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s'attendait pas et qui peut-être la sauvera.
Mais pour le moment dégageons notre
pensée de ces préoccupations et envoyons à
Camille Lemonnier une chaude et loyale
poignée de main en l'encourageant de toutes
nos forces à discipliner ces vaillants, pleins
de feu et de sang dont il est le chef. Lui
seul, avec sa troupe et avec son influence,
peut créer une prospérité littéraire magni-
fique au sein de la patrie qui lui en sera re-
connaissante à la façon des nations vraiment
libres.
AD. S.
ROLLINAT.
(A Paris on avait élevé ce poète sur un pié-
destal à grands renforts cle coup de grosse
caisse et ce, avant la publication des Névroses.
Le volume paru, le poète est tombé lourde-
ment. Voici comment M. Jean Devranches
explique sa chute dans le Polybiblion, livrai-
son de mai.)
Ne cherchez dans les Névroses ni Dieu, ni
l'âme, ni la patrie, ni la famille, rien de cé-
leste et rien d'humain. Entre autres choses...
divertissantes, vous entendrez le Soliloque de
Tropmcinn, le Rondeau du guillotiné, la Bal-
lade du cadavre, la Villanelle du ver de terre.
Vous ferez une visite à la Morgue; vous pour-
rez, si vous en avez la lugubre fantaisie, ap-
prendre à épingler un linceul ou à déclouer
une bière. Toutes les phases de la Putréfac-
tion, à loisir, vous pourrez les suivre et les
étudier. Mais, je pense que le spectacle d'une
agonie vous suffira, je cueille donc cette
strophe à votre intention :
L'agonisant croasse un lamento qui navre
Et quand les morts son clos dans leur coffre
[obsédant),
Le hoquet gargouilleur qu'ils ont en se vidant,
Filtre comme la plainte infecte du cadavre.
Quelle épithète vous vient aux lèvres, hon-
nête lecteur? — Immonde, n'est-ce pas? —
Quatre vers encore :
Mon crâne a constaté sa diminution-,
Et, RÉSIDU DE MORT qui S'ÉCAILLE et S'ÉMIETTF.,
J'en viens à regretter la putréfaction
Et le temps où le ver n'était pas à la diète...
Tout commentaire me semble inutile. 11
s'échappe de ce volume je ne sais quelles ex-
halaisons fétides, d'écœurantes senteurs, d'a-
bominables fumets, comme des bas-fonds
vaseux et purulents la maVaria. Sorle de
Petrus Borel, Baudelaire aux petits pieds,
l'auteur des Névroses n'a que des visions de
charogne, à moins qu'elles ne soient bestiales,
— Cf. La vache au taureau, — ou dépravées
jusqu'au sadisme : voyez tout le livre intitulé:
Luxures. Du moins, dans les Fleurs du mal,
ça et là, se trahissait la soif d'une pureté infi-
nie ; quelquefois on entendait des cris de dou^
leur et de troublants appels :
Ah! Seigneur, donnez-moi la force et le courage
De contempler mon corps et mon cœur sans
[dégoût !
Il est de Baudelaire encore ce coup d'aile :
Dans la brute assoupie un ange se réveille !
Ici, rien de semblable. M. Rollinat ne se
contente pas d'aiguiser l'alroce, de raffiner
l'horrible, il patauge dans le nauséabond. Il y
a dans le Ventre de Paris, roman que je n'ai
point lu, je le confesse, et qui sent, dit-on, la
marée et autre chose encore, comme ces
barques de pêcheurs quand elles rentrent au
port (Cf. Guy de Maupassant, Revue poli-
tique et littéraire, 18 mars 1883), il y a, dis-
je, une page célèbre et que l'on est convenu
d'appeler « la symphonie des fromages. » Les
fromages de M. Zola ont-ils frappé le pauvre
malade d'une névrose nouvelle?... Quoi qu'il
en soit, M. Rollinat a écrit la Belle Fromagère.
