DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Lafenestre, Georges: Salon de 1873, [2]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0034
SALON DE 1 8 7 31
IV.
es sculpteurs ont cet avantage sur
les peintres cl’être soumis à des lois
rigoureuses qu’ils ne peuvent ou-
blier un instant sans cesser d’être
sculpteurs. Auprès des nobles ou
charmantes statues dont nous avons
parlé, on peut en distinguer plusieurs
autres encore qui révèlent, à des
degrés divers, chez leurs auteurs, un
sentiment vif ou profond de la beauté
décorative : celles qui portent ce der-
nier caractère sont les plus rares,
car si l’imagination de nos sculpteurs est restée saine, elle n’a pas laissé
pourtant de s’appauvrir; la figure isolée suffit à ses efforts, les combi-
naisons de l’art monumental semblent le plus souvent dépasser ses forces.
Un modèle de fronton destiné au Palais de justice d’Amiens, par
M. Sanson, un projet de monument à élever dans les Ardennes aux victimes
de la guerre de 1870-1871, par M. Croisy, sont les seules composi-
tions importantes qu’on ait à remarquer dans ce genre. L’œuvre de
M. Sanson est simple et claire, comme il convient à la décoration exté-
rieure d’un monument sévère. Au centre se dresse la Loi, ayant à sa
droite la Force et à sa gauche la Justice. La Force protège une mère allai-
tant son enfant, un pasteur étendu près d’un agneau; la Justice, les
yeux fixés sur la loi, condamne d’un geste inflexible une femme échevelée
1. Voir Gazelle des Beaux-Arls, 2e période, t. Vit, p. 473.
IV.
es sculpteurs ont cet avantage sur
les peintres cl’être soumis à des lois
rigoureuses qu’ils ne peuvent ou-
blier un instant sans cesser d’être
sculpteurs. Auprès des nobles ou
charmantes statues dont nous avons
parlé, on peut en distinguer plusieurs
autres encore qui révèlent, à des
degrés divers, chez leurs auteurs, un
sentiment vif ou profond de la beauté
décorative : celles qui portent ce der-
nier caractère sont les plus rares,
car si l’imagination de nos sculpteurs est restée saine, elle n’a pas laissé
pourtant de s’appauvrir; la figure isolée suffit à ses efforts, les combi-
naisons de l’art monumental semblent le plus souvent dépasser ses forces.
Un modèle de fronton destiné au Palais de justice d’Amiens, par
M. Sanson, un projet de monument à élever dans les Ardennes aux victimes
de la guerre de 1870-1871, par M. Croisy, sont les seules composi-
tions importantes qu’on ait à remarquer dans ce genre. L’œuvre de
M. Sanson est simple et claire, comme il convient à la décoration exté-
rieure d’un monument sévère. Au centre se dresse la Loi, ayant à sa
droite la Force et à sa gauche la Justice. La Force protège une mère allai-
tant son enfant, un pasteur étendu près d’un agneau; la Justice, les
yeux fixés sur la loi, condamne d’un geste inflexible une femme échevelée
1. Voir Gazelle des Beaux-Arls, 2e période, t. Vit, p. 473.