De même les centres artistiques du littoral de l’Adriatique ont également joué un rôle im-
portant dans l’histoire de l’art iconographique serbe. Yers le début du XVIIIe siècle le caractère
des icônes se transforme principalement sous l’influence de la yariété lévantine du baroque véni-
tien. La production industrielle des icônes en eaux-fortes marque le déclin définitif de l’art serbe
des icônes. Simultanément l’icône devient un sujet de la peinture occidentale dont les formes sont
assimilées par la peinture serbe contemporaine.
Parmi les miniatures et enluminures de manuscrits les plus anciennes il faut mentionner deux
manuscrits qui représentent des courants artistiques bien différents. Ce sont L’Evangéliaire du
prince Miroslav (vers 1197) écrit én caractères cyrilliques mais dont les riches enluminures appar-
tiennent entièrement à l’art roman, et L’Evangéliaire de Prizen qui date du XIIIe siècle. Les mi-
niatures de ce dernier se rapprochent de l’art oriental, syrien ou palestinien et on y retrouve les
mêmes motifs qui font partie de la plus ancienne couche de l’art serbe du Moyen Age au temps
des Nemanja. Ces motifs orientaux arrivaient du Proche-Orient par l’intermédiaire de la Palestine
dont les contacts avec la Serbie médiévale étaient très suivis.
Yers le milieu du XIIIe siècle les dessins des miniatures serbes font place à des peintures qui
reproduisent surtout des modèles byzantins. Dans cette imitation les peintures des manuscrits arri-
vent à un degré de perfection très élevé au XIIIe et dans la première moitié du XIVe siècles, ce
qui s’explique par l’essor pris à cette époque par l’art byzantin des Paléologues. Comme exemple
de cette perfection on peut citer le plus volumine'ux manuscrit serbe: Le Psautier Serbe de Munich
qui date de la fin du XIVe s. Les livres destinés non plus aux souverains mais aux clers sont il-
lustrés de miniatures bien plus modestes et les différences du niveau artistique sont sensibles.
Même après la perte de l’indépendance nationale l’art des miniatures et des enluminures continue
ses belles traditions jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Mais leur valeur artistique a beacoup diminué
et leur importance est bien plus historique qu’artistique.
L’ART DES SLAVES MÉRIDIONAUX DE L’OUEST
La Dalmatie
C
On aurait tort de considérer tout l’art dalmate comme une émanation croate en particulier.
Lorsqu’on évoque le nom de Dalmatie dans une étude de l’art il faut le considérer plutôt dans le
sens géographique et historique de ce mot. En fait l’histoire de ce pays, composé d’éléments ethni-
ques si différents, est déjà passablement compliquée. Les Slaves qui s’étaient établis dans la ré-
gion constituaient, il est vrai, la majorité de sa population et leur nombre augmentait constam-
ment. Les villes cependant restèrent longtemps romaines ou plutôt romanes et donnaient le ton
en ce qui concerne la vie culturelle et intellectuelle. La situation géo-culturelle de la Dalmatie à
l’époque des premiers débuts de son art médidval du VIIIe et du IXe siècles se présentait à peu
près comme suit: sur le littoral des villes romanes rivalisaient avec une série des villes nouvelles
dont certaines avaient été fondées par les Croates. Les plus anciennes de ces villes avaient des
traditions artistiques séculaires mais la plupart s’étaient appauvris. Le hinterland était habité par
une population croate, établie depuis peu dans Ie pays et dont certaines parties venaient à peine
d’embrasser le christianisme alors que d’autres étaient restées païennes. Cette population rattachée
par des liens ethniques aux autres peuples des Balkans, commençait à peine d’assimiler les formes
et le style de vie des anciens voisins latins ou byzantins et s’imprégner de leurs traditions. D’un
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portant dans l’histoire de l’art iconographique serbe. Yers le début du XVIIIe siècle le caractère
des icônes se transforme principalement sous l’influence de la yariété lévantine du baroque véni-
tien. La production industrielle des icônes en eaux-fortes marque le déclin définitif de l’art serbe
des icônes. Simultanément l’icône devient un sujet de la peinture occidentale dont les formes sont
assimilées par la peinture serbe contemporaine.
Parmi les miniatures et enluminures de manuscrits les plus anciennes il faut mentionner deux
manuscrits qui représentent des courants artistiques bien différents. Ce sont L’Evangéliaire du
prince Miroslav (vers 1197) écrit én caractères cyrilliques mais dont les riches enluminures appar-
tiennent entièrement à l’art roman, et L’Evangéliaire de Prizen qui date du XIIIe siècle. Les mi-
niatures de ce dernier se rapprochent de l’art oriental, syrien ou palestinien et on y retrouve les
mêmes motifs qui font partie de la plus ancienne couche de l’art serbe du Moyen Age au temps
des Nemanja. Ces motifs orientaux arrivaient du Proche-Orient par l’intermédiaire de la Palestine
dont les contacts avec la Serbie médiévale étaient très suivis.
Yers le milieu du XIIIe siècle les dessins des miniatures serbes font place à des peintures qui
reproduisent surtout des modèles byzantins. Dans cette imitation les peintures des manuscrits arri-
vent à un degré de perfection très élevé au XIIIe et dans la première moitié du XIVe siècles, ce
qui s’explique par l’essor pris à cette époque par l’art byzantin des Paléologues. Comme exemple
de cette perfection on peut citer le plus volumine'ux manuscrit serbe: Le Psautier Serbe de Munich
qui date de la fin du XIVe s. Les livres destinés non plus aux souverains mais aux clers sont il-
lustrés de miniatures bien plus modestes et les différences du niveau artistique sont sensibles.
Même après la perte de l’indépendance nationale l’art des miniatures et des enluminures continue
ses belles traditions jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Mais leur valeur artistique a beacoup diminué
et leur importance est bien plus historique qu’artistique.
L’ART DES SLAVES MÉRIDIONAUX DE L’OUEST
La Dalmatie
C
On aurait tort de considérer tout l’art dalmate comme une émanation croate en particulier.
Lorsqu’on évoque le nom de Dalmatie dans une étude de l’art il faut le considérer plutôt dans le
sens géographique et historique de ce mot. En fait l’histoire de ce pays, composé d’éléments ethni-
ques si différents, est déjà passablement compliquée. Les Slaves qui s’étaient établis dans la ré-
gion constituaient, il est vrai, la majorité de sa population et leur nombre augmentait constam-
ment. Les villes cependant restèrent longtemps romaines ou plutôt romanes et donnaient le ton
en ce qui concerne la vie culturelle et intellectuelle. La situation géo-culturelle de la Dalmatie à
l’époque des premiers débuts de son art médidval du VIIIe et du IXe siècles se présentait à peu
près comme suit: sur le littoral des villes romanes rivalisaient avec une série des villes nouvelles
dont certaines avaient été fondées par les Croates. Les plus anciennes de ces villes avaient des
traditions artistiques séculaires mais la plupart s’étaient appauvris. Le hinterland était habité par
une population croate, établie depuis peu dans Ie pays et dont certaines parties venaient à peine
d’embrasser le christianisme alors que d’autres étaient restées païennes. Cette population rattachée
par des liens ethniques aux autres peuples des Balkans, commençait à peine d’assimiler les formes
et le style de vie des anciens voisins latins ou byzantins et s’imprégner de leurs traditions. D’un
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