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— 98 —

par une presse, essaye sur la pierre tendre, I
les maîtres de la glyptique l'ont su faire
autrefois sur la pierre dure. Mais, outre le
mérite du travail, ces patients «lithoglyphes »
ont dû produire sans aucun secours méca-
nique chaque exemplaire de leurs œuvres.

Ce furent néanmoins des maîtres féconds.
Les pierres gravées que nous a léguées l'an-
tiquité sont presque innombrables. Précieux
privilège de la glyptique. Non-seulement
elle a reproduit et propagé les chefs-d'œu-
vre de la sculpture ancienne ; elle devait lui
permettre de se survivre.

La pierre gravée a été comme le denier
d'or qui passe de main en main, inaperçu du
conquérant. Elle est le diamant que le cher-
cheur retrouve dans les ruines au lendemain
de l'incendie. Elle est l'épave de l'art antique
épave inaltérée que le temps n'a pas atteinte.

Il y a trois siècles, Jean Goujon sculptait
sur la terre de France ses Nymphes immor-
telles. C'est à la pierre de liais qu'il deman-
dait leurs profils délicats ; or, les reliefs de
notre sculpteur s'effritent. L'épiderme des
déesses fluviales s'est gercé. Encore un peu,
et les chefs-d'œuvres de notre art national
sous la Renaissance.auront perdu tout mo-
delé.

Et voilà plus de deux mille ans que Glycon
gravait, dans une île lointaine, sur une sar-
donyx, le Triomphe cFAmphitrite. Cependant
on dirait tracée de la veille cette scène my-
thologique. Le taureau marin qui porte
l'épouse de Neptune, le Génie ailé qui tient
les rênes, l'Amour planant dans les airs,
armé d'un fouet, qui semble presser la
marche, les enfants posés sur la croupe du
monstre, tous les personnages de ce drame
sont parvenus intacts jusqu'à nous. Ici, pas
de relief appauvri et dénudé. Il semble que
le pur soleil de la Grèce ait constamment
baigné de sa chaude lumière le camée de
Glycon. Les méplats, les saillies n'ont rien
perdu de leurs nuances. On serait tenté de
croire que ce joyau sort de la cella du temple
de Neptune, à Corinthe, où sans doute l'ar-
tiste l'avait offert.

V.

Quelle est donc cette merveille?

De quelle sorte est l'argile de ce maître
d'ceuvre, le graveur en pierres fines? Com-
ment se nomment son marbre et sa pierre,
plus durables cent fois que le marbre ou la
pierre d'un Praxitèle et d'un Jean Goujon?

VI.

Sa pierre s'appelle le diamant. Limpide
comme l'atmosphère de l'Attique, le diamant
qu'aucun minéral ne peut entamer rebuta
longtemps la patience des artistes. C'est au
quinzième siècle de notre ère que Louis Ber-
quen découvrit à Bruges l'art de tailler cette
gemme. De la poudre de diamant fut son
outil. Chose curieuse, rebelle à tout contact
étranger, c'est en lui-même que le diamant

porte la substance qui permet de l'assouplir
et de le graver.

Le saphir vient ensuite. Il a presque la
dureté du diamant. Imprégnée d'azur comme
le ciel de l'Asie, cette gemme porte aussi le
nom de pierre orientale. La nature l'a-t-elle
trempé dans un bain de pourpre, le saphir
prend le nom de rubis.

Éclatante et radieuse, telle est l'émeraude.
Verte, elle resplendit avec un écl?.t qui ne
saurait atteindre la plus riche végétation.
Pline nous apprend que la force radiante de
l'émeraude pénètre l'air et lui prête sa cou-
leur. Elle donne à l'eau dont on la recouvre
sa teinte d'herbe vive. La lumière du jour,
celle d'un flambeau, l'ombre nocturne, rien
n'altère la vivacité de ses rayons. De toutes
les pierreries, ajoute Pline, l'émeraude est
la seule dont l'œil se repaisse sans se lasser
jamais. Soli gemmarum contuilu oculos im-
plent, nec satiant (Pline : Hist. nat. livre
XXXVII, XVI. 2).

L'aigue-marine, au vert nuancé de bleu, a
été gravée par les anciens. Evodus, artiste
grec du premier siècle, a signé le portrait de
Julie, fille de Titus, que possède notre Cabi-
net des antiques (n° 2089). Vous connaissez
comme moi cette intaille. Le front diadémé,
la chevelure bouclée de la nièce deDomitien,
le collier, les pendants d'oreilles et par-des-
sus tout le caractère passionné de l'œil et
des lèvres sont présents à votre esprit.
etoaoh ehoiei, «Evodus l'a faite ! » Ces mots
si simples ressemblent à un cri de triomphe;
c'est le défi du maître jeté à travers les siè-
cles et que les siècles n'ont pas relevé.