En voici quelques vers. Lectrices, prenez un
flacon de sel. Cela débute par une extase de-
vant « des beurres maladifs, des beurres d'un
rance capiteux, » dont je vous fais grâce :
Près de l'humble comptoir où dormaient les
[gros sous,
Les Gérômès vautrés comme des hommes saouls
Coulaient sur leur clayon de paille,
Mais si nauséabonds, si pourris, si hideux,
Que les mouches battaient des ailes autour d'eux
Sans jamais y faire ripaille.
Or, elle {ta Belle Fromagère) respirait à son
[aise, au milieu
De cette âcre atmosphère où le Roquefort bleu
Suintait près du Chester exsangue ;
Dans cet ignoble amas de caillés purulents.
Ravie, elle enfonçait ses beaux petits doigts
[blancs,
Qu'elle essuyait d'un coup de langue...
Et toutes les fanfares de la presse boule-
vardière ont acclamé l'auteur des Névroses
comme un écrivain de génie! Un écrivain de
génie, pourquoi ? Serait-ce parce que le soleil,
pour M. Rollinat, n'est pas autre chose que
«le couvreur de pourriture» et que dans ses
chauds et salubres rayons le névropathe n'a
vu qu' «une grande friture?» Tout est ba-
roque dans ces vers étranges. Le vent « bouffe »
sur l'herbe; la mousse «éponge» les larmes
du saule; le grillon « râcle » sa ritournelle.
Quand tombe la pluie ou la rosée, vous croyez
peut-être qne le liseron ouvre san calice; non,
«il tend son petit bol » L'hiver «cravache»
les rocs d'écume et il les «giflle » de vase. Les
arbres sont «cravatés » de serpents et la cou-
leuvre «bibe» le lait des plantes. Lorsque
«le couvreur de pourriture» s'est couché,
vous dites : le soir tombe ou la nuit approche;
M. Rollinat a créé cette métaphore : « La nuit
lait son tricot! » Devinez cet autre logogriphe :
Adorables falots, mystiques et funèbres,
Zébrant d'éclairs divins la poix de mes ténèbres!
11 s'agit de vos yeux, aimables lectrices, de
vos yeux que le poète appelle ailleurs :
Zéphyrs bleus charriant les parfums de vos
[coeurs.
Maintenant que nous en avons fini avec ce
mauvais livre où rien n'est respecté, ni la mort
ni l'amour, où la langue est violentée comme
la morale, où toutes les pervenches sont des
colchiques, toutes les mouches des cantha-
rides, où tous les rêves sont des cauchemars,
tout plaisir une volupté, chaque souffrance un
delirium tremens, tout breuvage un poison,
ne serait-ce pas le cas de nous écrier avec
Volière :
Et je m'en vais au ciel avec de l'ambroisie
M'en débarbouiller tout à fait.
Beaux-Arts.
EXPOSITIONS
ATELIER PORTAELS — PESTE DE TOURNAI.
Aquarellistes et aquafortistes.
Cher Directeur,
C'est avec la franchise et la rudesse ordi-
naires aux Ardennais que je vous dirai mon
étonnement d'avoir rencontré parmi les élèves
de Portaels de vieilles culottes de peau que
j'ai vu user les bancs de l'Académie. Je pour-
rais vous eu citer un certain nombre qui après j
les études réglementaires (et ce sont les meil-
leurs) sont venus recevoir chez le maître ce !
qu'on appelle vulgairement, et ce qui est par-
faitement en situation, le coup de brosse. Que
ce maître ait pesé d'une manière ou d'autre
sur le génie de l'artiste ; qu'il ait fortifié de
jeunes talents, c'est encore évident; sa chaude
parole, son amour pur et élevé de l'art, sa
manière de captiver le cœur et l'esprit de ses
disciples, devaient amener ce résultat ; mais i
pourquoi élever un fait exceptionnel et qui a
rencontré pour l'application du principe qu'il
veut représenter un homme exceptionnel,
pourquoi, dis-je, élever cet accident heureux
à la hauteur d'un système ? Si tous les maîtres
du pinceau étaient des Portaels, le système
aurait une valeur, mais en art les accidents
ne comptent pas et il faut des principes. C'est
en méconnaissant cette vérité, que nous en
sommes arrivés, en littérature aussi, à une
licence canaille, qui sera le malheureux et
ineffaçable cachet de l'époque. Essayez donc, j
pour voir, de biffer les académies et vous i
m'en direz des nouvelles. C'est absolument
comme si vous supprimiez les écoles,les athé-
nées et les universités.
