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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 4
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Decamps, Louis: Correspondance, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0395

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CORRESPONDANCE1

A Monsieur le Rédacteur én chef de la Gazette des Beaux-Arts.

ous vous souvenez, mon cher ami. de cette remarque si. juste des tra-
ducteurs de Vasari : « Chez les Italiens il y a presque toujours des
beautés plus intimes, des traits plus originaux, s’il est possible, dans les
ouvrages intermédiaires, que dans les réalisations des grands chefs d’école.
Et cela surtout dans les belles époques, parce que les maîtres du second ordre ne sont
pas en Italie, comme en France, les élèves et les reflets des plus grands maîtres, mais
au contraire leurs émules, et souvent leurs inspirateurs2. »

Ce passage, qui répond si parfaitement à mes passions préraphaélites, trouve son
éclatante confirmation à l’exposition de la Société néerlandaise. Cette Vierge avec
l’enfant .Jésus, que vous avez qualifiée do chef-d’œuvre, est une vraie merveille. Que
cela fait de bien à étudier ce panneau de cèdre recouvert d’une couche de plâtre sur
laquelle le maître d’Arezzo, ce grand artiste qui a nom Spinello Spinelli, a peint in
tempera cette mère rêveuse, attendrie, dont la pensée craintive semble entrevoir les
cruelles épreuves que réserve l’avenir au divin Enfant, — divin est bien le mot cette
fois, — qui debout devant elle, rayonnant de beauté dans sa nudité chaste, est comme

l’incarnation à la fois majestueuse et sympathique de Celui qui devait semer la parole do
paix et de fraternité : « Aimez-vous les uns les autres! » Elle est sublime cette figure
d’un dessin si pur, d’un modelé si exquis ; aussi Raphaël, ce condensateur de génie,

l’a-t-il empruntée tout entière. Et la tonalité de celte adorable peinture! est-il possible
de trouver plus délicieuse symphonie et d'une originalité plus imprévue! Ce fond
verdâtre sur lequel se détachent des branches de rosier chargées de fleurs est à lui
seul une trouvaille, cl ces derniers échos de Byzance, les nimbes d’or et les bro-
deries dorées de la Vierge, loin de nuire à cette œuvre d’une si complète perfection
ajoutent à l’harmonie de l’ensemble. C’est du xivc siècle, on ne saurait trop le répé-
ter, que date celte création devant laquelle, mon ami, nous ne saurions assez respcc
tueusement nous incliner. Domenico Ghirlandaio, le maître de Michel-Ange nous
fait passer du xive au xvc siècle, et c’esf aussi la Vierge et l’enfant Jésus qu’il

1. Voir Gazelle des lhaux-Arls, 2e période, tome vm, page 273.

2. Vie des peintres, sculpteurs et architectes, par Giorgio Vasari ; traduction Leclanché

page 9 de la Préface. 1 et Jeanr° n

VIII. — 2e PÉRIODE.

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