Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 8.1873)

EXPOSITION RÉTROSPECTIVE

D’AMSTERDAM

e ne sont plus les chefs-d’œuvre
de la peinture hollandaise, que la
Société Aim et Ajiicitiæ montre
au public amoureux des belles
choses. Cette fois, pour nous ini-
tier à tous les trésors d’art qu’ont
produits les orfèvres, les ébénistes,
les faïenciers du temps passé, et
aussi pour relever le goût et les
aspirations artistiques de la géné-
ration actuelle, elle a mis à con-
tribution les collections de la Hol-
lande et fouillé un peu chez tous ceux où elle savait trouver encore des
vestiges du luxe ancien.

L’utilité et l’opportunité de ces sortes d’expositions sont indiscutables.
Non-seulement elles concourent à l’instruction artistique de la foule,
instruction si honteusement négligée jusque dans ces derniers temps, mais
encore elles sauvent de la destruction quantité d’objets dont elles révèlent
la valeur à ceux qui les possèdent.

Jusqu’au commencement de ce siècle, en effet, on n’avait guère consi-
déré que ce qui n’était plus de mode pouvait encore être beau. Il y a cent
ans, le mot gothique était, dans toute l’Europe, une grosse injure; et les
gens de goût du siècle dernier, qui se croyaient, en matière d’art, de grands
raffinés et de savants connaisseurs, se sont montrés en maintes circon-
stances iconoclastes sans pitié et destructeurs sans intelligence.

Pour arriver à transformer l’esprit du public au point de lui faire
conserver comme un trésor ce que jusque-là il avait repoussé, rejeté et