Mais je considère mon discours comme ;
étant inutile : ceux qui veulent faire de la syn-
taxe sans passer par la grammaire (et ce nom-
bre, comme celui des fous, est considérable)
hausseront les épaules avec dédain. Ceux qui
pensent comme moi, n'ont pas besoin d'être
davantage convaincus. Donc passons. Seule-
ment j'avais une entrée en matière à trouver, i
et il me semble que celle-ci n'est pas plus
mauvaise qu'une autre.
Une observation que je veux présenter tout
de suite portera sur le nombre d'œuvres ex
posées. Il y a trop ; beaucoup de petites cho-
ses auraient pu, sans inconvénient, rester à
l'atelier. Ce déshabillé jure avec l'aspect so-
lennel de la masse. Les dessous de la toilette I
artistique, pas plus que les autres dessous,
ne doivent pas se montrer en public. Et enfin,
je ferai remarquer que les jeunes, les tout
jeunes, ceux d'hier, auraient mieux fait de ne
pas affronter la comparaison. Vus chez eux,
ces messieurs se soutiennent ; avec les maî-
tres, ils tombent. Espérons qu'ils profiteront
de la leçon et qu'ils se relèveront.
Ceci dit, je proclamerai la supériorité de
Wauters sinon comme solidité, du moins
comme faire et connue lumière. Ce peintre,
très élégant comme portraitiste, tient à l'heure
qu'il est la corde. Il participe de Gallait et de
Portaels : c'est le pinceau llexible de l'un et
la distinction de l'autre. Celte double assimi-
lation ne l'empêche pas d'avoir conquis une
certaine originalité dont la Folie de Hugo Van
der Goes reste encore le plus précieux échan-
tillon. Il ne semble pas que jusqu'ici ce pein-
s'attendait pas et qui peut-être la sauvera.
Mais pour le moment dégageons notre
pensée de ces préoccupations et envoyons à
Camille Lemonnier une chaude et loyale
poignée de main en l'encourageant de toutes
nos forces à discipliner ces vaillants, pleins
de feu et de sang dont il est le chef. Lui
seul, avec sa troupe et avec son influence,
peut créer une prospérité littéraire magni-
fique au sein de la patrie qui lui en sera re-
connaissante à la façon des nations vraiment
libres.
AD. S.
ROLLINAT.
(A Paris on avait élevé ce poète sur un pié-
destal à grands renforts cle coup de grosse
caisse et ce, avant la publication des Névroses.
Le volume paru, le poète est tombé lourde-
ment. Voici comment M. Jean Devranches
explique sa chute dans le Polybiblion, livrai-
son de mai.)
Ne cherchez dans les Névroses ni Dieu, ni
l'âme, ni la patrie, ni la famille, rien de cé-
leste et rien d'humain. Entre autres choses...
divertissantes, vous entendrez le Soliloque de
Tropmcinn, le Rondeau du guillotiné, la Bal-
lade du cadavre, la Villanelle du ver de terre.
Vous ferez une visite à la Morgue; vous pour-
rez, si vous en avez la lugubre fantaisie, ap-
prendre à épingler un linceul ou à déclouer
une bière. Toutes les phases de la Putréfac-
tion, à loisir, vous pourrez les suivre et les
étudier. Mais, je pense que le spectacle d'une
agonie vous suffira, je cueille donc cette
strophe à votre intention :
L'agonisant croasse un lamento qui navre
Et quand les morts son clos dans leur coffre
[obsédant),
Le hoquet gargouilleur qu'ils ont en se vidant,
Filtre comme la plainte infecte du cadavre.
Quelle épithète vous vient aux lèvres, hon-
nête lecteur? — Immonde, n'est-ce pas? —
Quatre vers encore :
Mon crâne a constaté sa diminution-,
Et, RÉSIDU DE MORT qui S'ÉCAILLE et S'ÉMIETTF.,
J'en viens à regretter la putréfaction
Et le temps où le ver n'était pas à la diète...
