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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 16.1894

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Loret, Victor: Études de droguerie égyptienne
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12252#0156

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ÉTUDES DE DROGUERIE ÉGYPTIENNE

139

Mais il reste une question de chimie pratique que l'on peut se poser à ce sujet.
Voulant, sur 1 han 3/20 de suc, enlever han 3/20 d'eau, pour quel motif les Égyptiens,
au lieu de faire simplement chauffer le suc jusqu'à réduction nécessaire, y ajoutaient-
ils préalablement han 1/20 d'eau, puis 1 han, soit en tout 1 han 1/20d'eau?

J'ai pensé d'abord à de la naïveté ou à de la maladresse. Je me suis demandé ensuite
si le suc, relativement concentré, ne risquait pas de s'endommager par une attaque trop
vive au feu et s'il n'était pas préférable, pour adoucir l'opération ou pour faciliter les
calculs de la réduction, d'additionner le suc d'une certaine quantité d'eau. Puis, j'ai
songé à l'intérêt religieux qu'il pouvait y avoir à compliquer, sans la moindre raison
d'utilité, mais pour en augmenter l'importance, une manipulation d'ordre liturgique. En
fin de compte, je me suis arrêté à l'explication suivante : certains liquides renferment
des éléments volatils qui ne peuvent s'éliminer, par évaporation au feu, qu'au bout d'un
certain temps. Pour enlever 13 % d'eau à un demi-litre de liquide, il faut quelques
minutes à peine. Ce laps de temps n'étant pas suffisant pour permettre l'évaporation
d'éléments volatils autres que l'eau, les Égyptiens avaient soin d'ajouter assez d'eau pour
prolonger du triple ou du quadruple la durée de l'opération. De la sorte, l'addition d'eau,
au lieu d'être une chose puérile ou religieuse, serait au contraire la preuve de certaines
connaissances chimiques de la part des Égyptiens.

Je dois faire remarquer, pour terminer l'examen de cette première section, que
1 han 1/20 d'eau a été employé pour la concentration du suc de Caroube. Or, la liste
des ingrédients mentionne précisément 1 han 1/20 d'eau. Toute l'eau indiquée se trouve
donc utilisée, et c'est là déjà un élément dont nous n'avons plus à tenir compte. Quant
au 1 han 3/20 de suc de Caroube porté en tête de la même liste, il se trouve maintenant
réduit à 1 han, c'est-à-dire exactement au volume d'extrait que nous devons retrouver
à la fin des manipulations.

III

(même) jour, prendre pour lui (c'est-à-dire pour l'extrait) :

Calamus aromaticus....................................... 2 qad 1/2,

Encens sec de première qualité.............................. 1 qad.

Imbiber de vin.......................................... 1 qad 2/3.

Faire macérer avec lui (c'est-à-dire avec le suc). »

On remarque, dans les recettes de parfumerie égyptiennes, que lés gommes-résines
sont généralement employées avec addition d'une certaine quantité de vin. La chose
s'explique aisément. On sait que, si l'eau dissout facilement la gomme, elle n'agit en rien
sur la résine. Mais la résine est soluble dans l'alcool, lequel constitue une partie du vin.
L'eau simple ne dissoudrait que la gomme de la gomme-résine ; le vin, — qui, en plus
de l'alcool, contient une très grande proportion d'eau, — peut dissoudre à la fois la
gomme et la résine.
 
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