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On a mis au jour dans les fouilles de 1879
et 1882, un grand nombre de ces monuments
honoraires, si grand qu'on a peine à com-
prendre comment ils trouvaient place dans un
espace aussi restreint; d'autant qu'à ces monu-
ments venaient s'ajouler d'autres constructions
encore, fontaines ou hémicycles, dont plu-
sieurs ont été découvertes en 1879 en face du
temple de Romulus et de la basilique de
Constantin.

Les fouilles de 1882 en ont fait connaître
plusieurs autres dont on a retrouvé les inscrip-
tions dédicatoires : les plus anciennes appar-
tiennent au me siècle et au règne de Septime-
Sévère, les dernières rappellent les luttes
suprêmes du ve siècle et le temps même de la
chute de l'empire.

Ainsi limitée entre des édifices encore sub-
sistants et des monuments dont on fixe aisé-
ment l'emplacement, la Voie Sacrée semble
facile à préciser.

Pourtant les archéologues discutent avec
acharnement sur la direction qu'elle suivait;
chacun a son système et combat âprement
celui des autres. Sans exposer ici ces opinions
différentes, auxquelles les fouilles de 1879 et
1882 ont apporté la preuve ou le démenti des
faits, nous devons signaler le système de
M. Jordan, le savant auteur de travaux conscien-
cieux sur la topographie de Rome : il estime que
la Voie Sacrée n'a point toujours passé par
les mêmes endroits et que la construction de
nouveaux édifices a pu, à différentes époques,
en modifier la direction. Les fouilles de 1882
ont donné à cette opinion une vérification
éclatante.

A l'Epoque Impériale, la Voie Sacrée après
avoir passé sous l'Arc de Titus, tournait brus-
quement à droite, pour gagner le pied de la
Basilique de Constantin ; là elle s'infléchissait
à gauche et,après avoir longé la Basilique et le
Temple de Romulus, elle passait, avec une
largeur de douze à vingt trois mètres à côté
du Temple d'Antonin et pénétrait dans le Fo-
rum proprement dit, où, par un nouvel angle
droit, elle gagnait le temple de Castor et
Pollux.

A l'Epoque Républicaine, elle suivait une
autre direction, dont on a retrouvé les traces
évidentes. Sur une ligue diagonale, allant de
l'angle sud-ouest du Temple de Romulus à
l'angle sud-est du Temple de Castor, faisant
avec la ligne du tracé impérial un angle de
vingt-trois degrés; des fragments de pavés
antiques ont été découverts. Parallèlement à
cette direction, au milieu même de construc-
tions de l'Epoque Impériale, des soubasse-
ments d'édifices transparaissent, orientés
suivant la même oblique ; par l'appareil de
leur construction, ils appartiennent sans nul
doute à l'Epoque Républicaine. Ainsi, avant
l'Empire, au lieu de faire cette série d'angles
droits dont nous avons parlé, la Voie Sacrée
gravissait la pente de la Velia (î) par une

(i) Le Palatin et l'Esquiliu sont réunis p;ir une

ligne oblique. Après la chute de l'Empire,
quand les monuments déjà ruinés laissaient
le champ libre à de nouveaux remaniements,
on revint au tracé de l'Epoque Républicaine,
plus direct et plus facile : parmi les pavés
antiques, on trouve en effet mainte trace des
réparations faites au vie et au vne siècles.
A quel moment le tracé Impérial remplaça-t-
il le chemin primitif? On ne saurait le dire.
Mais ce fait montre clairement combien dès
l'antiquité même, tout ce quartier a été fré-
quement bouleversé.

Los Césars, bons ou mauvais, ayant tous,
avant toute autre, la manie de bâtir tenaient
à laisser dans la Région la plus fréquentée de
Rome des monuments qui gardassent leur
nom ; — en maint endroit on trouve plusieurs
pavages superposés — c'est pour celà que le
Forum et ses environs ont si souvent changé
d'aspect.

II.

A la hauteur du Temple d'Antonin et de
Faustine, la Voie Sacrée entrait dans le Forum
en passant sous l'Arc de Fabius. Ce monument
de l'Epoque Républicaine, élevé à la fin du
iie siècle avant l'ère chrétienne par Q. Fabius
Maximus, vainqueur des Arvernes et des
Allobroges, subsistait encore,en grande partie,
à ce qu'il semble, vers le milieu du xvie siècle.
Il subit alors le sort commun des autres édi-
fices de cette région, et il disparut même
d'une façon si complète qu'on n'en a point
retrouvé pierre sur pierre. On n'en a mis au
jour que des fragments épars. dispersés sur
une surface de quatre cents mètres carrés,
mais dont le rapprochement a fait voir qu'ils
appartenaient à un même monument de gran-
deur médiocre et d'une simplicité primitive.

