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Revue égyptologique — 4.1885

DOI issue:
Nr. 3-4
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Revillout, Eugène: M. Birch
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https://doi.org/10.11588/diglit.11062#0207

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peut s'en assurer encore dans les lettres de Reuvens, les livres de Sharpe et de
Young et les autres documents contemporains. Et cependant alors le musée égyptien
du Louvre, fondé par Champollion, était à peu près aussi riche qu'il est maintenant.
Aussi tous ceux qui possédaient des trésors égyptologiques, Passalacqua, Sallier,
Anastasi etc., venaient-ils d'abord les offrir à la France, quand ils voulaient s'en
défaire, et souvent même les exposer au Louvre. Mais comment songer à acheter
quelque chose quand on voulait scier les monuments hiéroglyphiques du Louvre pour
en faire des bancs du jardin des Tuileries, ainsi que nous en témoignait M. de Long-
perier, et quand on découpait les vignettes des papyrus pour les mettre ensuite sur
des pieds en bois à la façon des soldats de papier dont s'amusent nos enfants. Je
sais bien que de pareils abus ne furent plus à craindre quand M. de Rougé eut été
nommé conservateur, après la révolution de 1848. Mais alors encore ceux qui dou-
taient des déchiffrements égyptologiques étaient très nombreux et le gouvernement
n'accordait qu'à regret de petites sommes pour de semblables acquisitions. M. Bikch
au contraire, accourant à Paris, achetait tout et à tout prix.

C'était pour lui un principe absolu qu'il ne fallait jamais hésiter quand il
s'agissait d'enrichir les collections nationales. Tandis que M. de Rougé, devenu con-
servateur, était obligé d'adresser sa demande au surintendant des Beaux-Arts, qui
l'écoutait s'il le voulait, le règlement du British Muséum permettait à M. Birch
d'acheter toujours directement sans consulter personne, pourvu que chaque acquisition
ne dépassât pas une certaine somme. Si elle la dépassait, il n'avait qu'à s'adresser
aux Trustées du British Museum; et même si la somme était tellement forte qu'elle
excédât les ressources actuelles de ce grand établissement, le lord - chancelier
était là tout prêt à l'ordonnancer, sauf à se faire approuver postérieurement par
les chambres. Aussi M. Birch, qui nous donnait tous ces détails, nous disait-il que
jamais il n'avait eu de difficultés sérieuses pour acheter tout ce qu'il désirait Il
en usait très largement et ne reculait nullement devant le prix quand il s'agissait
d'une chose véritablement intéressante et précieuse, surtout au point de vue scien-
tifique. C'est ainsi qu'il a payé un papyrus démotique, ayant quelques transcriptions
grecques comme celui de Leyde, 25.000 francs (1000 livres sterling), les papyrus
Harris, vendus en 1874 par l'intermédiaire de M. Eisenlohr, plus de 82.000 francs
(3,300 livres sterling), etc., etc. Il regrettait toujours les documents que, par une
circonstance indépendante de sa volonté, il avait dû laisser échapper : il nous a
parlé plus de vingt fois avec une émotion profonde de certains papyrus, maintenant

1 II employait aussi pour cela les Anglais répandus en Orient. Son principe était qu'il n'y
avait pas à faire là bas de choix dans les antiquités. Il fallait tout emballer et tout envoyer au
British Muséum : là on verrait ce qui était important et ce qui ne l'était pas. C'est ainsi qu'il
procéda particulièrement pour les richesses assyriologiques sans nombre qui remplissent les ga-
leries du British Muséum. Pour les fouilles il s'était borné à les confier à un Arabe doué d'un
flair particulier, M. Rassam, qui mettait en caisses ce qu'il avait trouvé.
 
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