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A TRAVERS LA VOCALISATION ÉGYPTIENNE
copte, que la vocalisation ancienne n'en est plus guère reconnaissable. Je vais donc les
passer en revue dans l'ordre où Stern les a énumérés, sans prétendre le plus souvent
émettre autre chose qu'une hypothèse sur leur origine et sur leur dérivation.
6"o M. so, nbi T., plantare, serere, fait à l'état construit de-ne-, à l'état prono-
minal (S'o-so-, au qualitatif (S'hott-sho-st. Il n'a pas d'équivalent certain en égyptien,
mais la présence de mots tels que f^<f0 zaou, les grains, fC=^V§i zaouî, le
mâle (seminator), semble prouver l'existence d'un verbe sftZ, \\ v\ *zaou, avec
*9 -si ï\ w '- rv^ Jn. V-f]
une forme en î
_^ *zaî. C'est, en tout cas, vers un prototype de ce genre que
toutes les formes du copte nous ramènent. Si l'on applique â ce mot les principes de
résolution des diphtongues que j'ai dégagés précédemment, ~*Zaî s'est diphtongue zaî et
résolu d'une part en -e à l'état construit *Z/V-n<z-dc, d'autre part en -h au qualitatif,
par suite de l'adjonction de la finale -outou-ott *z^ouT-xHOTr-s'HOTr; il a
obscurci son à en o1, entre l'époque ramesside et l'époque grecque, et sa diphtongue -01
s'est résolue en o, *zo\-zoi-n(<>-no-do. C'est la marche régulière que j'ai indiquée à
plusieurs reprises2.
Kto T. ktô. B., convertere, cingere, fait à l'état construit ktc-, â l'état pronominal
kto-, au qualitatif kthott-kthtt. L'école de Berlin3 considère ce mot comme étant une
forme apocopée d'un causatif en t- initial, *tkto qui aurait disparu du thébain et qui ne
subsisterait plus qu'en memphitique t^kto, circumdare. Le t serait tombé pour un
motif d'euphonie, *tekto, *tkto, étant impossible à prononcer, mais la preuve cle son
existence serait fournie par le sens actif ou réfléchi que la forme hto aurait conservé.
Je vois à cette hypothèse plusieurs objections. En ce qui concerne l'euphonie, je crois
que la difficulté même de prononcer un groupe comme *tkto aurait fait garder en
thébain la voyelle que le memphitique t*.kto nous démontre avoir existé entre t et k :
tekto, même avec un e très légèrement émis, n'est pas plus difficile à prononcer que
tkAo, refrigevareh, ou -rgno, tekbo et tehno, que le thébain n'a pas rejetés. Au reste, je
dois dire que la chute de la dentale t à l'attaque me paraît inadmissible dans l'égyptien
comme ailleurs, et que tous les exemples qu'on a cru en. découvrir3 ne sont pas
légitimes : c'est là toutefois un point que je ne puis aborder en passant. Quant à la
question de sens du mot, elle ne me paraît pas avoir été envisagée sous son véritable
jour. Le passage cle l'intransitif au transitif se fait, dans bien des langues, en donnant
1. Pour ne pas allonger cet article outre mesure, je ne rechercherai pas encore si ces formes en o pro-
viennent d'un infinitif masculin ou féminin, et si l'obscurcissement de I'a en o qu'elles comportent s'est pro-
duit directement ou par diphtongaison de I'a radical avec la finale ou. do-no peut résulter eu effet soit de
*zaouiti, forme infinitive féminine qui a perdu son t, *zaouî, puis diphtongué a+ou, et obtenu un o à la
résolution *zaoui-zoi, enfin résolu 01 en o, (S'o-tslo ; il peut aussi résulter de *zaî, obscurci directement en
*zoi, comme axô.toi de jul^t^i, puis résolu en 0, do-no. Comme, dans les deux cas, on arrive à un a premier,
je diffère la recherche de ce point à une autre occasion.
2. j'omets le do M. no T., emtttere, eastendere, cité par Stern en cet endroit (§ 362, 1 a), parce qu'il n'a
pas encore de qualitatif en -hott qui nous soit connu.
3. Erman, Spuren eines alten Subjunctios im Koptischen, dans la Zeitschrift, 1884, p. 30, sur qui s'est
appuyé Steindorff, Koptische Grammatik, p. 107, § 235.
