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Revue égyptologique — 6.1891

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Nr. 3-4
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Revillout, Eugène: Leçon d'ouverture: prononcée à l'École du Louvre, le lundi, 19 décembre 1887, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.11061#0157

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Leçon d'ouverture.

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Psilaan Auguste», représenté dans la série des tableaux à légendes impériales d'Esné immé-
diatement après l'empereur Decius, paraît en effet avoir été dans la Haute-Egypte son suc-
cesseur, soit immédiat, soit presque immédiat. Et depuis cette époque la dynastie blemmye
y régna seule, malgré les efforts du prétendant Emilien1 et de bien d'autres, jusqu'à ce que
Promis2 vint l'y combattre, la vainquit, et arrachât ainsi au joug barbare Coptos, Ptolémaïs, etc.

Comment d'ailleurs nous étonner de cet excès d'audace quand nous savons par Spar-
tien3 qu'immédiatement après la chute des grands Antonins et la mort de Commode il en
avait été identiquement de même, sauf le nom d'empereur que n'avaient point encore pris
les souverains bleminyes. Le roi barbare de Thébaïde s'était alors allié à un des principaux
prétendants, le fameux Pescennius Niger, dont il avait fait faire une statue de basalte avec
d'élégants vers grecs. Ce roi de Thébaïde est peut-être ce Psentès, roi des Ethiopiens, dont
le proscynème grec existe dans la ville romaine de Philée — à moins pourtant qu'on ne
préfère y voir le roi Kanenfi, prenant orgueilleusement le cartouche dans la même ville
comme souverain du pays, quand il consultait le grand oracle d'Isis. Mais ce peut être encore
un des autres très nombreux souverains blemmyes connus par nous.4

Sous les Sévère les rois des Blemmyes avaient, il est vrai, moins d'audace. Mais, s'ils
ne réclamaient plus aucun droit en Thébaïde, ils avaient dans toute l'Ethiopie, l'Abyssinie,
le Soudan, et jusque dans le commïlitium ou collimitium, ou pays neutre, de Nubie, occupé
à la fois par leurs troupes et celles des Eomains, des forces militaires imposantes et ména-
çantes. Ce n'était qu'une trêve entre deux conquêtes de l'Egypte. Et quand je dis deux, je
suis très modéré, puisque sous Auguste ils avaient déjà recommencé les exploits des Pianchi,
des Sabaka, des Tahraka, des Anchmachis, des Harmachis et de bien d'autres, en faisant
en Thébaïde une irruption victorieuse. On comprend que, devant un ennemi aussi aguerri
et aussi vaillant, les Romains aient été obligés à autant de prudence que de valeur. C'est
pour cela qu'ils favorisaient dans la limite du possible les sentiments pieux de ces barbares
pour les divinités égyptiennes, espérant ainsi, nous dit Procope, adoucir leurs mœurs et les
rendre plus amis d'un peuple dont ils partageaient la religion. Chaque année donc, suivant
une clause traditionnelle de tous les traités de paix, les rois des Blemmyes envoyaient à
Philée une ambassade solennelle chargée d'offrir leurs riches présents à la grande déesse
et de la ramener visiter leur pays. Cette panégyrie était la plus grande fête nationale; et
nous avons vu, dans l'inscription du roi Terermen, quelles dépenses énormes elle causait.
Nous pouvons donc nous figurer la pompe qui entourait le prince Siaritu venant, avec son
frère, le grand prêtre Senpet, et une suite nombreuse, pour accomplir ce pieux devoir.

Suivant son récit, sa mission était double, nous l'avons dit. Il devait d'abord présider
au hoenlo de Thot à Dakké et consulter l'oracle du dieu sur l'opportunité de la panégyrie

1 Voir Vie d'Emilien par Pollien.

2 Vopiscus s'exprime ainsi dans sa vie de Probus : Blernmyas etiam subegït, quorum captivos Romam
transmisit, qui mirabilem sui visum, stupente populo rornano, praebuerunt. Copton praeterea et Ptolemaïdem
urbes, ereptas barbarico servitio, Rornano addidit juri . . . His acceptis litteris, Narseus maxime territus
et eo praecipue quod Copton et Ptolemaïdem comperit a Blemmyis qui eas tenuerunt vindicatas, coesos que
ad internecionem eos qui gentibus fuerant ante terrori, etc.

3 Aelii Spartiani Piseennius Niger.

4 Mentionnons encore le roi dont nous avons acheté le cachet depuis que cette leçon a été écrite
(voir Eevue, VI, II, pl. 14).

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