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N° 10.

31 MAI 1883.

Vingt-cinquième Annee.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

membre de l'academie roy. de belgique, etc.

SOMMAIRE. Beadx-Arts : Les fouilles récentes
du Forum. — Deux livres d'art. — Pensée de
Pirmez. — Les sculpteurs belges au Salon de
Paris. — Chronique générale. —Annonces.

Beaux-Arts.

LES FOUILLES RÉCENTES

AU FORUM ROMAIN.

(Fin).

v.

En avant de la Tribune aux harangues,
entre la Colonne de Pliocas (!) et le Temple
de Saturne, en démolissant les fondations de
quelques constructions du moyen-âge qui
couvraient l'angle de la Basilique Julia, on a
fait, dans les derniers travaux, une impor-
tante découverte.

Deux inscriptions d'un intérêt considérable
ont été retrouvées. L'une contient la liste des
administrateurs de XJErarium (2) ou Trésor

(1) La Colonne de Pliocas, haute de dix-sept mètres
érigée én 608 par l'Exarque Smargados en l'honneur
de Phocas, empereur grec ; elle provient d'un édifice
plus ancien. Il y avait jadis au sommet une statue
dorée de Phocas. Byron la chanta en l'appelant «the
nameless column with a buried base ; » elle fut dé-
gagée en 1813 aux frais de la duchesse de Devonshire.

(Note de M. Schoy).

(2) Le local qui contenait le trésor public (JEra-
rium) prenait chez les Romains le même nom cVAira-
rium. L'archéon ( Ao^etov) des Grecs désigna d'abord
l'édifice affecté à l'exercice d'une magistrature. A
Athènes, par exemple, les Archontes, les Stratèges, les
Polètes, etc., avaient leurs Archeïa il en
était de même à Sparte pour les Ephores, les Nomo-
phylaques, etc.; à Mégalopolis; à Mégare; en Crête;
à Léontini en Sicile; à Thyatira en Lydie; à Jassus
en Carie, etc. Puis, par extension, on l'appliqua au
collège de Magistrats qui se réunissaient dans cet édi-
fice; ainsi le collège des Ephores est appelé par
Polybe to th» èyoprM àpyjîov.

A Athènes, les archives de l'État étaient dans le
Metroon ou temple de Cybèle (mère des dieux) ; à
Delphes le local des archives était appelé Zû'yaarpov.

Tout le monde sait que les actes des anciens étaient
principalement conservés dans les temples. Dans le
fameux temple de Zeus à Olympie, on voyait la célè-
bre stèle, sur laquelle était gravé le traité qui liait
pour cent ans Athènes, Elis, Argos et Mantinée. Sur
les murailles du temple d'Apollon à Delphes étaient
inscrits des décrets et des actes de toute espèce faits
en l'honneur et sous la protection du patron des ar-
chers et des poètes.

Ce fut dans un temple que fut établi, depuis l'ex-
pulsion des rois, l'jErarium romain. Le temple de
Saturne et d'Ops construit sur les pentes du mont

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.

étranger : 12 fr.

Public du Temple de Saturne pendant les
années XV à XX de l'ère chrétienne, et com-
plète une liste analogue déjà publiée dans le
Corpus Inscriptionum (VI, 1496); l'autre plus
longue est plus ancienne encore.

Titus Flavius Sabinus, frère de l'empereur
Vespasien, avait rendu de grands services à
l'Etat comme gouverneur de Moesie, commis-
saire du cens dans les Gaules, et enfin comme
préfet de la ville. Les fonctions importantes
qu'il avait remplies, et plus encore sans doute
son étroite parenté avec le souverain lui valu-
rent, lorsqu'il mourut, des honneurs excep-
tionnels : c'est le décret rendu à ce propos
par le Sénat qui vient d'être retrouvé.

Sur la proposition de l'empereur, le Sénat,
après avoir rappelé les grands services du
défunt, arrête que ses funérailles seront laites
aux frais du trésor public, et avec les hon-
neurs que l'on rend d'ordinaire à un ancien
censeur; que son buste sera placé dens la
salle des séances, et enfin qu'une statue lui
sera élevée au Forum d'Auguste. Funérailles
publiques, éloges officiels, monument commé-
moratif, rien ne manquait à la gloire du grand
homme. Voilà un épisode de la vie antique
qui rappelle bien des souvenirs d'Histoire
contemporaine.

