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L’ART.
et nous montrant une tête de Méduse d’un beau caractère,
Hercule et le lion de Némée, et la Victoire de Charles-
Quint sur l’Afrique.
Les deux suivantes sont accompagnées de leur cabas-
set; cette circonstance révèle un don plus important, à
moins que le casque correspondant aux autres rondaches
n’ait disparu. Ce sont un cabassetetsa rondache (vitrine 57,
collection Riggs) en fer repoussé et doré, sur chacun des-
quels saint Georges délivre la fille du roi de Lydie, et
provenant des Rosmini d’Udine dont ce saint était le
patron ; c’est une oeuvre de Filippo Negroli, le fameux
armurier milanais, celui que Strozzi attira à Paris et que
Brantôme nomme le seigneur Négrot; son poinçon est
ciselé sur chacune de ces pièces : un crâne au-dessous de
deux tibias croisés, signature qui ne manque pas d’à-pro-
pos pour un fabricant d’armes.
Ce sont un autre cabasset et sa rondache, de même
facture (vitrine 56, collection Riggs), avec des sujets se
rapportant à l’histoire de Mucius Scævola.
Dans le même ordre d’idées, voici des types de ron-
daches en bois peint : une allemande (vitrine 57, collection
Riggs), présentant un écusson de gueules au lion d’or
passant; une italienne (vitrine 61, même collection), par
Jules Romain, avec scène de combat entourée de bustes
d’empereurs romains à l’intérieur ; enfin, une troisième
(n° 15 1 ), de la même école, envoyée par Laurent de Médi-
cis 'à Henri II lors de son mariage avec Catherine de
Médicis, au marquis de Valori. Rappelons à ce sujet
qu’une des premières peintures de Léonard de Vinci fut
une rondache qu’il décora à l’âge de douze ans pour un
ami de son père, lequel, s’apercevant de la valeur de cette
œuvre, en malin notaire qu’il était, s’empressa de la garder
pour lui.
En fait de rondaches de guerre, la collection Riggs
n’est pas pauvre non plus; mais le détail nous en entraî-
nerait trop loin et d’ailleurs leur simplicité en atténue
l’importance, sauf pour une cependant (vitrine 10) que
son trait à poudre rend digne d’être signalée à titre de
curiosité et que Viollet-le-Duc a reproduite dans son dic-
tionnaire (article Rondache).
Comme pièces détachées, l’Exposition ne pèche pas
davantage par les plastrons :
En voici un (n°6, collection d’Arlincourt) du xvc siècle,
avec pansière, braconnière et tassettes.
Dans ce genre également, la collection Riggs ne le cède
à aucune autre pour le xvic siècle. Vous remarquez dans
ses vitrines un plastron (vitrine 36) ayant fait partie de
l’armure de don Juan d’Autriche, fils naturel de Charles-
Quint (1545 -J- 1378) dont le complément se trouve à l’Ar-
senal de Vienne ; un plastron et deux dossières, à entrelacs
et scènes de tournoi gravés (vitrines 26 et 27), originaires
d’Allemagne et portant un curieux blason semé de fers de
flèches ; un autre, plaqué d’argent (vitrine 27) et orné de
filets ondés séparant des rangées d’étoiles, couronnes à
double palme et lettres F, emblèmes probables de Ferdi-
nand de Gonzague, gouverneur de Milan (i5o6 j- i55y) ;
un autre avec sa dossière (vitrines 25 et 26), provenant des
Carvajal d’Espagne; un dernier enfin (vitrine 28), où figure
son propriétaire agenouillé devant un Christ, analogue
aux deux du Musée d’artillerie, et insigne d’une corporation
de Nuremberg.
