Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 8.1873)

CÉLESTIN NANTEUIL

élestin Nanteuil naquit à Rome
en 1813 cle parents français; il n’avait
pas plus d’une année lorsqu’il vint à
Paris ; sa famille demeurait aux envi-
rons du Louvre, et à peine eut-il atteint
l’âge de raison qu’il prenait plaisir à
se promener dans les galeries du Mu-
sée. Est-ce à cette habitude de voir
des tableaux contractée dès l’enfance
qu’il faut attribuer la détermination
prise par lui dans la suite de devenir
peintre, ou bien les succès que son frère aîné, Charles-François Nan-
teuil , obtenait comme sculpteur, le décidèrent-ils à suivre la carrière des
arts? On ne saurait le dire, mais ce qu’il est permis d’assurer, c’est que
les nombreuses visites qu’il avait faites au Louvre, les rapports quotidiens
qu’il avait avec son frère, lui donnèrent une connaissance des maîtres et
une instruction de la pratique même de l’art que l’on n’a pas coutume
d’acquérir d’aussi bonne heure. Cette éducation, inconsciente pour ainsi
dire, le mit à même, lorsque, après avoir traversé les ateliers de Charles
Langlois et d’Ingres, il entra à l’École des beaux-arts en 1827, d’être de
suite classé parmi les bons élèves ; il obtint une récompense pour la figure
et une autre pour la perspective, et, bien que son caractère indépendant
et enjoué l’eût désigné à ses camarades comme un chef autour duquel
ils aimaient à se grouper lorsqu’ils avaient une réclamation à adresser
ou une plainte à formuler, rien chez lui n’indiquait qu’il dût un jour
professer des doctrines contraires à celles qu’il avait entendu professer.
Son esprit d’ailleurs eût peut-être pris une tout autre direction si une
circonstance particulière ne se fût présentée. A la suite d’une sorte de
révolte contre l’enseignement des professeurs, révolte à l’organisation de
laquelle il fut accusé d’avoir pris une part active, Célestin Nanteuil lut