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N° 8.

30 Avril 1881.

Vingt-troisième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

MEMBRE de l'aCADÉMIE ROY. de BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Belgique : Les Beaux-Arts en Suède.

— Bibliographie. — France : Corr. part. : Les
maîtres et les petits maîtres. — Amérique : Cor-
respondance particulière de New-York. — Alle-
magne : Correspondance particulière de Berlin.
—Chronique générale.— Cabinet de la curiosité.

— Dictionnaire des peintres. — Annonces.

Belgique.

LES BEAUX-ARTS EN SUÈDE
A L'ÉPOQUE MODERNE.

Peinture, sculpture, dessin, architecture,
gravure.
(Suite).
III.

Vers le milieu du XVIIIe siècle, dans toute
l'Europe, survint une réaction contre la mi-
gnardise et le maniérisme dont les Beaux-
Arts s'étaient petit à petit imprégnés à satu-
ration. L'opposition prit d'abord la forme de
« l'Idylle nature » de Gessner en contraste avec
« l'Idylle enrubannée » de Florian. Mais ces
pastiches des antiques pastorales deThéocrite
et de Virgile changèrent bientôt le culte de la
simple réalité champêtre en un élan passionné
pour la rusticité classique. Si l'on ôta résolu-
ment aux bergères les « poufs » Watteau, ce ne
fut que pour leur ajuster la tunique de Chloé,
les bergers ne furent dépouillés du « hoque-
ton » de soie que pour revêtir la nébride de
Daphnis.

Les jardins français de Le Nôtre, les
« Parterres de compartiment sablé » de La
Quintinie firent place aux types des jardins
anglais tracés par le peintre Kent ou l'archi-
tecte Chambers, lequel rapporta ces idées de
la Chine. L'on créa dans Versailles, à côté du
splendide palais italien du Roi soleil, le pit-
toresque et champêtre hameau du Petit Tria-
non où la reine Marie-Antoinette avait, pour
comble de couleur locale, installé en nature
des familles de villageois.

L'émotion des découvertes d'Herculanum
Stables et Pompéia, les villes campaniennes
englouties par le Vésuve en Fan 57 avait ap-
porté une lumière incomparable pour l'étude
de l'antiquité ; ce fut aussi en Suède le signal
d une seconde renaissance gréco-romaine plus
exclusive et plus étroite que la première née
au siècle de Léon X.

Le plus célèbre en même temps que le plus

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.

ÉTRANGER : 12 FR.

spirituel représentant de la « Période classi-
que » fut le sculpteur Jean-Tobie Sergel. La
valeur de cet artiste et son importance dans
l'histoire de la statuaire sont parfaitement
résumés en ces mots, empreints d'un mélan-
colique orgueil, extraits d'une de ses lettres
adressées à son élève chéri Bystrôm que nous
reproduisons avec la naïve rédaction fran-
çaise, d'un Suédois peu familier avec cette
langue : a Mais le seul dont je me sais gré,
c'est d'avoir été le premier jeune statuaire
qui a osé uniquement suivre la nature dans
le principe des anciens. »

Né à Stockholm en 1740, Sergel reçut sa
première éducation artistique du sculpteur
lrançais Pierre-Hubert L'Archevecque (mort
en 1778) (1), homme de la vieille école, et vint
à Rome à l'âge de vingt-sept ans (2). Il s'y
forma cette conviction, comme il le dit dans
son auto-biographie « qu'il ne fallait suivre
d'autre maître que les antiques et la nature.»
Toute sa vie Sergel resta conséquent avec ce
principe. Son séjour prolongé dans sa loin-
taine patrie (où il fut rappelé en 1778 par
Gustave III) l'empêcha d'obtenir la consécra-
tion artistique universelle qui lui était peut-
être réservée, et paralysa jusqu'à un certain
point sa puissance créatrice.Quoiqu'il en soit,
quand l'artiste mourut en 1814, le prosély-
tisme des formes classiques qu'il avait inau-
gurées ne se restreignit pas à la seule sculp-
ture; il passa dans le domaine de la peinture,
mais n'y rencontra pas des adeptes compara-
bles à sa virtuosité artistique. Le plus recom-
mandable des continuateurs de Sergel, fut
Louis Masreliez (3) (1747-1810). Cette école
se maintint dans une vie toujours plus lan-
guissante, pendant le premier quart de ce
siècle.

