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N° 19.

15 Octobre 1881.

Vingt-troisième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

MEMBRE DE l'aCADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Belgique : Concours de gravure. —
Lettres sur le Salon de Bruxelles — Peintres et
panoramistes. — Allemagne : Lettre de Colo-
gne sur la collection Pickert. — Exposition d'art
chrétien à Bonn. — Chronique générale. — An-
nonces.

Belcjiqtie.

CONCOURS DE GRAVURE POUR 1881.

Eaux-fortes reçues :

N° i.

Le maréchal ferrant.

N° 2.

Le marchand de chevaux.

N° 3.

Les cuirassiers.

N° 4.

Fleurs des prés.

N° 5.

Vue du Steen, à Anvers.

N° 6.

Le matin. Avec la devise : FAC ET

SPERA.



N° 7.

Vue prise en Ecosse.

N° 8.

Une rue à Kreglingen.

N° 9.

Mort de 7. Van Artevelde.

N° 10

La Djyle à Malines (Effet de soir).

N° 11

. Château de Dry Toren, de David

Teniers



N° 12

Un vieux coin à Courtrai.

Les pièces envoye'es ne réunissant pas un
ensemble suffisant pour constituer les élé-
ments d'un concours régulier, nous nous
voyons obligé de déclarer ce concours non
avenu. Les auteurs voudront bien nous
faire connaître les adresses auxquelles nous
avons à renvoyer les cuivres. Nous les préve-
nons que nous avons cru, devoir conserver
dans nos archives un des deux exemplaires
réglementaires qui nous ont été envoyés.
Nous avons adopté cette mesure afin de jus-
tifier, en cas de réclamations éventuelles, la
résolution que nous avons prise. Du reste,
les auteurs pourront se représenter aux nou-
veaux concours que nous allons ouvrir et qui
vont être établis sur des bases plus larges.

Notre prochain n° contiendra le nouveau
programme de ces concours.

LETTRES
SUR LE SALON DE BRUXELLES.

(Quatrième et dernière lettre.)

Nos grands journaux ont une manie fâ-
cheuse que je ne saurais trop critiquer. (S'il
est encore permis de s'exprimer ainsi). C'est
de bâcler leurs comptes-rendus de Salon avec
Une hâte incroyable. On dirait un concours
de vitesse. Il arrive ceci ; c'est que d'abord

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : o FRANCS

ÉTRANGER : 12 FR.

voyant mal ce que l'on voit si vite on doit
immanquablement faire de mauvaise be-
sogne; ensuite il n'est nullement convenable
dans l'intérêt des artistes surtout et du pu-
blic, d'expédier avec tant de désinvolture une
besogne qu'après tout il faudrait savoir priser
plus haut. Rien ne presse; on a deux mois
pour examiner et voir à son aise ; il semble
aux pontifes de la critique qu'ils n'ont que
deux jours. M'est avis qu'un peu plus de res-
pect pour tout le monde ne gâterait rien. De
plus, on a pu voir à quels inconvénients
entraîne la précipitation avec laquelle pro-
noncent et décident certaines plumes que je
veux croire parfaitement intentionnées, mais
que leur trop grande jeunesse entraîne plus
loin qu'elles ne voudraient. J'ai encore une
raison à faire valoir, c'est que quand les criti-
ques ont fini il semble au public que tout
est fini.Tous les intérêts seraient bien mieux
servis si l'on faisait sa besogne de façon à
tenir le monde en haleine.

Puisque je suis en train de gronder je vais
profiter de l'occasion pour protester à mon
tour contre la manie de certains critiques
qui ne voient dans l'analyse des portraits,
par exemple, qu'une occasion de dresser des
sortes de réquisitoires saugrenus et incon-
venants contre les modèles. Il doit être
permis à un routinier comme le père Ger-
vais de faire comprendre à qui de droit que
c'est là une façon de procéder qui n'est plus
de la critique mais de l'inconvenance au
premier chef. Si de pareilles mœurs ne se
hâtent pas de sortir du domaine de la criti-
que, je n'hésite pas à déclarer que l'art en
souffrira considérablement de plus d'une
façon et que les journaux coupables pour-
raient avoir à s'en repentir de la manière la
plus sensible ; cette réflexion m'est venue à
propos de trois journaux importants qui se
sont permis cette incartade.

