122
REMARQUES ET NOTES
des prêtres de Mont, dont nous venons cle parler et qui eurent en main à peu près toutes
les prêtrises dans toute l'étendue de la plaine thébaine depuis la XXII0 jusqu'à la
XXVIe dynastie, nul homme du nom Sent-ur se trouve1.
Il paraît donc que le clergé supérieur se soit tenu à l'écart au moment de l'arrivée
du roi éthiopien, de même qu'il fut reçu par le peuple égyptien d'une manière bien
froide, ainsi que le prouve sa propre stèle, malgré la mention des cris d'allégresse géné-
rale. Ce fut avec d'autant plus d'empressement que le roi accepta chaque soumission
(l. 28) et récompensa les subordonnés (I. 39). Sent-ur aura reçu à son tour sa récom-
pense, le roi étant forcé par les faits eux-mêmes à amoindrir la puissance des prêtres
rênitents et à grandir rinlluence des hommes bien intentionnés. Il me paraît que les
paroles (l. 16) : « Le roi ^ ^^'^"^I me^ ^e Pr^re sa place; )} ne soient sous
ces rapports, ici, non une phrase banale, comme ailleurs, mais qu'elles fassent allusion
à ce fait. Mais, en tout cas, la vieille famille sacerdotale ne fut dépourvue de sa puis-
sance que pour une période bien courte ; l'an III du règne du même roi, ses membres
jouent cle nouveau un rôle dans le temple d'Amon à Karnak2.
3. M. Golénischefï a publié dans ce Recueil (t. XI, p. 96) deux fragments de relief
trouvés à Tahta, montrant le style d'hiéroglyphes le plus jeune et portant les cartouches
Çfl <=T> a ^ °1 et f A n l\f\ P • ^es tr°i,s noms cllu' y sont contenus, le dernier
est certainement Kaisaros, le premier Valeiïus ou au besoin Aurelius; le second a été
lu Makâns. Le savant éditeur a proposé d'identifier l'homme nommé ici à Maecianus, qui
aurait régné quelque temps pendant l'absence de son père Aviclius Cassius, alors en
rébellion contre l'empereur Marcus Aurelius. Mais il remarque lui-même que ce n'est
qu'une hypothèse qu'il[propose, d'autant plus qu'il faudrait admettre que Maxiianus ne
porterait point ici son propre prénom, mais celui de son ennemi Marcus. Au surplus, les
auteurs anciens ne disent rien d'une corégence de MsecianUs, il n'apparaît que comme
administrateur d'Alexandrie3, pas même comme « pra)fectus iEgypti », ce que fut alors
un autre partisan de Cassius, Flavius Calvisius*. Une corégence est rendue même in-
vraisemblable, a priori, par le fait que ce Maxianus, qui trouva sa mort en 175 après
Jésus-Christ dans la rébellion de Cassius, ne fut point un fils de Cassius, ainsi que
Capitolirï le prétend, mais le juriste bien conri*u, L. Volusianus Msecianus5.
Ces différentes difficultés parlant contre cette identification des cartouches, je crois
pouvoir hasarder la conjecture que le quatrième signe du second nom ne répondrait pas
à un Y7, niais à un t—r bref , qui ne se distinguerait du YJ que par le parallélisme des
lignes verticales et par la saillie des lignes horizontales, deux diiïérences qui ne seraient
guère sensibles dans un texte jeune et mal écrit, i—r représente dans les noms des
1. Je ne connais d'ailleurs nul texte nommant un homme de ce nom. Le groupe sent-ur lui-même se re-
trouve dans Dum., Bauurk., 15, IÎ6 sqq., 1G a — Dum., Baugescli., pl. I, pour le vieux plan sacré du temple de
Dendèrah, datant du temps des Ses-u-l.lor.
2. Inscriptions à Berlin, n°- 2096 et 2097. Voy. plus bas sous n° 7.
o. « Cui erat commissa Alexandria. » Gallicanus, Vita Ac. Cass., 7; CArrroLiNus, Vita M. Ant., 25.
4. Dm, i.xxi, 28.
5. Rvdorff, Rôm. Recht8-Ge8eh.tl, 177 sqq.; Napp, De rebus imperalore M. Aurelio Antonino in Oriente
fjestis, p. 48; Schiller, Rom. Kai$e/-(/csc/i., I, p. 658.
