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— 108 —

Je n'aurais pas pleuré, souffert, douté peut-être...
J'aurais vécu tranquille entre mes quatre murs.

J'aurais été prier le dimanche à l'église
Avec ma jeune femme et mes jeunes enfants,
Et sur mon seuil, l'été, dans les soirs étouffants,
J'aurais béni le chaud soleil qui fertilise.

Comme un simple fermier au corps souple et nerveux
J'aurais fait chaque jour ma tâche coutumière,
Et, vieux,je serais mort calme dans ma chaumière,
Ayant le cœur tout blanc ainsi que mes cheveux !

Eniin, l'automne naissant vagit ses pre-
mières bises. La digue est déserte. Le poète
s'en retourne. La Béatrice de son paradis
s'est comme évanouie dans les belles lu-
mières de l'été. Il pleure l'amour mort :

Quand les vierges d'Egypte étaient mortes phtisiques,
On conservait leur corps imprégnés de parfum,
Et j'ai de même, aux sons de funèbres musiques,
Embaumé ta mémoire, ô mon amour défunt !

J'ai tissé chaque'vers comme une bandelette
Pour te garder intact et pour t'éterniser ;
Pauvre amour ! Dors en paix dans ta blanche toilette ;
Reçois mes derniers pleurs et mon dernier baiser.

Le poète s'en va seul ; et, comme si sur
la grève, où il a aimé, il se sentait encore
tout près du passé, il s'éloigne lentement;
derrière lui, abandonnée aussi, la mer san-
glote.

Tel est ce livre, concentrant la vie artifi-
cielle et intense qu'on respire là bas, sur la
plage. La mer élégante conquiert définitive-
ment à Georges Rodenbach le titre de poète
exquis. Dans chaque pièce les beaux vers
fulgurent coup sur coup comme des éclairs;—
et sans cesse, d'un bout du volume à l'autre,
un trait vif, brillant scintille dans cette
poésie délicate comme une goutte de lu-
mière dans un œil de femme.

Emile Van Arenbergh.

LE MAITRE DE LIESBORN

ou

GEERT VAN LON.

Un maître jusqu'à présent inconnu et
qui est considéré comme le chef de l'école
Westphalienne, auteur de nombreux travaux
exécutés notamment pour l'abbaye des Bé-
nédictins de Liesborn, près de Munster,
vient d'être réintégré dans son véritable
nom. Le maître de Liesborn s'appelait Geert
van Lon. C'est M. Nordhoff qui dans la
Gazette des Beaux-Arts de Leipzig fait part
de cette importante trouvaille.

Nous reviendrons plus au long sur cet
intéressant sujet.

UN TABLEAU DE GRIFF.
D'après le Dr Ch. Kramm (1864) il existait,
au musée de Gand, sous le n° 31, un tableau
très intéressant représentant du Gibier mort,
par Adrien Criff. Le livret du dit musée, par
Sunaert (1870), n'en dit mot pas plus que le
livret de 1861.

Pourrait-on nous dire ce que ce tableau est
devenu ?

CONSCIENGE'S FEEST.

Nous extrayons d'une lettre que nous en-
voie d'Anvers notre collaborateur l'architecte
Schoy, des renseignements intéressants au
sujet de la grande manifestation qui s'apprête
en l'honneur d'Henri Conscience.

... «M. Lambert Van Ryswyck, l'habile
ciseleur-orfèvre anversois, met actuellement
la dernière main à un cartel commémoratif
de style flamand. Ce cartel, d'une grande
richesse, sert d'encadrement au buste de notre
romancier ; l'exécution de ce buste fait hon-
neur au talent de M. Frans Deckers, ancien
prix de Rome, tant sous le rapport du fini que
de la ressemblance. Ces qualités ont déjà valu
au statuaire les vives félicitations de son mo-
dèle qui posait une dernière fois mardi der
nier. Le cartouche, traité dans le style de
Corneille Floris et de Hans Vredeman De
Vries, a été modelé par M. Van Dievoet.

» Le cartouche et le buste sont ciselés en
argent.

... «M. Edward Du Jardin, professeur à
l'Académie d'Anvers, camarade de jeunesse
de Conscience, dont il grava sur pierre les
planches qui illustrèrent le premier roman,
— et continua ce labeur amical jusqu'au cen-
tième — reproduit en ce moment, en souve-
nir de la fête, une composition qu'il fit il y
a trente ans. Cette gravure qui sera vivement
disputée des amateurs, montre Conscience
assis au foyer rustique d'une famille de tra-
vailleurs agricoles campinois et écoutant les
aventures du baas, récit qui servit de thème
au roman si dramatiquement réaliste : De
loteling. »

BIBLIOGRAPHIE.

LE NOUVEL OPÉRA
par Ch. Garnier 2 vol. in-8° Paris
Bûcher et Cie.

