÉÉCTIFICATION.
1 _ir de ■•■■ reetion typographique a mutilé

dans nbtn dernier n° une phrase que nous réta-
blissons au,K j "nui. Page 1, colonne 2, ligne 9. il
faut r< . ;.>iae ta phrase qui commence par "Per-
sonne. , •• /'ar celle-ci : Personne n'aura lieu de
s'étonner du virement des prédilections de Jacob-
Jacobs arrivé à la maturité de l'âge et à la pléni-
tude du talent, si l'on veut se rappeler quels admi-
rables sites garde pour un paysagiste l'incompa-
rable oréographie norvégienne.

LES ARTISTES BELGES
JUGÉS PAR UN SÉNATEUR ITALIEN.
Nous avons parlé d'un ouvrage remarquable du
Sénateur Tullo Massarini publié par la maison
Renouard de Paris (2 vol. in-8°) sur les arts et les
artistes de tous les pays. Nous donnons aujourd'hui
un passage de ce livre qui intéressera énormément
notre monde artistique. On y verra que jamais les
peintres belges n'ont été jugés avec un coup d'ceil
plus sur et une connaissance locale plus exacte. Si
le travail de M. Massarini est une œuvre de haute
et saine critique, il est aussi un exemple que
l'étranger ferait bien d'imiter quand il parle de
nous.

DE LA MEUSE AU ZUYDERZÉE.
Quelqu'un qui aurait traversé à toute va-
peur un pays de plaine, coupé de canaux,
peuplé d'usines, ne respirant qu'agriculture
et industrie, calme comme s'il était à moitié
vide, et regorgeant en réalité d'une population
laborieuse, paisible, souvent en train de vider
avec l'imperturbabilité du juste son hanap de
bière aux proportions formidables ; un pays
où la vie des rues est peu compatible avec le
climat et encore moins avec les mœurs, où sur
le pavé on ne se presse d'habitude que pour
se chamailler un peu, deux ou trois fois par
an, à propos de députés ou de bourgmestres ;
celui-là croirait avoir vu, et les apparences ne
lui donneraient pas tort, le pays le moins
Pittoresque du monde. Mais si, au lieu du
n°m officiel, de ce nom récent de Belgique,

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : çj FRANCS.

ÉTRANGER : 12 FR.

tiré des Commentaires de J ules César et des
protocoles de 1831, mon voyageur affairé eût
seulement entendu retentir à son oreille les
noms magiques de Flandre et de Brabant,
ces noms-là auraient suffi pour évoquer à ses
yeux un pays de peintres par excellence. Tant
il est vrai que les institutions et les traditions
■— et pourquoi ne dirions-nous pas franche-
ment : la volonté et le génie de l'homme ?—
surpassent en puissance les préparations même
de la nature.

C'est en Flandre qu'on vit fleurir jadis cette
petite cour des ducs de Bourgogne, la seule
peut-être dans le Nord, qui aimât, à la ma-
nière de nos seigneuries italiennes, les dehors
pompeux et les riches costumes, les hermines,
les velours, les brocarts, les chefs-d'œuvre
des maîtres argentiers et des orfèvres. C'est
en Flandre qu'on vit fleurir ces villes de la
ligue anséatique, si habiles en tout genre
d'industrie, qu'il n'y eut luxueuse envie de
leurs seigneurs qu'elles n'aient été à même de
satisfaire; si libres, par rapport à ce que les
temps pouvaient permettre, que le Duc ne
déclarait pas la guerre sans avoir obtenu leur
assentiment préalable, et qu'une fois qu'il se
passa de le demander, elles le laissèrent tout
bonnement sans hommes et sans argent. Il
n'y a donc pas à s'étonner qu'au milieu d'un
tel peuple et sous de tels princes ait pu naître
et se développer cette floraison magnifique,
qui s'appela l'école de Bruges.

Quant au Brabant, ce fut surtout la téna-
cité des caractères qui parvint à y remporter
les plus belles victoires. Anvers, en effet,
après avoir eu au quinzième siècle un forge-
ron qui voulut être peintre, Quentin Metzys,
eut au dix-septième siècle un peintre à qui il
prit fantaisie d'être tout, littérateur, gentil-
homme magnifique, ambassadeur, négocia-
teur de traités de paix et d'alliance : Pierre
Paul Rubens. 11 est vrai qu'en passant de
Rubens et de Van Dyck aux Teniers, et de
ceux-ci aux paysagistes, aux peintres de nature
morte et de fleurs, l'on descendit sans cesse,
jusqu'à ce que l'on arrivât à l'anémie des pre-
mières années de ce siècle ; mais la trame ne
cassa jamais, la vie couva toujours ; et on en
revint à une santé excellente dès qu'on s'avisa
de revenir aux grands et aux beaux souvenirs
de la patrie.

Je me rappelle encore l'honnête envie avec
laquelle, tout jeune encore, et en compagnie

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

a s'-nicolas (beigiq.ue).

de deux de mes compatriotes devenus par la
suite de véritables maîtres, je visitais le Palais
de Justice de Bruxelles et j'y contemplai deux
immenses toiles de MM. Galbait et de Biefve,
qui ne dataient alors que d'une dizaine d'an-
nées. L'une, Y Abdication de Charles V, était
plus forte au point de vue technique, l'autre,
la Convention de Neerlande, présentait plus
d'attrait au point de vue patriotique. Elles
étaient en quelque sorte le sceau de la liberté
reconquise,la reprise de cette noble tradition,
grâce à laquelle dans les Flandres l'art n'a
jamais fait qu'un avec le pays. Car là-bas,
quoique la tradition de la vie publique ne
remonte pas aussi loin que chez nous, elle
s'est montrée plus constante et plus active à
demander à l'art la consécration des fastes
civiques ; elle a toujours tenu à les enregis-
trer par les œuvres du pinceau dans ces
grandes archives de l'histoire nationale, qu'on
appelle les Hôtels de Ville.

Cela sonnera peut-être importunément à
quelques oreilles, mais ce n'est nullement une
raison pour la taire. Dès les premières années
du seizième siècle, Van der Weyde avait peint
pour cette même ville de Bruxelles la Justice
rendue par Trajan à la veuve, et la légende
locale d'Archimbault, tuant de sa main son
neveu qui venait de faire violence à une jeune
fille du peuple. Louvain avait commandé à
Stuerbout les deux grands tableaux où se
déroule l'épisode attribué à l'empereur Othon,
faisant mettre à mort un officier calomnié
par l'impératrice, et, une fois la calomnie
découverte, condamnant à mort l'impératrice
elle-même; Bruges, enfin, dans le. Jugement
dernier de Porbus le vieux, avait synthétisé
tout ce qui peut avoir trait à la justice. A
Bruxelles, du reste, de simples marchands
de poissons avaient fait peindre par Crayer
la Pêche miraculeuse ; à Anvers, des char-
pentiers avaient demandé à Metsys son Christ
au tombeau, et des arquebusiers avaient
commandé à Rubens sa fameuse Descente de
croix.

Une fois revenus par la pensée et par les
aspirations aux beaux temps des libertés mu-
nicipales, rien n'était plus naturel que d'y
revenir aussi par le style. Comme cela arrive
toujours, l'homme que l'heure demandait ne
se fit pas attendre : ce fut M. Leys. Contraint
dans son jeune âge d'imiter les bonshommes
des Ostade, à qui il aurait plus volontiers
 
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