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N° 24.

31 Décembre 1883.

Vingt-cinquième Annee.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTERATURE.

DIRECTEUR: M Ad. SIRET.

membre de l'academie roy. de belgique, etc.

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : q FRANCS.

étranger : 12 fr.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

a sfc-nicolas (belgique).

SOMMAIRE : Beaux-Arts : Société centrale d'ar-
chitecture. — La vie antique. — Supplément au
dictionnaire des peintres. — Littérature : Let-
tres d'Octave Pirmez. — La cruche cassée de
de Kleist. — Chronique générale. ■— Table des
matières. — Dictionnaire des peintres (Ecole
flamande).—Cabinet de la curiosité. — Annonces.

Beaux-Arts.

SOCIÉTÉ CENTRALE D'ARCHITECTURE.

Cette société qui déploie un zèle et une
activité infatigables, organise un pétitionnè-
rent auprès de la législature pour obtenir la
création d'une école spéciale d'architecture
et l'institution d'un diplôme d'architecte. Elle
désirerait aussi que le Code civil définisse
d'une façon exacte les responsabilités incom-
bant à l'architecte et à l'entrepreneur.

Ces vœux nous paraissent légitimes. Il faut
se rendre compte de ce qui se passe par exem-
ple dans les petites villes, pour comprendre
combien la Société d'architecture est dans le
vrai quand elle réclame l'institution du di-
plôme d'architecte. Que de fois n'avons-uous
pas vu des bâtiments s'écrouler, simplement
parce qu'ils avaient été élevés par d'ignares
constructeurs se faisant passer pour archi-
tecte. II convient de donner au public la mcme
garantie qu'on lui donne quand on jette dans
la circulation un médecin, un avocat ou un
vétérinaire. On ne comprend guères que cela
ne soit pas fait depuis longtemps dans un
pays qui se montre si chatouilleux à propos
d'enseignement et d'instruction

Une école spéciale d'architecture obvierait
tout naturellement à l'abus signalé. Quant
au programme dont la société élabore le pro-
jet, il est sans doute susceptible de modifia-
tions, mais il nous semble compris avec tous
les besoins que la situation comporte.

En ce qui concerne l'introduction dans le
Code civil d'une définition de responsabilités,
c'est là un point qui nous paraît pouvoir être
traité et vidé par les tribunaux comme il l'a
déjà été bien des fois. D'ordinaire ce genre
de difficultés entraîne avec lui un monde de
détails qui échappent à une codification régu-
lière et ce n'est point celle-ci, dans le cas où
elle serait admise, qui empêcherait les con-
testations de naître et les procès d'aller leur
train.

11 serait vraiment bien à désirer que nos

législateurs s'occupassent de questions de
cette nature ainsi que de tant d'autres con-
cernant les arts qui sont chez nous dans un
marasme et une anarchie effrayants. Certes,
la politique a des droits, mais, en conscience,
elle en abuse et c'est bien maladroit à elle
de ne point venir en aide à ceux qui r'agitent
pour maintenir au moins la patrie dans la
sphère des intérêts intellectuels puisqu'il est
reconnu que tout concourt à l'en arracher.

LA VIE ANTIQUE.

Ainsi c'est à l'heure où s'ouvre l'année
1884, à l'heure où nous comptons un pas de
plus vers la vie nouvelle que des hommes
de labeur nous arrêtent pour nous entretenir
de la vie antique. Et telle est la séduction
de ces trois mots « la vie antique » que nous
oublions le livre commencé, le plan de fête
ou de bataille qui nous occupait et nous
prêtons l'oreille.

Les archéologues sont des êtres fortunés,
j'entends les érudits, les critiques aux larges
vues, qui remontent sans hésitation et tout
d'une traite vingt à trente siècles, car il est
une race de furets, très empressés à se dire
archéologues parce qu'ils ont découvert un
tube d'étain ou une fiole gallo-romaine, si
même ils ne se déclarent satisfaits d'une
quittance de loyer laissée par Giotto, et, en
vérité, je n'ai cure de ces gens-là. Nous leur
faisons à l'heure actuelle beaucoup trop
d'honneur. Us sont, au demeurant, des va-
lets : ils nettoient le passé.

Les vrais archéologues, sérieusement
épris de la grande et belle antiquité, sont
des éducateurs. Ils instruisent en relevant
les ruines. Les peuples disparus sortent de
leur silence à l'appel de ces fiers esprits que
la poussière des monuments et les pierres
frustes ne peuvent décourager tant que les
mœurs anciennes, la politique, les lettres
ne nous sont pas rendues dans leur éclat
naturel.

Certes, je proclame fortunés ces amants
des siècles évanouis, parce que si distraites
que soient nos générations modernes, il se
trouve toujours parmi nous un public pour
applaudir au courage de ces initiateurs in-
trépides et patients; si préoccupés que nous
soyons des besoins de l'heure présente,
nous savons gré aux vrais archéologues de

déjouer les siècles dans leur œuvre de dé-
vastation renouvelée, de faire mentir le
poète qui a dit :

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de
Il coule, et nous passons ! [rive ;

La liste serait longue, de Winckelmann à
MM. Guhl et Koner, de ces écrivains in-
struits, à la fois historiens, philosophes et
artistes qui ont initié les modernes aux se-
crets de la vie à Athènes et à Rome. Ottfried
Miiller, Quatremère de Quiney, Raoul Ro-
chette, Longpérier, Chirac, Charles et Fran-
çois Lenormant, Beulé, MM. Dumont et
Chaplain, Perrot et Chipiez, Collignon et
maint autre se sont acquis depuis un demi-
siècle une juste renommée par leurs explo-
rations savantes à travers les monuments
d'art de l'antiquité. D'autres leur succéde-
ront et jouiront, à mérite égal, de la même
célébrité, parce que la gloire de l'archéo-
logue est faite de gratitude. Il est donc juste
que MM. Guhl et Koner recueillent aujour-
d'hui de la part du public français l'éloge
que leurs compatriotes leur ont de longue
date accordé.

En effet, la Vie Antique comptait en Alle-
magne quatre éditions, et personne en France
n'avait mis ce curieux manuel à la portée
de tout le monde. Heureusement un éditeur
éclairé, M. Rotschild,etun érudit polyglotte,
M. Trawinski, se sont un jour rencontrés.
L'un et l'autre connaissaient la valeur du
livre de Guhl et Koner. La traduction de
cet ouvrage fut résolue. Plus de cinq cents
vignettes, gravées avec soin d'après les
pièces originales ou de bonnes reproductions
furent préparées, et lorsque le livre français
n'attendait plus que sa mise sous presse,
M. Riemann, maître de conférences à l'École
Normale supérieure, fut chargé de le revoir
et de l'annoter, tandis que M. Albert Dumont,
membre de l'Institut, Directeur honoraire
des Écoles françaises d'Athènes et de Rome,
était invité à vouloir bien présenter lui-même
ce court Manuel dans lequel il était parlé de
ses anciennes patries d'adoption.

L'ouvrage estdevant nous.C'est un Manuel.
Conçu dans un ordre logique qui permet de le
comparer au Manuel d'Archéologie de Muller,
il a sur son devancier l'avantage d'être d'une
lecture plus aisée. Les notes, trop touffues
chez Muller sont rares chez Guhl et Koner.
 
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