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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 21.1899

DOI Heft:
Nr. 3-4
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Chabas, François-Joseph: Lettre à M. Cerquant sur la mythologie égyptienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.12428#0206

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LETTRE SUR LA MYTHOLOGIE ÉGYPTIENNE

195

Chalon-sur-Saône, 12 avril 1871.

Monsieur,

Votre lettre m'a trouvé occupé à un travail pour la Chambre de Commerce, puis
sont venues les fêtes de Pâques, à l'occasion desquelles j'avais un engagement à la
campagne. Je suis rentré hier au soir, et, aujourd'hui seulement, je puis m'occuper de
la question que vous soumettez à mon appréciation.

Les Égyptiens représentaient l'espace comme un vaste océan, qui remplissait tout
à l'époque chaotique. Lorsque le principe divin, qui remplissait lui-même l'immensité,
songea à donner une organisation à l'univers, son premier acte fut de soulever la voûte
du ciel, puis il créa le ciel, la terre, les astres, les éléments, les créatures : c'est ce que
la mythologie égyptienne exprime d'une manière mythique en disant que Dieu forma
ses propres membres.

La donnée hébraïque présente beaucoup d'analogies avec ce mythe. Dieu fit le
req'iah (orepéwjjia) au milieu des eaux, afin de séparer les eaux d'en bas de celles d'en
haut; les poètes hébreux figurent les astres comme fixés sur ce req'iah, qui est évidem-
ment une barrière supposée solide, —feste, selon la traduction de Luther.

Pour les Égyptiens, l'abîme, dont le nom était Nun, enserrait la Création : les astres
le parcouraient nuit et jour, et leurs voyages quotidiens, leurs révolutions annuelles
étaient des navigations. Rien n'est plus fréquent que la représentation de la course
du soleil dans les vingt-quatre heures cle la journée, considérées comme des divisions
distinctes de la route. Le dieu est au centre de la barque, abrité par un naos ou par un
serpent dont le corps forme voûte. Un dieu tient le gouvernail, un autre dieu se tient
à l'avant, la pique en main pour découvrir l'ennemi et le frapper, et quelques autres
dieux forment cortège autour de lui dans la barque même; souvent aussi des dieux stel-
laires, nommés Akhimous, tirent à la cordelle le vaisseau divin.

Le dieu principal est toujours le Soleil, mais il reçoit des noms divers, Phra,
Tum, Khpra, Horemakhou (Harmachis), etc. La scène tient évidemment de près au
rôle astronomique du dieu solaire, mais le mythe du dualisme s'y rattache étroitement,
car, caché dans les eaux du Nun, l'ennemi du soleil, le serpent Apap, guette constam-
ment le dieu; toujours frappé, toujours vaincu, Apap ne périt jamais, et chaque jour
il recommence son éternelle poursuite, dont le but paraît être de précipiter le soleil dans
l'abîme et de recommencer le chaos.

Sur le dogme cosmogonique de Phra se soude le dogme providentiel d'Osiris,
qui, lui, succombe sous les coups de Set, son adversaire, puis revient à la vie,
triomphe de Set et de ses satellites, et devient le type divin de la vie nouvelle qui
attend les justes au delà de la tombe. C'est absolument l'idée chrétienne. Comme entre
le soleil et Apap, la lutte entre Osiris et Set se renouvelle éternellement : elle est l'image
de la vie de l'homme sur la terre. Après le trépas, les élus enrôlés dans l'armée d'Osiris
concourront éternellement à la guerre contre l'armée de Set ; le triomphe du bien est
assuré, mais le mal n'est jamais anéanti, il faudra le combattre sans cesse.
 
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