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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Patoux, Abel: Ulysse Butin, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0025

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L'ART.

C’est ainsi que gaiement, sans amertume et sans impa-
tience, il portait sa misère.

Les années s’écoulaient, obscures et pleines de labeur
ignoré, d’efforts sans retentissement, en dehors du clan
des artistes, qui l’aimaient et l’appréciaient. On sentait en
lui une force qui s’agitait confusément, sans trouver sa
voie, et chacun attendait une éclosion qui ne pouvait man-
quer de se produire.

« Enfin, mon cher Jules, écrit-il en 1867, je me suis
décidé à mettre quelque chose à l’exposition. Mes amis
m’ont forcé à me produire et je me suis exécuté.

« Sans te parler plus longtemps de mes tartines, je te
dirai que le Salon est très fort cette année. Il n’y a aucune
mauvaise chose, si ce n’est quelques toiles qui sont
exemptes, parce que leurs auteurs sont décorés. A part
cela, tout se tient dans un bon milieu. Les femmes nues
occupent le premier rang, comme toujours. On en voit par
chapelets. Ce qui prouve que le goût français ne dégénère
en aucune façon.

« J’ai vu la première de Roméo. J’en suis encore tout
épaté. Un succès bœuf! On a rappelé Gounod pendant au
moins un quart d’heure. Il n’a pas paru; mais je l’ai vu

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Croquis et autographe d’Ulysse Butin.

tout de même. Nous sommes allés, tous ses amis et
connaissances, le féliciter. J’ai eu le bonheur d’embrasser
ce grand homme et j’en suis encore tout fier. Il est au
comble de la joie. Sa femme en est à moitié folle. Nous
sommes rentrés chez lui à une heure du matin et il nous
a payé un souper qui a duré jusqu’à quatre heures du
matin. Enfin, c’est un succès comme on n’en a pas vu
depuis Faust.

« Pour en revenir à ton ami, j’ai exposé deux bibelots
qui ont été reçus, bien que je m’y sois pris un peu tard.
Je me réserve de t’en envoyer quelque idée plus complète;
mais, d’ici là, voici (ici un croquis intercalé) un anerçu

d’une de mes conceptions, que j’ai appelée : Un Mur
mitoyen ; histoire de joindre l’esprit au talent. «

Cependant, malgré l’insouciant abandon qui lui rendait
chère la vie au jour le jour, Butin en arriva à sentir le
besoin impérieux de se bâtir un nid bien à lui.

Comme toujours, l’ami Jules Leroy recevait ses confi-
dences. Il traitait cette grande question avec une ironie
joyeuse, qui n’avait peut-être d’autre but que de désarmer
les objections et les railleries.

Un jour, il envoyait simplement à son ami l’image
allégorique d’un ours, assis tristement et contemplant ses.
 
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