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N° 3.

15 Février 1881.

Vingt-troisième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET. paraissant deux fois par mois. ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

membre de l'academie roy. de belgique, etc. PRIX PAR AN : BELGIQUE : Cj FRANCS. a s'-nicolas (belgique).

étranger : 12 fr, _

SOMMAIRE. Belgique :Avis. — L'art moderne en
Norwège. — Lectures publiques. — Un tableau
de Rembrandt.— Livrets de musées. — Les aqua-
fortistes anversois.—Autriche : Société devienne
pour la propagation des œuvres d'art. — France:
Correspondance particulière : Une histoire illus-
trée de St-Martin. — Chronique générale. —
Cabinet de la curiosité. — Annonces.

Beujtq'

uc.

AVIS.

Nous avons l'honneur d'informer nos nou-
veaux abonnés que nous avons encore à leur
disposition quelques exemplaires de uos cinq
derniers AIbums au prix ordinaire (petite édi-
tion : 3 fr. oO c, grande édition sur chine ou
hollande 24 francs).

Nous avons en dépôt actuellement, pour la
vente, deux collections complètes des vingt-
deux volumes du Journal des Beaux Arts avec
la collection des Primes et des Albums, soit
ensemble 109 gravures d'une extrême rareté.
Ces deux exemplaires sont en bon état.Cet avis
concerne spécialement les administrations des
bibliothèques publiques, qui, dans le temps,
nous ont écrit à ce sujet.

L'ART MODERNE EN NORWÈGE.
NOTICES BIOGRAPHIQUES

sur les principaux peintres et sculpteurs.

(Suite).

V.

Jacob Jacobs, notre très regretté collègue
a l'Académie royale des Beaux-Arts d'Anvers
(1812 f 1879) est le premier peintre flamand
de mérite, qui ait emprunté des sujets de
paysage à la nature boréale. Il avait peint
tour à tour la vallée du Nil, Karnak et le
temple « Hypètre » de l'île de Philœ ; mais,
1 artiste enthousiasmé du soleil africain chan-
geant en rouge brasier les sables onduleux
du désert, voulut connaître encore les fines
nuances prismatiques de la lumière polaire
Réalisant les capricieuses dentelures des
fjords et des skjcergards. Le pinceau délibéré
qui traça la Caravane fuyant devant le Si-
moun s'assouplit pour fixer sur la toile la
brise fraîche sur la côte Finlandaise. Les
vues d'Orient de Jacob Jacobs ont pu pêcher
Parfois par un manque de naïveté et une in-
justifiable négligence du ton vrai local; par

contre, ses paysages norwégiens et suédois
conquirent tous les suffrages par la robus-
tesse même de leur loyal réalisme. Nous es-
timons que le Sarpfos (1) près de l'embou-
chure du Glommen (2) vaste toile du musée
royal de Bruxelles peinte en i855, classe le
maître anversois et suffit pour donner la me-
sure de son incontestable talent comme pein-
tre de marines et de paysages. Personne
n'aura lieu de s'étonner du virement des pré-
dilections de Jacob Jacobs arrivé à la matu-
rité de l'âge et à la plénitude du talent, etc.

Si l'on veut se rappeler quels admirables
sites pour un paysagiste garde l'imcomparable
ne signale-t-elle pas, l'oréogrâphie norwé-
gienne : Les Alpes de Romsdal contemplés
de la Vallée de Rauma ; Vile de Magero,
la plus septentrionale de l'Europe, qui pro-
jette dans l'océan glacial arctique deux caps,
encaissant un fjord aussi étroit que le Ma-
gerosund qui la sépare du continent. Le
plus oriental de ces promontoires est le fa-
meux Nordcap qui, de 3oo mètres, se préci-
piteverticalement dansla mer qu'il surplombe
de sa 3masse granitique, présentant sur le
flanc « la corne, » rocher détaché et pointu,
à mi hauteur du promontoire. Le cap occi-
dental le Knivskjœrodde, un peu plus au
nord dans l'Océan glacial, ne frappe cepen-
dant pas autant d'imagination que l'altier
Nordcap. Eclairé par la lumière polaire, le