REMARQUES ET NOTES
des prêtres de Mont, dont nous venons cle parler et qui eurent en main à peu près toutes
les prêtrises dans toute l'étendue de la plaine thébaine depuis la XXII0 jusqu'à la
XXVIe dynastie, nul homme du nom Sent-ur se trouve1.
Il paraît donc que le clergé supérieur se soit tenu à l'écart au moment de l'arrivée
du roi éthiopien, de même qu'il fut reçu par le peuple égyptien d'une manière bien
froide, ainsi que le prouve sa propre stèle, malgré la mention des cris d'allégresse géné-
rale. Ce fut avec d'autant plus d'empressement que le roi accepta chaque soumission
(l. 28) et récompensa les subordonnés (I. 39). Sent-ur aura reçu à son tour sa récom-
pense, le roi étant forcé par les faits eux-mêmes à amoindrir la puissance des prêtres
rênitents et à grandir rinlluence des hommes bien intentionnés. Il me paraît que les
paroles (l. 16) : « Le roi ^ ^^'^"^I me^ ^e Pr^re sa place; )} ne soient sous
ces rapports, ici, non une phrase banale, comme ailleurs, mais qu'elles fassent allusion
à ce fait. Mais, en tout cas, la vieille famille sacerdotale ne fut dépourvue de sa puis-
sance que pour une période bien courte ; l'an III du règne du même roi, ses membres
jouent cle nouveau un rôle dans le temple d'Amon à Karnak2.
3. M. Golénischefï a publié dans ce Recueil (t. XI, p. 96) deux fragments de relief
trouvés à Tahta, montrant le style d'hiéroglyphes le plus jeune et portant les cartouches
Çfl <=T> a ^ °1 et f A n l\f\ P • ^es tr°i,s noms cllu' y sont contenus, le dernier
est certainement Kaisaros, le premier Valeiïus ou au besoin Aurelius; le second a été
lu Makâns. Le savant éditeur a proposé d'identifier l'homme nommé ici à Maecianus, qui
aurait régné quelque temps pendant l'absence de son père Aviclius Cassius, alors en
rébellion contre l'empereur Marcus Aurelius. Mais il remarque lui-même que ce n'est
qu'une hypothèse qu'il[propose, d'autant plus qu'il faudrait admettre que Maxiianus ne
porterait point ici son propre prénom, mais celui de son ennemi Marcus. Au surplus, les
auteurs anciens ne disent rien d'une corégence de MsecianUs, il n'apparaît que comme
administrateur d'Alexandrie3, pas même comme « pra)fectus iEgypti », ce que fut alors
un autre partisan de Cassius, Flavius Calvisius*. Une corégence est rendue même in-
vraisemblable, a priori, par le fait que ce Maxianus, qui trouva sa mort en 175 après
Jésus-Christ dans la rébellion de Cassius, ne fut point un fils de Cassius, ainsi que
Capitolirï le prétend, mais le juriste bien conri*u, L. Volusianus Msecianus5.
Ces différentes difficultés parlant contre cette identification des cartouches, je crois
pouvoir hasarder la conjecture que le quatrième signe du second nom ne répondrait pas
à un Y7, niais à un t—r bref , qui ne se distinguerait du YJ que par le parallélisme des
lignes verticales et par la saillie des lignes horizontales, deux diiïérences qui ne seraient
guère sensibles dans un texte jeune et mal écrit, i—r représente dans les noms des
1. Je ne connais d'ailleurs nul texte nommant un homme de ce nom. Le groupe sent-ur lui-même se re-
trouve dans Dum., Bauurk., 15, IÎ6 sqq., 1G a — Dum., Baugescli., pl. I, pour le vieux plan sacré du temple de
Dendèrah, datant du temps des Ses-u-l.lor.
2. Inscriptions à Berlin, n°- 2096 et 2097. Voy. plus bas sous n° 7.
o. « Cui erat commissa Alexandria. » Gallicanus, Vita Ac. Cass., 7; CArrroLiNus, Vita M. Ant., 25.
4. Dm, i.xxi, 28.
5. Rvdorff, Rôm. Recht8-Ge8eh.tl, 177 sqq.; Napp, De rebus imperalore M. Aurelio Antonino in Oriente
fjestis, p. 48; Schiller, Rom. Kai$e/-(/csc/i., I, p. 658.