Puis ce sont, çà et là, une haute pièce (vitrine 47, col-
lection Riggs), carapace fort épaisse d’acier uni qui, vissée
à la pansière, préservait le visage contre les atteintes de la
lance ou du roquet, à la fin du xve siècle; deux garnitures
de bras de la même époque (n° 8, collection d’Arlincourt) ;
un brassard (vitrine 57, collection Riggs) de l’armure de
François Ier, du Musée d’artillerie; deux solerets à la pou-
laine (n° 7, collection d’Arlincourt); un harnais de jambe
avec poulaine mobile pour marcher et fil pour la soutenir
(vitrine 57, collection Riggs), et, en face (vitrine 3a), son
antithèse, les grèves et solerets en bec de cane du règne
de Charles VIII qui succédèrent brusquement à la chaus-
sure pointue.
Signalons à l’attention des visiteurs une rondelle de
lance et deux pièces de renfort (vitrines 9 et 57, collection
Riggs) en fer peint à entrelacs du plus gracieux effet, com-
parable seulement à l’armure de Nicolas IV Radziwil,
palatin de Wilna (i5oo -J* 1567), exposée à la collection
d’Ambras, à Vienne, et disons un mot de la défense des
mains avant d’examiner rapidement les divers ajustements
de tête :
La vitrine 36 de la collection Riggs contenait une pièce
assez rare, un miton à crochet, du xve siècle, qui, le cro-
chet une fois fermé, ne pouvait plus s’ouvrir et s’opposait
ainsi à toute chute de la lance; aujourd’hui, la dragonne
joue le même rôle.
A la même collection appartiennent une paire de gan-
telets de Philippe II d’Espagne; une autre paire, du roi
Henri VIII, en acier bruni, avec les lacs d’amours et les
roses des Tudors ciselés et dorés (vitrine 57); enfin, objets
rares, une paire de gantelets de la paume de la main, à
rinceaux sur fond noir, que portait, dans la cérémonie du
Couronnement de l’empereur, l’Electeur de Saxe, et qui
furent trouvés à Dresde, en même temps que deux gante-
lets à faucons dont le mécanisme est aussi ingénieux que
simple.
(A suivre.) JULES MaNNHEIM.
Le Gérant, E. MÉNARD.
L’ART.
et nous montrant une tête de Méduse d’un beau caractère,
Hercule et le lion de Némée, et la Victoire de Charles-
Quint sur l’Afrique.
Les deux suivantes sont accompagnées de leur cabas-
set; cette circonstance révèle un don plus important, à
moins que le casque correspondant aux autres rondaches
n’ait disparu. Ce sont un cabassetetsa rondache (vitrine 57,
collection Riggs) en fer repoussé et doré, sur chacun des-
quels saint Georges délivre la fille du roi de Lydie, et
provenant des Rosmini d’Udine dont ce saint était le
patron ; c’est une oeuvre de Filippo Negroli, le fameux
armurier milanais, celui que Strozzi attira à Paris et que
Brantôme nomme le seigneur Négrot; son poinçon est
ciselé sur chacune de ces pièces : un crâne au-dessous de
deux tibias croisés, signature qui ne manque pas d’à-pro-
pos pour un fabricant d’armes.
Ce sont un autre cabasset et sa rondache, de même
facture (vitrine 56, collection Riggs), avec des sujets se
rapportant à l’histoire de Mucius Scævola.
Dans le même ordre d’idées, voici des types de ron-
daches en bois peint : une allemande (vitrine 57, collection
Riggs), présentant un écusson de gueules au lion d’or
passant; une italienne (vitrine 61, même collection), par
Jules Romain, avec scène de combat entourée de bustes
d’empereurs romains à l’intérieur ; enfin, une troisième
(n° 15 1 ), de la même école, envoyée par Laurent de Médi-
cis 'à Henri II lors de son mariage avec Catherine de
Médicis, au marquis de Valori. Rappelons à ce sujet
qu’une des premières peintures de Léonard de Vinci fut
une rondache qu’il décora à l’âge de douze ans pour un
ami de son père, lequel, s’apercevant de la valeur de cette
œuvre, en malin notaire qu’il était, s’empressa de la garder
pour lui.
