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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Patoux, Abel: Ulysse Butin, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0023

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L’ART.

Une autre raison de la tardivité de ses succès fut qu’il
tomba dans le milieu le plus séduisant, mais le plus
impropre à favoriser son éclosion. Il se lia de prime abord
avec Régnault, coloriste éclatant et fougueux; avec Georges
Clairin, préoccupé des mêmes idées et des mêmes recher-
ches ; avec Duez, Jacquet et plusieurs autres peintres qui
furent pour lui des amis sûrs et précieux, mais dont les
qualités brillantes s’exerçaient dans un domaine inacces-
sible pour lui qui n’était point coloriste et qui fut amené
cependant à ne point concevoir de peinture en dehors des

jeux éclatants de la couleur. Aussi ses premières tenta-
tives, ses premiers efforts furent-ils frappés de stérilité; il
se créa un idéal copié sur celui de ses amis qu’il aimait
et qu’il admirait ; et ceux-ci ne pouvaient raisonnablement
pas lui prêcher des idées autres que celles dont ils atten-
daient la gloire et la renommée.

Mais si le peintre était encore loin d’apparaître, le des-
sinateur se formait et s’affirmait, dans cette lutte obstinée
de tous les jours, sans éclat, mais non sans profit.

Une bonne fortune lui advint, en 1862 (?), qui le remplit

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Croquis et autographe d’Ulysse Butin.

•de joie, en lui donnant cette sécurité du lendemain qu’il
n'eut jamais complètement, même aux jours les plus pros-
pères.

C’est à son ami Jules Leroy qu’il annonce la bonne
nouvelle :

« Mon cher Jules,

« Notre amitié date de loin. C’est maintenant un sen-
timent d’affection consacré par le temps. Aussi, chaque
fois que j’aurai quelque bonne nouvelle ou quelque succès,
ce sera toujours pour moi un besoin de t’en faire part pour
que tu participes à ma joie. Quand je dis toi, je devrais
dire vous tous, car ta famille est pour moi une seconde

famille, et la bonne et sincère amitié que me témoignent
toujours ton père, ta mère et Gustave, me donne assez de
joie quand je suis parmi vous pour que le souvenir m’en
soit toujours cher.

« Oui, mon bon Jules, je suis aujourd’hui à l’abri du
besoin. Je vais pouvoir enfin faire des tableaux. J’aurai
toujours un fonds pécuniaire qui me préservera de la
dèche, outre que cette nomination de professeur aux
Écoles municipales de Paris est une recommandation d'un
grand poids pour l’avenir.

« Je suis bien tranquille maintenant. Pourvu que je
n’assassine personne ou que je ne vole pas un pain chez le
boulanger, ma place m’est acquise à perpétuité. Et tout
 
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