M. Garnier est enfin arrivé au terme de
son intéressant travail. Il nous a quitté, non
sans espoir de retour ; sa première dépêche
qui clôture le volume, nous informe que le
voyage est commencé sous d'heureux aus^
pices; espérons qu'il se continuera de même.
En attendant, feuilletons le livre qu'il nous a
laissé. — Voici d'abord une intéressante et
instructive notice sur la machinerie théâ-
trale. Le second chapitre traite du devis et
des dépenses ; l'auteur s'y défend avec beau-
coups d'énergie et une certaine humour
contre les accusations de prodigalité qui lui
ont été lancées et montre — pièces en
main — que sa constante préoccupation a
toujours été l'économie. Parmi ces preuves
figure le rapport de juin de 1866, c'est une
discussion serrée de mesures prises, des
préférences données au mode constructif,
au choix des matériaux, etc. Il y a dans ce
chapitre bien des pages que les architectes
consulteront avec fruit pour la solution
d'une foule de questions journalières. Il en
est de même pour le service de l'éclairage,
de la ventilation, de la distribution d'eau. —
Fidèle à son allure libre, l'auteur commen-
çant à apercevoir le terme de son travail,
l'ait le relevé des sujets qu'il se proposait
de traiter, sujets qu'il supprime pour la plu-
part ou effleure parce qu'il ne leur reconnaît

plus une importance suffisante. Il arrive
ainsi — et il semble en être tout heureux
— à terminer le volume par le tableau des
œuvres d'art de l'opéra, emprunté à Neuter,
tableau dans lequel l'auteur passe en revue
toutes les œuvres d'art, quels que soient
leur genre et leur importance : sujet, exécu-
tion, dimension, courte description, auteur,
tous les renseignements que peut demander
l'amateur, l'historien ou le simple curieux
s'y trouvent notés. Inutile d'insister sur le
prix de tous ces renseignements ou de nous
appesantir sur l'intérêt qu'ils présentent.

Enfin M. Garnier reprend la plume pour
faire ses adieux au lecteur ; de là une nou-
velle causerie toujours charmante, spiri-
tuelle, pétillante et primesautière, genre
auquel l'auteur nous a accoutumés et qu'il a
eu l'art de prolonger pendant deux volumes
sans jamais friser la monotonie ou faire
naitre l'ennui.

Quoi qu'en pense M. Garnier, ceux qui
ont quelque sympathie pour l'opéra — et je
pense qu'il sont nombreux, — reliront sou-
vent pour rafraîchir leurs souvenirs, l'un ou
l'autre chapitre ; ceux qui voudraient retirer
quelque fruit de la visite du monument
liront et reliront M. Garnier ; les gens du
métier viendront souvent lui demander des
renseignements pratiques. L'auteur peut
donc être tranquille, son livre ne sera pas
relégué dans un coin perdu; on le placera de
façon à n'avoir qu'à étendre la main pour le
rouvrir.

E. J. D.

©vrcmcnie générale.

— Fondation Godecharle. Bourses au profit
d'artistes. — La commission des fondations de
bourses d'études du Brabant rappelle aux intéressés
que trois bourses de 4,000 francs chacune sont à
conférer « à des artistes statuaires, peintres d'his-
toire et architecte, qui, lors de l'exposition des
beaux-arts à Bruxelles, auront justifié, par la pro-
duction d'une statue, d'un tableau ou d'une œuvre
architecturale qu'ils sont doués d'une aptitude re-
marquable. » Ces bourses sont allouées pour un
terme de trois ans, afin de permettre aux titulaires
de perfectionner leur éducation artistique en visi-
tant les grands établissements à l'étranger.

Pour plus de détails, voir les arrêtés royaux des
12 novembre 1878 et 17 janvier 1881, spéciaux à
la fondation Godecharle, ainsi que l'arrêté ministé-
tériel du 16 mai 1881, portant règlement de l'ex-
position générale des beaux-arts.

Les artistes belges et âgés de moins de 25 ans,
qui désireront obtenir la jouissance d'une de ces
bourses, enverront leur requête à la commission
des fondations de bourses d'études du Brabant,
hôtel provincial, rue du Chêne, à Bruxelles, dans
les quinze premiers jours de l'ouverture de l'expo-
sition. Ils y joindront leur acte de naissance, un
certificat de moralité et l'engagement dont il est
parlé sous les nos 1° et 2° de l'article 5 de l'arrêté
royal du 17 janvier 1881.

Bruxelles, le 14 juillet 1881.

Le Secrétaire, Le Président,

Barbiaux. G. de Longé.

— Exposition de Sydney. — Médailles. —
Peinture. Médaille d'or de lre classe. — MM. De
Pratere, Mellery et Seeldrayers. — Médaille de
2me classe. — MM. Bellis, Félix Cogen, Portaels
et Tschaggeny. — Médaille de 3« classe. — MM.
Bossuet, Carabain, De Schampheleer, Th. Gérard,
Heyermans, Soubre et Van Seben. — Médaille de
4me classe. — L. Robbe. — Médaille de 5me classe.
— MIle Euph. Beernaert, MM. Cériez, Farasyn et
Keelhof. — Sculpture et bronze. Deuxième mé-
daille. — M. Laumans. — Médaille de 3ma classe.
«— MM. Comeyn, Brunin, Cattier, Wiener, Lud-
 
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