Capitolin par Tullius Hostilius ou Tarquin le Superbe
et donnant sur le Forum, fut désigné pour cet usage
par Valerius Publicola. Le trésor, déposé dans les
souterrains du temple était ainsi protégé par le respect
que l'on portait au sanctuaire même, l'un des plus
vénérés de l'ancienne Rome. Il ne reste aujourd'hui
du Temple de Saturne que les six colonnes de la
façade et encore appartiennent-elles à la reconstruc-
tion qui fut faite sous Septime-Sévère. L'architecte
Canina en a tenté une restauration dans son magni-
fique travail sur le Forum. L'JErarium contenait
encore les archives du Sénat ; on y déposait en temps
de paix les enseignes et les étendards des légions.

Dans plusieurs temples encore existants on trouve
une ou plusieurs salles à la partie postérieure qui ont
pu servir d'JErarium. Tels sont les temples de Séli-
nunte (Sicile); celui de Jupiter à Pompéï, etc. Au
temple de Zeus à ^Ezani (Asie-Mineure) une grande
salle voûtée existe sous la Cella. Suivant Vitruve(Liv.
V. ch. 2), l'JErarium, les Prisons et la Curie devaient
être réunis sur le Forum et leur grandeur propor-
tionnée à son importance; V^Erarium pouvait être
une construction distincte. On a cru en trouver une
de ce genre parmi les trois édifices à peu près sem-
blables qui occupent le côté opposé du temple de
Jupiter dans le Forum de Pompéï. Ce qui est certain
c'est que d'après le témoignage de l'architecte Mazois
on y a recueilli une grande quantité d'or et d'argent.

(N. de M. Schoy).

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).

VI.

Une dernière trouvaille, celle-là tout à fait
inattendue, a été fait dans le terre-plein de
Santa-Maria Libératrice.

Tout le inonde a entendu parler du fameux
plan de Rome, dressé à l'époque de Septime
Sévère, et dont les fragments sont conservés
au Musée du Capilole (1).

Sous le pontificat de Pie IV (1559-1576)
Antonio Dosio en fit la découverte dans le
jardin du couvent des SS, Côme et Damien(2);
en 1867 et 1868 quelques autres morceaux
furent retrouvés au même endroit par Elfisio
Tocco. C'est près de là, en efièt, sur les mu-
railles du Templum sacrae Urbis, qu'était fixé
originairement le plan dont nous parlons.
Selon toute vraisemblance, il y resta attaché
jusqu'au vm° siècle de l'ère chrétienne : puis
les morceaux en furent dispersés. La plupart
demeurèrent enfouis sur les lieux mêmes;
quelques-uns servirent suivant l'usage de ma-
tériaux pour d'autres édifices.

Voilà comment on a retrouvé, assez loin de
son emplacement primitif (3) et engagé dans

(1) Aux murs de l'escalier qui conduit aux salles du
premier étage du musée ont été fixés dans différents
panneaux les fragments retrouvés de VIchonographia
(ixïoypayia) Urbis. Ces fragments ont été gravés dans
l'ouvrage de Bellori : Fragmenta vestigiarum veteris
Romœ, et dans celui de Jordan : Forma Urbis Romœ.
Ce document topographique de la plus haute impor-
tance, montre le grand art avec lequel les dessi-
nateurs anciens savaient marquer les formes d'une
construction, par un petit nombre de contours sim-
ples ; tel est, par exemple, le fragment présentant le
plan original du portique d'Octavie, lequel entourait
les temples de Jupiter et de Junon. Les lacunes des
cadres sont comblées par des dessins distingués par
des astériques. Le Capitolinus Mons, la plus petite
des collines de Rome, devint la plus célèbre par ses
souvenirs historiques; le capitole n'était d'abord que
la ramification méridionale du Quirinalis dont il était
séparé par YInter Mons, dépression considérablement
agrandie par les travaux de Trajan. Cette colline se
compose aujourd'hui de trois parties bien distinctes :
le mamelon nord-ouest (église d'Arca-Cœli) ; l'inter-
mont, (Place du Capitole) et le mamelon sud-est (Pa-
lais Caffarelli. C'est à l'endroit de la place (Arca
Capitolina) qui, selon la tradition Romulus, ouvrit un
asile aux aventuriers.

(N. de M. Schoy).

(2) L'église des SS. Cosma e Damiano a été élevée
par Félix IV (526-30) sur l'emplacement d'un ancien
temple en rotonde. Le mur antique derrière cette
église, dans lequel était le fameux plan de la ville,
faisait partie du Temple de la Paix de Vespasien.

(N. de M. Schoy).

(3) Le Temple de la Paix de Vespasien était à
 
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