Ceci grommelé, je retourne au paysage et
me retrouve devant un Soleil levant en Cam-
pine d'Asselbergs bien peint quoique lourd.
Je me considère comme étant en droit de
prémunir cet excellent peintre contre une
tendance à l'allourdissement que je remar-
que en lui. Roffiaen me semble acquérir
une pratique plus nourrie, une technique
plus grasse. D'autres pourront attaquer
ses profils anguleux sans réfléchir que le
brave artiste reproduit ce qu'il voit et comme
il lui plaît de voir. J'ai vu pour ma part
un assez grand nombre de sites reproduits
par le peintre. Je déclare qu'il est difficile
de rendre plus exactement la nature et
l'atmosphère de ces sites, mais il y a des
grincheux partout qui ne se gênent pas pour
demander qu'une vue de Suisse ressemble à
un carrefour de Barbizon et ainsi de suite,et
quand ils vous ont pris quelqu'un en grippe
c'est une persécution qui tourne à la balan-

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).

çoire. Heureusement ce jeu enfantin ne fait
de tort qu'à celui qui le manie. Quinaux
moins précis, plus décoratif et praticien ha-
bile, a vu cette Ibis ci avec plus de fran-
chise que d'ordinaire.

M1'115 Beernaert qui se plaît aux frondaisons
touffues (Où je voudrais voir de temps en
temps quelque percée lumineuse à l'horizon
a exposé deux vues prises à Dombourg. Je
préfère la Mare à l'intérieur de bois. Il y a
dans la Mare une sensation de vérité et un
aspect de nature calme et grand que l'on
pénètre après un petit temps d'examen. C'est
le propre de ce talent masculin malgré tout,
de se faire aimer non de prime-abord, mais
après quelques moments d'intimité passés en
compagnie de son œuvre. Que de résultats
contraires obtiennent certains paysagistes
modernes doués de talents incontestables,
mais dont l'œuvre irrite la vue après le
premier moment d'enthousiasme épanché en
leur honneur ! Je vise ici très directement
Chabry dont la Vieille forêt de Buch faite
avec un talent de virtuose accompli, ne résiste
en aucune façon à l'examen ; trop de quali-
tés, peut-être, dont il a fait montre sans né-
cessité et dont l'étalage fatigue. Rappelons-
nous Boulanger dont on aimait les paysages
à la folie à force de les regarder; et aussi
l'inégal Louis Dubois qui dans quelques-uns
de ses paysages, longtemps vus tt caressés,
nous faisaient pleurer.

Coosemans, dans sa Journée de Mai, a
donné à sa manière nouvelle une tournure
que je prise beaucoup. C'est léger, c'est gra-
cieux, c'est frais, c'est lumineux, c'est Mai
tout entier. Je ne suis pas fâché de voir cet
excellent artiste sortir un peu de ces motifs
difficiles où la science prenait le pas sur la
poésie comme dans le Chemin de la mare au
diable. J'ai toujours pensé, même quand
j'assistais aux scènes un peu tumultueuses de
la nature, qu'il valait mieux pour un artiste
empoigner le côté doux et charmant de la
vie du ciel et de la terre. Je ne connais guère
que Turner et Calame qui se soient consa-
crés tout entier à rendre la nature en proie
à la fureur des éléments, tandis que le nom-
bre des peintres-poètes de l'idylle des gazons
et des broussailles est innombrable et aug-
mente tous les jours sans user le sujet le
moins du monde. Je dois aussi citer M.
Tscharner qui se mélancolise en se battant
les flancs, mais enfin qui est poète à ses
heures. Je lui voudrais plus de simplicité
réelle; il vise trop à en avoir.

Van der Hecht est en grands progrès ;
Courtens marque cette année avec ses Bords
de [Escaut ; Meyers n'a pas une coloration
bien locale; Mauve a l'autorité du talent et
s'impose malgré une tonalité un peu attris-
tée et des paysages d'un choix qui semble
indiquer peu d'enthousiasme pour la nature;
 
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