Tout commentaire me semble inutile. 11
s'échappe de ce volume je ne sais quelles ex-
halaisons fétides, d'écœurantes senteurs, d'a-
bominables fumets, comme des bas-fonds
vaseux et purulents la maVaria. Sorle de
Petrus Borel, Baudelaire aux petits pieds,
l'auteur des Névroses n'a que des visions de
charogne, à moins qu'elles ne soient bestiales,
— Cf. La vache au taureau, — ou dépravées
jusqu'au sadisme : voyez tout le livre intitulé:
Luxures. Du moins, dans les Fleurs du mal,
ça et là, se trahissait la soif d'une pureté infi-
nie ; quelquefois on entendait des cris de dou^
leur et de troublants appels :
Ah! Seigneur, donnez-moi la force et le courage
De contempler mon corps et mon cœur sans
[dégoût !
Il est de Baudelaire encore ce coup d'aile :
Dans la brute assoupie un ange se réveille !
Ici, rien de semblable. M. Rollinat ne se
contente pas d'aiguiser l'alroce, de raffiner
l'horrible, il patauge dans le nauséabond. Il y
a dans le Ventre de Paris, roman que je n'ai
point lu, je le confesse, et qui sent, dit-on, la
marée et autre chose encore, comme ces
barques de pêcheurs quand elles rentrent au
port (Cf. Guy de Maupassant, Revue poli-
tique et littéraire, 18 mars 1883), il y a, dis-
je, une page célèbre et que l'on est convenu
d'appeler « la symphonie des fromages. » Les
fromages de M. Zola ont-ils frappé le pauvre
malade d'une névrose nouvelle?... Quoi qu'il
en soit, M. Rollinat a écrit la Belle Fromagère.
En voici quelques vers. Lectrices, prenez un
flacon de sel. Cela débute par une extase de-
vant « des beurres maladifs, des beurres d'un
rance capiteux, » dont je vous fais grâce :
Près de l'humble comptoir où dormaient les
[gros sous,
Les Gérômès vautrés comme des hommes saouls
Coulaient sur leur clayon de paille,
Mais si nauséabonds, si pourris, si hideux,
Que les mouches battaient des ailes autour d'eux
Sans jamais y faire ripaille.
Or, elle {ta Belle Fromagère) respirait à son
[aise, au milieu
De cette âcre atmosphère où le Roquefort bleu
Suintait près du Chester exsangue ;
Dans cet ignoble amas de caillés purulents.
Ravie, elle enfonçait ses beaux petits doigts
[blancs,
Qu'elle essuyait d'un coup de langue...
Et toutes les fanfares de la presse boule-
vardière ont acclamé l'auteur des Névroses
comme un écrivain de génie! Un écrivain de
génie, pourquoi ? Serait-ce parce que le soleil,
pour M. Rollinat, n'est pas autre chose que
«le couvreur de pourriture» et que dans ses
chauds et salubres rayons le névropathe n'a
vu qu' «une grande friture?» Tout est ba-
roque dans ces vers étranges. Le vent « bouffe »
sur l'herbe; la mousse «éponge» les larmes
du saule; le grillon « râcle » sa ritournelle.
Quand tombe la pluie ou la rosée, vous croyez
peut-être qne le liseron ouvre san calice; non,
«il tend son petit bol » L'hiver «cravache»
les rocs d'écume et il les «giflle » de vase. Les
arbres sont «cravatés » de serpents et la cou-
leuvre «bibe» le lait des plantes. Lorsque
«le couvreur de pourriture» s'est couché,
vous dites : le soir tombe ou la nuit approche;
M. Rollinat a créé cette métaphore : « La nuit
lait son tricot! » Devinez cet autre logogriphe :
Adorables falots, mystiques et funèbres,
Zébrant d'éclairs divins la poix de mes ténèbres!
11 s'agit de vos yeux, aimables lectrices, de
vos yeux que le poète appelle ailleurs :
Zéphyrs bleus charriant les parfums de vos
[coeurs.