La topaze fut également l'une des pierres
préférées des graveurs. On dirait une larme
du soleil ou de l'or fluide. Sa teinte chaude
et joyeuse parle d'ivresse; aussi est-ce une
topaze que l'artiste grec a choisie pour re-
présenter Bacchus, tenant le thyrse et le
canthare près de l'autel où vont accourir
tout à l'heure les Thyades et les Bassarides,
folles prêtressesdesDyonysies.(Cab.n0lG26).

L'hyacinthe a été fréquemment gravée.
Mélange de rouge et de janne, l'hyacinthe
est semblable au miel de l'Hymette lorsqu'il
a plu du sang sur les sommets, après les
luttes d'aigles chantées par le poète.

C'est encore la figure de Bacchus que les
Grecs aimaient à graver dans l'améthyste.
On sculpta des coupes avec cette pierre que
l'on supposait capable d'écarter l'ivresse.
De là, son nom. Nous possédons la tête d'un
homme chauve, vu de profil, gravé en in-
taille sur une améthyste de la plus haute
valeur, signée Dioscoride. Le Régent, et
après lui Visconti, ont voulu voir dans ce
travail l'image de Mécène. Qu'importe, si
c'est un chef-d'œuvre?

La pourpre d'or du grenat syrien, adoucie
par la teinte violette de l'améthyste orien-
tale; le rouge sanguin du grenat de Bohême
ont fait rechercher ces deux pierres dans

l'antiquité. Gravées en intailles, les Grecs
avaient coutume de les porter en anneaux.
(A suivre). H.*Jooin.

L'ORPHELINAT DES ARTS A PARIS.

La première réunion annuelle des dames
artistes formant la Société de l'Orphelinat des
arts a eu lieu récemment.

La grande sympathie qui a accueilli cette
œuvre dès sa création ne fait qu'augmenter,
grâce au zèle, au dévouement intelligent et
continuel des artistes.

Les résultats obtenus sont déjà considéra-
bles ; les recettes réalisées et celles espérées
promettent un avenir des plus brillants à cette
œuvre de charité.

Mme Marie Laurent, la présidente, qui donne
en chaque occasion l'exemple du dévouement,
a lu un rapport constatant les résultats obtenus
en moins d'un an.

D'après ce rapport l'œuvre compte 52 socié-
taires perpétuels, 242 fondateurs et 607
souscripteurs.

La maison de la rue de Vanves, 69, est
actuellement entièrement occupée par vingt-
trois enfants qui, la plupart, ont été sauvés
de la plus profonde de la plus navrante misère.

De quatre à dix-huit ans, les pensionnaires
appartiennent à l'œuvre qui, pourvu qu'elles
soient sans ressources, orphelines et filles
d'artistes, les reçoit sans distinction de culte
ni d'état-civil, les entretient, les élève et les
instruit.

Les cours sont laits gratuitement par des
professeurs habiles qui ont tenu à honneur
d'apporter leur concours.

La recette de cette première année a atteint
près de 80,000 francs; les dépenses, excep-
tionnellement nombreuses à cause des instal-
lations, à 36,000 francs.

Un titre de rente de 600 francs a déjà été
acquis et il reste en caisse 24,500 francs.

Le rapport, en rendant hommage au zèle
des dames du comité, constate également le
chaleureux concours des artistes, l'intelligente
initiative de Mme Krauss, présidente de la
commission des fêles, les services rendus par
les directeurs des théâtres.

Des donateurs nombreux, parmi lesquels
le président du conseil, le ministre de l'inté-
rieur, M. Léon Say, le duc d'Aumale,
Mme Erard, M. Gustave Doré, M. Legouvé, la
Société des gens de lettres, la Société des
auteurs, la Société des agents de change,
M. Sabatier, etc., ont envoyé des sommes
d'argent et des dons en nature.

Le rapport de Mme Marie Laurent, dont la
lecture a été souvent interrompue par des
applaudissements, se termine ainsi ;

« Ce précieux courant de sympathies, ces
encouragements, ces secours puissants, qui
nous ont adouci les premiers labeurs, les
difficultés du début, nous rendent confiantes
dans l'avenir. Ils nous ont assurées de la
bonne volonté de tous et nous promettent une
 
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