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81 Août 1883. Vingt-cinquième Annee.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET.

membre de l'académie roy. de belgique, etc.

-- — —

SOMMAIRE : Beaux-Arts. — Dictionnaire des
peintres. —■ Album 1880-1882. — l'architecto
Ferstel. — Médailles en l'honneur de Sandrart.

— Circulaire. Exposition à Munich, — Ypriana
par Alph. Van den Peerebooin. — Collection
Carlo Morbio à Munich.—Fondation Godecharle.

— Caisse centrale des artistes belges. — Chro-
nique générale. —. Cabinet de la curiosité. —
Annonces.

Beaux-Arts.

DICTIONNAIRE DES PEINTRES.

Nous avons l'honneur d'informer les sous-
cripteurs au Dictionnaire des Peintres que
les deux dernières livraisons (6 et 7) seront
distribuées en même temps dans le courant
du présent trimestre.

Elles se composent, comme nous l'avons
dit, de la fin du Dictionnaire, du Supplément,
de la Table chronologique, méthodique et al-
phabétique des noms compris dans l'ou-
vrage; de l'histoire abrégé de la peinture chez
tous les peuples; de Vintroduction, des titres,
faux-titres et des 103 gravures d'après les
chefs-d'œuvre des maîtres.

Ainsi que nous l'avons annoncé, par suite
de la rareté des exemplaires, le prix de l'ou-
vrage entier pour les nouveaux souscripteurs,
est porté à 80 francs. Toute souscription à
6 exemplaires donne droit à une remise de
33 °/0.

ALBUM 1880-1882
du Journal des Beaux-Arts.

Notre neuvième album sera distribué
dans le courant du trimestre.

LARCHITECTE FERSTEL.

L'inexorable mort qui semble se plaire,
cette année, à choisir ses victimes parmi les
Plus grands artistes de tous les pays, vient de
nous enlever presque subitement le baron
Henri de Ferstel, le créateur de l'église vo-
tive de Vienne, du Musée autrichien, de la
nouvelle Université et de tant d'autres mer-
veilles architecturales.

Une pneumonie aiguë est venue l'arracher,
peine âgé de ooans, à ses glorieux travaux et
sa perte sera vivement ressentie de tous les
«ttnis de l'art, bien au-delà des frontières de

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.

ÉTRANGER : 12 FR.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).

son pays natal. Pour Vienne, en particulier,
dont l'existence artistique a été si rudement
éprouvée dans ces derniers temps, cette perte
est presque irréparable.

Ce qui excite nos regrets, devant cette
tombe à peine fermée, ce n'est pas seule-
ment le beau génie créateur qui y est descendu
et cette brillante série de monuments que
nous lui devons, c'est l'homme tout entier,
dans sa noble personnalité, avec les richesses
et l'harmonie de ses facultés. Ferstel était une
de ces natures, devenues bien rares de nos
jours, dont l'être tout entier, pensées et sen-
timents, appartient à l'art auquel ils ont voué
leur existence. Il était architecte au sens de
ces grands anciens , qui ne voyaient pas dans
l'art de bâtir une sorte de case réservée, non
pas même la construction quelque peu enno-
blie, mais bien cet Art des Arts, embrassant
tout l'ensembre de l'existence humaine et y
répandant les bienfaits de l'Ordre, de la Me-
sure et du Beau.

Celte vocation, à la fois si élevée et si phi-
lanthropique, que s'était donné Ferstel, on
peut en suivre le rayonnement à travers sa
vie toute entière : c'était comme le phare
qui le guidait; c'est à la réalisation de ces
nobles aspirations que nous le verrons em-
ployer sans relâche les rares qualités qui le
distinguaient.

31 a maintenu l'unité de son plan et tou-
jours marché vers son but à travers l'infinie
variété des degrés qu'il lui a fallu parcourir,
depuis les commencements de Vienne mo-
derne, alors que le problème de la simple
construction privée occupait les esprits, jus-
qu'à nos jours, auxquels incombe la tâche de
terminer ce qui avait été commencé alors, en
donnant à l'ensemble le cachet grandiose
convenant au développement progressif d'une
ville universelle.

Ainsi, comme il voulait que la construction
privée eût son cachet particulier, idée qu'il a
réalisée à merveille en formant le charmant
quartier des cottages, de même il voulait aussi
que l'ensemble de la ville réveillât l'unité
d'organisation, que tous les membres de ce
colosse ne s'étalassent pas en tous sens, au
hasard, mais fussent ramenés et contenus
dans les limites tracées par l'hygiène et l'u
tilité publique sans oublier les règles de

l'esthétique.

La dernière création à laquelle le regretté

défunt prit une part active, je veux parler du
nouveau parc sur l'emplacement de la « Redoute
des Turcs » nous révèle encore celte constante
préoccupation : « Voulez-vous, disait-il, célé-
brer dignement l'anniversaire de la délivrance
de Vienne du joug des Turcs ? eh bien, trans-
formez cette plaine inculte d'où l'épée de vos
pères a chassé le cimeterre musulman, en une
nouvelle promenade ombreuse et pittoresque ;
du fond de ses riantes allées nos enfants
jetteront des regards d'orgueil sur leur belle
et chère cité natale ! »

Il n'est pas étonnant que les grands traits
caractéristiques, qui nous frappent chez
l'homme, se retrouvent, à un degré éminçât,
chez l'architecte. La hauteur et la liberté
de sa conception se reflètent dans toute son
œuvre. Fortement nourri des traditions du
moyen-âge qu'il étudiait sans cesse, ses dé-
buts, patronnés par Kranner, furent empreints
d'un sérieux et d'une sévérité qui fut certaine-
ment une source de bénédictions pour sa
carrière future. Un peu plus tard, cependant,
il suit la pente du siècle pour les beautés de
la renaissance : Il passe d'Erwin à Bramante !
Le génie de ce dernier se reflète dans la su-
perbe ordonnance de la cour de la nouvelle
Université de Vienne. Il choisit ce même
nom : « Bramante » comme devise pour le
beau projet du Parlement de Berlin, auquel
il concourut. Ce projet, qui 11e fut pas admis
au concours, parce qu'il en dépassait de
beaucoup les limites, n'en trouva pas moins
d'ardents admirateurs dans les cercles les plus
élevés de la capitale de l'Allemagne du Nord.

Tous ceux, qui ont été en rapport avec la
vie artistique de Vienne, ont pu apprécier
l'activité universelle de Ferstel, son influence
prépondérante dans toutes les questions rela-
tives aux arts, ainsi que le nombre de ses amis
et de ses disciples; il jouissait d'une rare
popularité dont ses obsèques solennelles ont
fourni les preuves les plus touchantes. La
ville deVienne unanimement voulut offrir à son
grand citoyen ce dernier hommage de respect
et d'admiration en entourant de toute la pompe
possible l'inhumation du maître dans le monu-
ment même créé par son génie : l'église votive.

Ce gigantesque mausolée est digne de lui,
tout y parle de lui, tout y porte ses traces,
depuis la voûte élancée jusqu'aux moindres
mosaïques du pavement, tout y reflète l'esprit
de celui qui n'est plus, mais qui vivra long-
 
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