(1) Pierre l'Archevecque a travaillé longtemps en
Suède; il était encore renommé comme pastelliste. La
galerie nationale de Stockholm (XIV) possède un grand
pastel signé de cet artiste : Suzanne et les deux vieil-
lards. Les figures de grandeur naturelle sont arrêtées
aux genoux.

(2) Dix ans après la naissance de Canova trente ans
avant Thorwaldsen.

(3) Le musée national de Stockholm (tableaux ac-
quis depuis 1867) renferme deux productions de ce
peintre; d'abord une toile historique : Priant récla-
mant aux pieds d'Achille le corps d'Hector. (Compo-
sition de 7 fig. Toile. H. 1,69 L. 2,35). N° 1051.
Ensuite un paysage (Etoffé de deux pyramides). Toile.
H. 0,93. L. 0,65. N° 1224. Le catalogue au n° 1051
donne par erreur la date de 1819 comme étant celle
de la mort de ce peintre.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).

On constate, à peu près simultanément les
traces d'une influence anglaise, chez Charles
Frédéric von Breda (1759-1818), élève de sir
Joshua Reynolds (1) et surtout chez le paysa-
giste Elias Martin(i73o-i8i8), dont le Musée
de Stockholm possède six paysages et le por-
trait du peintre lui même, ébauche exécutée
sur papier.

Un phénomène tout particulier nous est
fourni à cette période par un peintre « auto-
didacte » artiste fécond et éminent coloriste,
le paysan Per (Pierre), Hôrberg. La Galerie
nationale suédoise possède de ce peintre
original douze toiles historiques de petite
dimension (o,32 de haut sur 0,46 de large),
représentant des sujets tirés du Nouveau
Testament ; une toile plus importante dont
le sujet représente l'Onction royale de Saiil
par le prophète Samuel; enfin, deux tableau-
tins de genre, inspirés de l'intérieur rusti-
que des chaumières du Smâland (2).

(1) Le musée de Stockholm possède trois portraits
de van Breda. 1° Portrait à mi-corps du père de l'ar-
tiste, vêtu d'une pelisse verte et coiffé d'une perruque
« à marteaux ». Première manière du peintre.

2° Portrait jusqu'aux genoux du même personnage
coiffé d'un bonnet à larges bords et tenant une canne
à la main. Seconde manière de l'artiste.

30 Portrait en buste du comte de Môrner, évêque
luthérien suédois.

(2) Nous ne pouvons nous empêcher de consigner
ici à propos de ce paysan peintre, une anecdote sur un
peintre flamand, ignoré, dont l'existence nous fut
révélée par une conversation que nous eûmes; il y a
longtemps déjà, avec un ancien membre du Congrès
national, feu M. J. H. Thienpont, à Audenarde. L'une
des chambres de son habitation était entièrement dé-
corée de paysages étoffés au premier plan de figures
d'une certaine dimension, offrant des sites connus des
environs (principalement Leupeghem, Edelaere et
Maercke), et des groupes dont chaque personnage
semblait une personnalité prise d'après nature. Au pre-
mier abord, nous avions cru avoir sous les yeux des
interprétations assez réussies des scènes connues de
David Teniers et d'Adrien van Ostade. Nous apprîmes,
non sans étonnement, que ces jpanneaux décoratifs
étaient les productions originales d'un artiste local,
lequel, dans certaines parties se révélait comme un
coloriste des mieux doués. Voici au sujet de ce peintre,
prématurément décidé, ce que me conta feu M. Thien-
pont, récit que me confirma ensuite M. le docteur
Thienpont, son fils, qui fut de longues années secré-
taire de la Chambre des représentants.

Un vacher de Maercke-Keckhem, nommé Thomas
Blaton, avait montré, en couvrant des œufs de Pâques,
de compositions originales coloriées par des moyens
primitifs, des dispositions si extraordinaires pour les
arts du dessin que la ville d'Audenarde finit par s'in-
téresser à l'auteur de ces charmantes fantaisies.
 
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