LES DESSINS DE REMBRANDT. 45
du Louvre, dans les charmantes études à la sanguine que possèdent le Cabinet de Berlin et le
StaedeVs-Institut, et dans le beau dessin de M. Heseltine fait pour le tableau du Philosophe en
méditation. De bonne heure en possession d'un talent égal et bientôt même supérieur à celui des
artistes les plus renommés, il estime assez peu ce talent. Ce n'est pas pour faire parade de son
habileté qu’il dessine; ses dessins ne sont pas faits pour les autres, mais pour lui-même, pour
servir à son instruction, pour exprimer sa pensée. Sans aucun souci de la correction, ni de la
belle apparence du résultat, il plie à son usage les instruments dont il se sert et il leur fait
rendre son idée. L'approbation du public est le moindre de ses soucis; il ne cherche qu’à se
satisfaire lui-même. Aussi à côté de prodiges de facture qui montrent tout son savoir, il a des
-c
Fac-similé d’un dessin de Rembrandt
reproduit dans le recueil : Original Drawing by Rembrandt Van Rijn. — (Musée de Berlin.)
naïvetés et des gaucheries presque enfantines et cette sincérité absolue de l'homme qui cherche,
qui tâtonne, se reprend, et veut avant tout donner à son œuvre toute sa signification. 11 a des
erreurs énormes et des réussites adorables, des timidités d’écolier à côté d'audaces tout à fait
sublimes, et dans ces confessions d’une si entière véracité en face de son papier, c’est l’homme
lui-même qui nous apparaît, qui se livre à nous sans réserve, avec la pleine originalité de son
tempérament, avec toute la fougue de ses élans et la profondeur de son génie. Si dans ses
nombreux retours sur lui-même et ses inégalités souvent bien choquantes, il nous laisse quelque-
fois incertains de ce qui est son ouvrage, si dans ses œuvres médiocres nous hésitons également
à le distinguer de ses imitateurs ou de ses disciples, en revanche dans ses productions les plus
personnelles aucun doute n'est possible; c’est lui, c’est sa main, c'est sa volonté que nous recon-
du Louvre, dans les charmantes études à la sanguine que possèdent le Cabinet de Berlin et le
StaedeVs-Institut, et dans le beau dessin de M. Heseltine fait pour le tableau du Philosophe en
méditation. De bonne heure en possession d'un talent égal et bientôt même supérieur à celui des
artistes les plus renommés, il estime assez peu ce talent. Ce n'est pas pour faire parade de son
habileté qu’il dessine; ses dessins ne sont pas faits pour les autres, mais pour lui-même, pour
servir à son instruction, pour exprimer sa pensée. Sans aucun souci de la correction, ni de la
belle apparence du résultat, il plie à son usage les instruments dont il se sert et il leur fait
rendre son idée. L'approbation du public est le moindre de ses soucis; il ne cherche qu’à se
satisfaire lui-même. Aussi à côté de prodiges de facture qui montrent tout son savoir, il a des
-c
Fac-similé d’un dessin de Rembrandt
reproduit dans le recueil : Original Drawing by Rembrandt Van Rijn. — (Musée de Berlin.)
naïvetés et des gaucheries presque enfantines et cette sincérité absolue de l'homme qui cherche,
qui tâtonne, se reprend, et veut avant tout donner à son œuvre toute sa signification. 11 a des
erreurs énormes et des réussites adorables, des timidités d’écolier à côté d'audaces tout à fait
sublimes, et dans ces confessions d’une si entière véracité en face de son papier, c’est l’homme
lui-même qui nous apparaît, qui se livre à nous sans réserve, avec la pleine originalité de son
tempérament, avec toute la fougue de ses élans et la profondeur de son génie. Si dans ses
nombreux retours sur lui-même et ses inégalités souvent bien choquantes, il nous laisse quelque-
fois incertains de ce qui est son ouvrage, si dans ses œuvres médiocres nous hésitons également
à le distinguer de ses imitateurs ou de ses disciples, en revanche dans ses productions les plus
personnelles aucun doute n'est possible; c’est lui, c’est sa main, c'est sa volonté que nous recon-