Maintenant que nous en avons fini avec ce
mauvais livre où rien n'est respecté, ni la mort
ni l'amour, où la langue est violentée comme
la morale, où toutes les pervenches sont des
colchiques, toutes les mouches des cantha-
rides, où tous les rêves sont des cauchemars,
tout plaisir une volupté, chaque souffrance un
delirium tremens, tout breuvage un poison,
ne serait-ce pas le cas de nous écrier avec
Volière :
Et je m'en vais au ciel avec de l'ambroisie
M'en débarbouiller tout à fait.
Beaux-Arts.
EXPOSITIONS
ATELIER PORTAELS — PESTE DE TOURNAI.
Aquarellistes et aquafortistes.
Cher Directeur,
C'est avec la franchise et la rudesse ordi-
naires aux Ardennais que je vous dirai mon
étonnement d'avoir rencontré parmi les élèves
de Portaels de vieilles culottes de peau que
j'ai vu user les bancs de l'Académie. Je pour-
rais vous eu citer un certain nombre qui après j
les études réglementaires (et ce sont les meil-
leurs) sont venus recevoir chez le maître ce !
qu'on appelle vulgairement, et ce qui est par-
faitement en situation, le coup de brosse. Que
ce maître ait pesé d'une manière ou d'autre
sur le génie de l'artiste ; qu'il ait fortifié de
jeunes talents, c'est encore évident; sa chaude
parole, son amour pur et élevé de l'art, sa
manière de captiver le cœur et l'esprit de ses
disciples, devaient amener ce résultat ; mais i
pourquoi élever un fait exceptionnel et qui a
rencontré pour l'application du principe qu'il
veut représenter un homme exceptionnel,
pourquoi, dis-je, élever cet accident heureux
à la hauteur d'un système ? Si tous les maîtres
du pinceau étaient des Portaels, le système
aurait une valeur, mais en art les accidents
ne comptent pas et il faut des principes. C'est
en méconnaissant cette vérité, que nous en
sommes arrivés, en littérature aussi, à une
licence canaille, qui sera le malheureux et
ineffaçable cachet de l'époque. Essayez donc, j
pour voir, de biffer les académies et vous i
m'en direz des nouvelles. C'est absolument
comme si vous supprimiez les écoles,les athé-
nées et les universités.
Mais je considère mon discours comme ;
étant inutile : ceux qui veulent faire de la syn-
taxe sans passer par la grammaire (et ce nom-
bre, comme celui des fous, est considérable)
hausseront les épaules avec dédain. Ceux qui
pensent comme moi, n'ont pas besoin d'être
davantage convaincus. Donc passons. Seule-
ment j'avais une entrée en matière à trouver, i
et il me semble que celle-ci n'est pas plus
mauvaise qu'une autre.
Une observation que je veux présenter tout
de suite portera sur le nombre d'œuvres ex
posées. Il y a trop ; beaucoup de petites cho-
ses auraient pu, sans inconvénient, rester à
l'atelier. Ce déshabillé jure avec l'aspect so-
lennel de la masse. Les dessous de la toilette I
artistique, pas plus que les autres dessous,
ne doivent pas se montrer en public. Et enfin,
je ferai remarquer que les jeunes, les tout
jeunes, ceux d'hier, auraient mieux fait de ne
pas affronter la comparaison. Vus chez eux,
ces messieurs se soutiennent ; avec les maî-
tres, ils tombent. Espérons qu'ils profiteront
de la leçon et qu'ils se relèveront.
Ceci dit, je proclamerai la supériorité de
Wauters sinon comme solidité, du moins
comme faire et connue lumière. Ce peintre,
très élégant comme portraitiste, tient à l'heure
qu'il est la corde. Il participe de Gallait et de
Portaels : c'est le pinceau llexible de l'un et
la distinction de l'autre. Celte double assimi-
lation ne l'empêche pas d'avoir conquis une
certaine originalité dont la Folie de Hugo Van
der Goes reste encore le plus précieux échan-
tillon. Il ne semble pas que jusqu'ici ce pein-