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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Naquet, Félix: Salon de 1890: la sculpture
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0013

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SALON DE 1890

LA SCULPTURE

a France, dès le Moyen-Age, a produit en abondance des sculpteurs de
haute valeur. Cette supériorité s'est maintenue dans les époques suivantes
et n'a guère été éclipsée, si ce n'est peut-être sous le règne de Louis-
Philippe, au moment où l’on érigea les étranges reines et princesses du
Luxembourg, à l'instant où florissait ce Simart dont Fromental Halévy,
en tant que secrétaire perpétuel, a écrit le pompeux éloge. Aujourd'hui,
en dépit des rigueurs d'un sœclum insipiens et inficetum, nous avons
encore des sculpteurs dignes d’un pays qui fut celui de Jean Goujon

et de Houdon.

Un jeune homme, à ce Salon, expose
une oeuvre absolument hors ligne, riche
des plus belles promesses pour l’avenir ;
nous voulons parler de la Sirène, de

M. Puech. On sait combien il est difficile,
pour le sculpteur plus encore que pour
le peintre, de réaliser un de ces monstres
^ mythiques dont la poésie évoque avec
moins de peine la nature hybride et am-
phibie. Il faudrait la plume de Lucien,
qui a si bien décrit la centauresse de
Zeuxis, pour retracer convenablement

l’image de ce groupe à la fois grandiose
et élégant. Cette Sirène a un torse féminin,
une queue de poisson, de grandes ailes
éployées au dos; son corps puissant est juvénile, tout ensemble svelte et robuste; un sourire
d une langueur perfide est répandu sur ses traits. Elle enlève au-dessus de son épaule un
éphèbe dont le visage exprime l’effroi, et dont la forme gracieuse, depuis le col jusqu'aux jambes
et aux pieds, est traitée avec un extrême bonheur. Par l’adroite disposition, par l’ampleur et

I harmonie du rythme, par l’impression qui se dégage de cet ensemble exempt d’emphase, d'un
goût aussi hardi que sûr, c’est là, à beaucoup d’égards, une oeuvre d’un mérite transcendant.

Si nous passons à la Femme au paon, de M. Falguière, nous voyons, auprès du décoratif
« oiseau de Junon », ainsi que l’aurait appelé Jacques Delille, une jeune femme nue, debout.
Ce petit corps est d’une ravissante finesse; la tête est admirablement posée sur un cou charmant.

II faut voir 1 air décidé, impérieux, de ce gentil visage qui nous fait toutefois, peut-être, un peu

i. Voir lArt, iG° année, tome V, pages 16G, 177, 189, 209, 229 et 25g.
 
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