Quoique aucun de ces fragments n'ait été
retrouvé à sa place originelle, quoiqu'on n'ait
pu découvrir aucun vestige des fondations du
monument, on ne peut douter que ce ne
soient là les restes de l'Arc de Fabius. Au xve
et au xvie siècles, les agents des fouilles ne
respectaient pas les fondations des édifices
plus que le reste, si quelque chose y semblait
bon à prendre : en certains points de la Basi-
lica Julia on a enlevé les pierres des fonda-
tions jusqu'à une profondeur de trois mètres.
Il ne laut donc point s'étonner que l'Arc de
Fabius ait disparu.

Celui d'Auguste, qui lui faisait face, a eu le
même sort. En l'année 725, après la victoire
d'Actiuin, le Sénat avait décidé qu'un Arc de
triomphe serait construit au Forum en l'hon-
neur du vainqueur. On voit ce monument
représenté sur quelques médailles de l'Em-
pereur, dans les beaux bas-reliefs du triomphe
de Marc-Aurèle conservés au Musée Capitolin
et dans l'un des bas-reliefs anaglyphes, trouvés
au Forum même auprès de la colonne de

croupe désignée dans l'antiquité sous le nom de
Velia, dont le point culminant est marqué par l'Arc
de Titus. (Note de M. Schoy).

Phocas et qui ont une si grande valeur sous
le rapport de la topographie du Forum (i).

C'est le seul souvenir qui en reste aujour-
d'hui. Les fouilles de 1882 ont déblayé le
terrain où il s'élevait assurément sans retrou-
ver la moindre trace de cet édifice, victime,
lui aussi, des dévastations du xive siècle.

III.

Entre la Voie Sacrée et la rue qui borde
les Jardins Farnèse, les recherches ont donné
des résultats plus heureux : là du moins on a
trouvé les ruines de quelques édifices, et là
encore on a pu constater les profonds boule-
versements dont nous parlions plus haut, et
la continuelle superposition des constructions
de l'Epoque Impériale aux antiques édifices
de la Rome républicaine.

De tout temps, le Quartier de la Voie Sacrée
avait été l'un des plus commerçants de la ville;
entre la route et la pente du Palatin s'élevaient
les tabernœ (boutiques) (î) de nombreux négo-
ciants. A côté des marchands de fruits ou de
divers comestibles, des industries de luxe,
orfèvres, bijoutiers, etc. s'étaient établies ; on

(i) Ces deux bas-reliefs désignés sous le nom d'ana-
glyphes parce qu'ils sont ouvragés sur les deux faces,
insérés dans une tour du moyen-âge, ont été décou-
verts en 1872. La présence des Rostres, du Ficus
ruminalis (le figuier sacré sous lequel aurait couché
la louve), de la statue de Marsyas, dans chacun de ces
bas-reliefs, montre que l'action se passe sur le Forum
de la République. Le premier, du côté du Capitole,
rappelle la fondation de Trajan en faveur des enfants
(alimenta) : à droite, l'empereur ayant devant lui
l'Italie qui tient un enfant par la main et un autre sur
le bras, tandis que Trajan donne une tessara (jeton) à
l'enfant; à gauche, un magistrat avec des licteurs,
proclamant l'édit de fondation du haut des Rostres.
Le second bas-relief représente l'empereur faisant
grâce au peuple du reste des impôts stfr les héritages
en brûlant les registres qui les concernaient. Sur les
côtés à l'intérieur : un sanglier,un bélier et un taureau,
animaux qu'on immolait dans le sacrifice de purifica-
tion appelé « suovetaurilia. »

(N. de M. Schoy).

(1) Le nom de Tabernœ (Cic, Varo, Suet, Juv.) avait
été donné aux boutiques pour la vente au détail parce
que, dans l'ancienne Rome, les boutiques étaient
presque toutes des échoppes faisant saillie devant les
maisons auxquelles elles s'appuyaient, ou établies
sous les colonnades qui entouraient les marchés.
Tacite (Ann. XV, 38) atteste l'existence de Tabernœ
au Grand cirque de Rome, et bien des fragments du
plan antique du Capitole nous les montrent précédées
d'un portique couvert contournant la façade, d'ailleurs
les divers auteurs parlent fréquemment des industries
de tout genre qui s'y exerçaient. Dans la suite, quand
la richesse et le commerce s'accrurent, le rez-de-
chaussée de rangées entières de maisons et même de
certains palais fut converti en boutiques comme celà
se voit encore dans nos rues et on loua séparément
ces boutiques à des commerçants. — Une gravure de
Hollar représentant l'intérieur du Palais de Bruxelles
au xvii0 siècle montre toute une série d'échoppes in-
stallées dans la cour d'honneur. — Dans la plupart
des cas la boutique n'avait pas de communication
avec le reste de l'habitation, le marchand, comme à
Londres et à Anvers, ne l'occupant que pendant la
journée comme comptoir pour la vente et ayant ail-
leurs son logement. On a cependant découvert à
Pompéî quelques maisons ayant assez d'apparence
et où la boutique a par derrière une entrée qui
 
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