LE TEMPLE ET LES CHAPELLES D'OSIRIS A KARNAK
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fait inattendu est venu confirmer ces hypothèses. Le socle ayant été remis en place,
aux distances ci-dessus données, j'ai pu constater qu'une encoche, une brisure à la
partie inférieure de la face antérieure, coïncidait avec une brisure concave du dallage
qui vient à cet endroit affleurer la base d'Amonit : le trou ainsi produit résulte de l'in-
troduction d'un levier qui servit à renverser le bas cle la statue. Il mesure 0m 10 x 0m06.
On peut déduire encore de ces dimensions que ce levier était métallique, et probable-
ment en fer, comme ceux dont nous nous servons journellement.
En résumé, les statues d'Amon et d'Amonit nous apprennent, puisqu'on les a re-
faites de nouveau /-, qu'Aménophis IV avait fait disparaître les anciennes, que
Toutankhamon fit tailler les nouvelles clans un grès rouge d'une admirable pureté,
qu'Harmhabi les usurpa sur son prédécesseur, qu'elles furent renversées à l'époque
romaine ou copte; enfin, que celle d'Amonit reposait sur le sol même où Hatasou avait
enterré jadis ses pierres de fondation, peut-être sous la statue précédente détruite par
Khouenaten.
LE TEMPLE ET LES CHAPELLES D'OSIRIS A KARNAK
PAR
Georges Legrain
II
LA CHAPELLE ET LE TOMBEAU D'OSIRIS OUMOFRÉ
au MUR EST du TEMPLE d'âPET
ÉTAT ACTIEL Ol MONUMENT
La Commission d'Égypte, décrivant le petit temple du sud de Karnak, en admirait
la bonne conservation. Il semblerait, disait-elle, que le monument sort des mains de
l'ouvrier, tant il est blanc et propre. Près de cent ans passèrent, et ce monument,
temple d'Apet et d'Osiris, justifiait en 1892 la description qu'en fit M. de Rochemonteix
et le surnom de « château des Chauves-Souris » que lui avaient donné les habitants1.
Un poste cle police, une prison y avaient été établis jadis (d'où le nom de « Nagga
ez-Zaptieh, que porte le quartier), un fourneau de cuisine établi, et, la fumée et les
chauves-souris aidant, le monument avait pris, à l'intérieur, une teinte de suie qu'il
sera difficile de lui faire perdre. Il servait alors de magasin au Service des Antiquités.
Depuis cinq ans, je travaille au temple d'Apet quand les autres travaux de Karnak me
laissent un instant de liberté.
1. Kasr el-Ouatouat. Il porte encore le nom de Kasr el-Agous, « le château du Vieux ». Je l'entendis aussi
nommer parfois le château des Crocodiles, Kasr el-Tamasieh. Non loin de là, au sud, un terrain en contrebas,
où les eaux séjournent parfois, était nommé « la mare des Crocodiles », Birket el-Tamasieh. Renseignements
pris, je constatai que l'histoire n'avait rien à voir dans cela. La mare et la maison à côté du temple appar-
tiennent à la famille des Timsah (crocodile; pluriel, tamasieh). De là, une confusion que je crois utile de
noter. On connaît aussi les prétentions de la famille à la possession de nombreux territoires à Karnak.
RECUE1I,, XXIII. — NOUV. SÉR., VII. 9
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fait inattendu est venu confirmer ces hypothèses. Le socle ayant été remis en place,
aux distances ci-dessus données, j'ai pu constater qu'une encoche, une brisure à la
partie inférieure de la face antérieure, coïncidait avec une brisure concave du dallage
qui vient à cet endroit affleurer la base d'Amonit : le trou ainsi produit résulte de l'in-
troduction d'un levier qui servit à renverser le bas cle la statue. Il mesure 0m 10 x 0m06.
On peut déduire encore de ces dimensions que ce levier était métallique, et probable-
ment en fer, comme ceux dont nous nous servons journellement.
En résumé, les statues d'Amon et d'Amonit nous apprennent, puisqu'on les a re-
faites de nouveau /-, qu'Aménophis IV avait fait disparaître les anciennes, que
Toutankhamon fit tailler les nouvelles clans un grès rouge d'une admirable pureté,
qu'Harmhabi les usurpa sur son prédécesseur, qu'elles furent renversées à l'époque
romaine ou copte; enfin, que celle d'Amonit reposait sur le sol même où Hatasou avait
enterré jadis ses pierres de fondation, peut-être sous la statue précédente détruite par
Khouenaten.
LE TEMPLE ET LES CHAPELLES D'OSIRIS A KARNAK
PAR
Georges Legrain
II
LA CHAPELLE ET LE TOMBEAU D'OSIRIS OUMOFRÉ
au MUR EST du TEMPLE d'âPET
ÉTAT ACTIEL Ol MONUMENT
La Commission d'Égypte, décrivant le petit temple du sud de Karnak, en admirait
la bonne conservation. Il semblerait, disait-elle, que le monument sort des mains de
l'ouvrier, tant il est blanc et propre. Près de cent ans passèrent, et ce monument,
temple d'Apet et d'Osiris, justifiait en 1892 la description qu'en fit M. de Rochemonteix
et le surnom de « château des Chauves-Souris » que lui avaient donné les habitants1.
Un poste cle police, une prison y avaient été établis jadis (d'où le nom de « Nagga
ez-Zaptieh, que porte le quartier), un fourneau de cuisine établi, et, la fumée et les
chauves-souris aidant, le monument avait pris, à l'intérieur, une teinte de suie qu'il
sera difficile de lui faire perdre. Il servait alors de magasin au Service des Antiquités.
Depuis cinq ans, je travaille au temple d'Apet quand les autres travaux de Karnak me
laissent un instant de liberté.
1. Kasr el-Ouatouat. Il porte encore le nom de Kasr el-Agous, « le château du Vieux ». Je l'entendis aussi
nommer parfois le château des Crocodiles, Kasr el-Tamasieh. Non loin de là, au sud, un terrain en contrebas,
où les eaux séjournent parfois, était nommé « la mare des Crocodiles », Birket el-Tamasieh. Renseignements
pris, je constatai que l'histoire n'avait rien à voir dans cela. La mare et la maison à côté du temple appar-
tiennent à la famille des Timsah (crocodile; pluriel, tamasieh). De là, une confusion que je crois utile de
noter. On connaît aussi les prétentions de la famille à la possession de nombreux territoires à Karnak.
RECUE1I,, XXIII. — NOUV. SÉR., VII. 9