(1) La chute la plus puissante de la Norwège sous
le rapport de la masse d'eau et aussi la plus rappro-
chée de la mer est le Sarpfos formée par le fleuve
Glommen non loin de son embouchure. L'écoulement
de la masse d'eau varie de 100 à 150 mètres cubes par
seconde pendant l'hiver; de 2000 a 3000 mètres cubes
par seconde au moment de la crue. Ce chiffre se voit
parfois dépassé, il atteignit 4000 mètres cubes l'année
où feu notre collègue peignit le Sarpfos. La moyenne
de l'écoulement peut être évaluée à 800 mètres cubes
par seconde. La hauteur perpendiculaire de la chute
est de 21 mètres.

(2) Le Glommen est le plus grand fleuve de la pé-
ninsule Scandinave à moins qu'on ne compte parmi les
fleuves le cours d'eau continu de Klaraelv, de Venern
et de Gûtaelv en Suède. Le Glommen a 567 kilomètres
de long et un bassin de 40,400 kilomètres carrés, son
affluent le plus important est le Vormen qui sort du
lac Mjosen. Le lit du Glommen, dans sa partie méri-
dionale après sa sortie du lac Oieren, n'est séparé de
Christianiafjord que par les montagnes basses de
Folio et par des croupes peu élevées à travers la par-
tie ouest de la Préfecture de Smalenene. Les beautés
naturelles des bords du Glommen surtout vers les
deux bras de son embouchure dépassent toute des-
cription.

Magerosund fournit un spectacle splendide
dont il est impossible de jamais oublier l'im-
pression étonnante.

Et puis quelle prodigieuse variété de
thèmes et d'aspects présente la nature nor-
wégienne à l'inspiration des paysagistes.
C'est, d'abord, le plateau des Hardanger-
vidde avec ses troupeaux errants de rennes
sauvages : En suite, les Horningfjelde et le
Norangerfjord (bras du Jorundfjord) avec
ses grands névés et ses montagnes de mouet-
tes, de marcareux et de pingouins ; cimes
pyramidales, escarpées, appelées Njrker dont
les habitants se comptent par millions.

Quand parfois ces oiseaux quittent leurs
nids en essaims innombrables, les Nyker
paraissent enveloppées d'un noir nuage ou
voilées sous des crêpes funèbres. C'est un
spectacle imposant d'ailleurs : de loin, on
semble entendre le bourdonnement des ruches
d'abeilles ; de près ce sont des mugissements
pareils aux rafales d'une violente tempête.

Comme contraste on peut se reporter au
silencieux Plateau du Finmark, pays plat
dans le baillage de Varanger, qui garde pour
les rêveurs initiés les mélancoliques rives de
cette limpide Patsjokka qui traverse le terri-
toire norwégien pour aller se jeter au sud
dans le Bogfjord (bras du Varangerfjord) et
forme l'écoulement du grand lac Enare dans
la Laponie Russe. Le caractère montagneux
de la Norwège fait que les rivières y forment
de nombreux sauts, chutes d'eau et cataractes
dont plusieurs se distinguent par leur puis-
sance ; celle de Rjukan (Vertfjord en Tele-
mark) est bien connue des touristes et a été
cent fois interprétée par les disciples de Gude
et de Tidemand. Jacob Jacobs, avons nous
dit, a peint en 1855 le Sarpfoss, célèbre cata-
racte formée par le Glommen; en 1857 il
envoya à l'exposition de Bruxelles la Chute
du Gotaëlf à Trollhàtta (Suède) qui est restée
l'un de ses meilleurs ouvrages. Cette chûte
célèbre entre toutes celles de la Suède : bien
que divisée en plusieurs sauts elle vaut la
classique cascade du Rhin à Schaffouse. Par
le volume de ses eaux la grande rivière Go-
taëlf rivalise pleinement avec les fleuves du
Norrland. Les cataractes de Trollhàtta ont
33 mètres de hauteur totale, leur chûte re-
présente une force de 225,000 chevaux. Tout
le monde va voir la chûte du Rhin à Schaf-
fouse, cependant de Gothembourg à Troll-
 
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