DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Du Bus, Charles: Sur quatre hôtel du Marais
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SUR QUATRE HOTELS DU MARAIS
Qu’il arrive des Halles par la banale rue de Rambu-
teau ; qu’il vienne, par l’étroite rue des Francs-Bour-
geois, de la Place Royale, ou qu’échappé aux bruits
du Temple et de la Grève, il suive les anciennes rues du
Chaume et de l’Homme-Armé, la surprise est agréable,
pour le promeneur, de ces tourelles jumelées en gar-
diennes de portail noble, clamant au vieux Marais la
gloire d’Olivier de Clisson. Mais à ce pittoresque le
grandiose succède : voici s’ouvrir, sur deux cents pieds
de profondeur, entrevue ou devinée, la plus belle cour
sans doute qui survive au massacre de tant d’illustres
demeures, tout orgueilleuse de ses cinquante colonnes
et des Saisons de sa façade, toute contrite de ne voir
plus ces escadrons et ces carrosses, parure évanouie de
son pavé. Il faut pourtant s’arracher à ce décor et con
tourner l’îlot pour atteindre, à l’opposite des tourelles,
vers la viaille rue du Temple, d’autres façades et
d’autres cours, moins hères et moins respectées du
temps, quelque bel air que gardent leurs murs et leurs
combles, pierre, brique, ardoises. Il faut ressusciter un
jardin, abattre des ateliers parasites, pour retrouver accolés ces deux logis princiers :
Rohan et Soubise, pourpre romaine et guerre en dentelles. Il faut encore, dans une
cour plus humble, évoquer, devant de rares vestiges, l’âge plus rude où le tournoi
d’à côté, mortel au Roi, sacra vrais rois ces étrangers d’alors : les Guise.
Voilà de grands noms : mais combien d’autres à prononcer ici ! « Les papiers de
tous les Français sont là-dedans, » me disait naïvement un ouvrier. Les Archives de
France et l’Imprimerie de l’État, abritées aujourd’hui en ces hôtels « conçus à
d’autres ûns, » ne renferment-elles pas, dans leurs millions de pièces manuscrites et
de pages officielles, au moins quelque rôle, quelque arrêté où le plus modeste d’entre
l’hôtel de clisson
(Bois de Mme R. Schils.)
Qu’il arrive des Halles par la banale rue de Rambu-
teau ; qu’il vienne, par l’étroite rue des Francs-Bour-
geois, de la Place Royale, ou qu’échappé aux bruits
du Temple et de la Grève, il suive les anciennes rues du
Chaume et de l’Homme-Armé, la surprise est agréable,
pour le promeneur, de ces tourelles jumelées en gar-
diennes de portail noble, clamant au vieux Marais la
gloire d’Olivier de Clisson. Mais à ce pittoresque le
grandiose succède : voici s’ouvrir, sur deux cents pieds
de profondeur, entrevue ou devinée, la plus belle cour
sans doute qui survive au massacre de tant d’illustres
demeures, tout orgueilleuse de ses cinquante colonnes
et des Saisons de sa façade, toute contrite de ne voir
plus ces escadrons et ces carrosses, parure évanouie de
son pavé. Il faut pourtant s’arracher à ce décor et con
tourner l’îlot pour atteindre, à l’opposite des tourelles,
vers la viaille rue du Temple, d’autres façades et
d’autres cours, moins hères et moins respectées du
temps, quelque bel air que gardent leurs murs et leurs
combles, pierre, brique, ardoises. Il faut ressusciter un
jardin, abattre des ateliers parasites, pour retrouver accolés ces deux logis princiers :
Rohan et Soubise, pourpre romaine et guerre en dentelles. Il faut encore, dans une
cour plus humble, évoquer, devant de rares vestiges, l’âge plus rude où le tournoi
d’à côté, mortel au Roi, sacra vrais rois ces étrangers d’alors : les Guise.
Voilà de grands noms : mais combien d’autres à prononcer ici ! « Les papiers de
tous les Français sont là-dedans, » me disait naïvement un ouvrier. Les Archives de
France et l’Imprimerie de l’État, abritées aujourd’hui en ces hôtels « conçus à
d’autres ûns, » ne renferment-elles pas, dans leurs millions de pièces manuscrites et
de pages officielles, au moins quelque rôle, quelque arrêté où le plus modeste d’entre
l’hôtel de clisson
(Bois de Mme R. Schils.)