4. Stern, Koptische Grammatik, p. 157, § 328.
5. Erman, Spuren eines alten Subjunctics im Koptischen, dans la Zeitschrift, 1884,p. 30.
A TRAVERS LA VOCALISATION ÉGYPTIENNE
copte, que la vocalisation ancienne n'en est plus guère reconnaissable. Je vais donc les
passer en revue dans l'ordre où Stern les a énumérés, sans prétendre le plus souvent
émettre autre chose qu'une hypothèse sur leur origine et sur leur dérivation.
6"o M. so, nbi T., plantare, serere, fait à l'état construit de-ne-, à l'état prono-
minal (S'o-so-, au qualitatif (S'hott-sho-st. Il n'a pas d'équivalent certain en égyptien,
mais la présence de mots tels que f^<f0 zaou, les grains, fC=^V§i zaouî, le
mâle (seminator), semble prouver l'existence d'un verbe sftZ, \\ v\ *zaou, avec
*9 -si ï\ w '- rv^ Jn. V-f]
une forme en î
_^ *zaî. C'est, en tout cas, vers un prototype de ce genre que
toutes les formes du copte nous ramènent. Si l'on applique â ce mot les principes de
résolution des diphtongues que j'ai dégagés précédemment, ~*Zaî s'est diphtongue zaî et
résolu d'une part en -e à l'état construit *Z/V-n<z-dc, d'autre part en -h au qualitatif,
par suite de l'adjonction de la finale -outou-ott *z^ouT-xHOTr-s'HOTr; il a
obscurci son à en o1, entre l'époque ramesside et l'époque grecque, et sa diphtongue -01
s'est résolue en o, *zo\-zoi-n(<>-no-do. C'est la marche régulière que j'ai indiquée à
plusieurs reprises2.
Kto T. ktô. B., convertere, cingere, fait à l'état construit ktc-, â l'état pronominal
kto-, au qualitatif kthott-kthtt. L'école de Berlin3 considère ce mot comme étant une
forme apocopée d'un causatif en t- initial, *tkto qui aurait disparu du thébain et qui ne
subsisterait plus qu'en memphitique t^kto, circumdare. Le t serait tombé pour un
motif d'euphonie, *tekto, *tkto, étant impossible à prononcer, mais la preuve cle son
existence serait fournie par le sens actif ou réfléchi que la forme hto aurait conservé.
Je vois à cette hypothèse plusieurs objections. En ce qui concerne l'euphonie, je crois
que la difficulté même de prononcer un groupe comme *tkto aurait fait garder en
thébain la voyelle que le memphitique t*.kto nous démontre avoir existé entre t et k :
tekto, même avec un e très légèrement émis, n'est pas plus difficile à prononcer que
tkAo, refrigevareh, ou -rgno, tekbo et tehno, que le thébain n'a pas rejetés. Au reste, je
dois dire que la chute de la dentale t à l'attaque me paraît inadmissible dans l'égyptien
comme ailleurs, et que tous les exemples qu'on a cru en. découvrir3 ne sont pas
légitimes : c'est là toutefois un point que je ne puis aborder en passant. Quant à la
question de sens du mot, elle ne me paraît pas avoir été envisagée sous son véritable
jour. Le passage cle l'intransitif au transitif se fait, dans bien des langues, en donnant
1. Pour ne pas allonger cet article outre mesure, je ne rechercherai pas encore si ces formes en o pro-
viennent d'un infinitif masculin ou féminin, et si l'obscurcissement de I'a en o qu'elles comportent s'est pro-
duit directement ou par diphtongaison de I'a radical avec la finale ou. do-no peut résulter eu effet soit de
*zaouiti, forme infinitive féminine qui a perdu son t, *zaouî, puis diphtongué a+ou, et obtenu un o à la
résolution *zaoui-zoi, enfin résolu 01 en o, (S'o-tslo ; il peut aussi résulter de *zaî, obscurci directement en
*zoi, comme axô.toi de jul^t^i, puis résolu en 0, do-no. Comme, dans les deux cas, on arrive à un a premier,
je diffère la recherche de ce point à une autre occasion.
2. j'omets le do M. no T., emtttere, eastendere, cité par Stern en cet endroit (§ 362, 1 a), parce qu'il n'a
pas encore de qualitatif en -hott qui nous soit connu.
3. Erman, Spuren eines alten Subjunctios im Koptischen, dans la Zeitschrift, 1884, p. 30, sur qui s'est
appuyé Steindorff, Koptische Grammatik, p. 107, § 235.
4. Stern, Koptische Grammatik, p. 157, § 328.
5. Erman, Spuren eines alten Subjunctics im Koptischen, dans la Zeitschrift, 1884,p. 30.