En fait de rondaches de guerre, la collection Riggs
n’est pas pauvre non plus; mais le détail nous en entraî-
nerait trop loin et d’ailleurs leur simplicité en atténue
l’importance, sauf pour une cependant (vitrine 10) que
son trait à poudre rend digne d’être signalée à titre de
curiosité et que Viollet-le-Duc a reproduite dans son dic-
tionnaire (article Rondache).
Comme pièces détachées, l’Exposition ne pèche pas
davantage par les plastrons :
En voici un (n°6, collection d’Arlincourt) du xvc siècle,
avec pansière, braconnière et tassettes.
Dans ce genre également, la collection Riggs ne le cède
à aucune autre pour le xvic siècle. Vous remarquez dans
ses vitrines un plastron (vitrine 36) ayant fait partie de
l’armure de don Juan d’Autriche, fils naturel de Charles-
Quint (1545 -J- 1378) dont le complément se trouve à l’Ar-
senal de Vienne ; un plastron et deux dossières, à entrelacs
et scènes de tournoi gravés (vitrines 26 et 27), originaires
d’Allemagne et portant un curieux blason semé de fers de
flèches ; un autre, plaqué d’argent (vitrine 27) et orné de
filets ondés séparant des rangées d’étoiles, couronnes à
double palme et lettres F, emblèmes probables de Ferdi-
nand de Gonzague, gouverneur de Milan (i5o6 j- i55y) ;
un autre avec sa dossière (vitrines 25 et 26), provenant des
Carvajal d’Espagne; un dernier enfin (vitrine 28), où figure
son propriétaire agenouillé devant un Christ, analogue
aux deux du Musée d’artillerie, et insigne d’une corporation
de Nuremberg.
Puis ce sont, çà et là, une haute pièce (vitrine 47, col-
lection Riggs), carapace fort épaisse d’acier uni qui, vissée
à la pansière, préservait le visage contre les atteintes de la
lance ou du roquet, à la fin du xve siècle; deux garnitures
de bras de la même époque (n° 8, collection d’Arlincourt) ;
un brassard (vitrine 57, collection Riggs) de l’armure de
François Ier, du Musée d’artillerie; deux solerets à la pou-
laine (n° 7, collection d’Arlincourt); un harnais de jambe
avec poulaine mobile pour marcher et fil pour la soutenir
(vitrine 57, collection Riggs), et, en face (vitrine 3a), son
antithèse, les grèves et solerets en bec de cane du règne
de Charles VIII qui succédèrent brusquement à la chaus-
sure pointue.
Signalons à l’attention des visiteurs une rondelle de
lance et deux pièces de renfort (vitrines 9 et 57, collection
Riggs) en fer peint à entrelacs du plus gracieux effet, com-
parable seulement à l’armure de Nicolas IV Radziwil,
palatin de Wilna (i5oo -J* 1567), exposée à la collection
d’Ambras, à Vienne, et disons un mot de la défense des
mains avant d’examiner rapidement les divers ajustements
de tête :
La vitrine 36 de la collection Riggs contenait une pièce
assez rare, un miton à crochet, du xve siècle, qui, le cro-
chet une fois fermé, ne pouvait plus s’ouvrir et s’opposait
ainsi à toute chute de la lance; aujourd’hui, la dragonne
joue le même rôle.
A la même collection appartiennent une paire de gan-
telets de Philippe II d’Espagne; une autre paire, du roi
Henri VIII, en acier bruni, avec les lacs d’amours et les
roses des Tudors ciselés et dorés (vitrine 57); enfin, objets
rares, une paire de gantelets de la paume de la main, à
rinceaux sur fond noir, que portait, dans la cérémonie du
Couronnement de l’empereur, l’Electeur de Saxe, et qui
furent trouvés à Dresde, en même temps que deux gante-
lets à faucons dont le mécanisme est aussi ingénieux que
simple.
(A suivre.) JULES MaNNHEIM.
Le Gérant, E. MÉNARD.