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SALON DE 1890'
INTRODUCTION
(suite)
II
LE CENTENAIRE DE l’aRT
La justesse de l'observation de M. Édouard Aynard- éclatait à tous
les yeux, l'an dernier, à l'Exposition Universelle. Aucune des nations qui
exercèrent autrefois, dans le domaine de l'art, une action prépondérante,
n’avait réussi à tenter un effort souverain, non pas pour égaler son passé,
mais seulement pour en approcher à distance respectueuse ; c'est qu'à la
royauté du génie avait fatalement succédé chez elles une décadence pro-
fonde. C’est l'histoire de l’Allemagne après Albrecht Durer et Hans Hol-
bein, de l’Espagne après Velâzquez, de la' Flandre après Memling, Van
Eyck et Rubens, de la Grèce après ses Phidias et ses Praxitèle, des Pays-
Bas après Rembrandt. Seule, l’Italie eut l’illustre fortune, après avoir
donné naissance à la plus glorieuse personnification du génie humain, à
Léonard, de voir se succéder encore plus d’une génération de grands artistes,
v-
afin, dirait-on, que l’éclipse devint
ensuite et plus complète et plus
prolongée.
Ce n’est pas que sculpteurs et
peintres manquent à la moderne Italie ;
ils y sont légion. C’est le génie d’antan
aux si merveilleuses manifestations mul-
tiples, qui semble s’être à jamais évanoui.
Si l’art de toutes les nations de notre
continent a les regards tournés vers la
France pour lui emprunter ses procédés
dans l’espoir de conquérir en même
temps son goût, l’Italie, tout en subis-
sant la même attraction artistique, a
le tort plus sérieux encore de se laisser
entraîner à bien d’autres pastiches. J’ai
vivement souffert, en étudiant sa section,
d’entendre, de ci de là, l’un ou l’autre
1. Voir l’Art, i6° année, tome Ior, pages 166, 177, 189
et 209.
2. Voir l’Art, 160 année, tome Ier, page 168.
Encadrement composé et dessiné pour « l’Art » par J. Habert-Dys.
Tome XLIX.
SALON DE 1890'
INTRODUCTION
(suite)
II
LE CENTENAIRE DE l’aRT
La justesse de l'observation de M. Édouard Aynard- éclatait à tous
les yeux, l'an dernier, à l'Exposition Universelle. Aucune des nations qui
exercèrent autrefois, dans le domaine de l'art, une action prépondérante,
n’avait réussi à tenter un effort souverain, non pas pour égaler son passé,
mais seulement pour en approcher à distance respectueuse ; c'est qu'à la
royauté du génie avait fatalement succédé chez elles une décadence pro-
fonde. C’est l'histoire de l’Allemagne après Albrecht Durer et Hans Hol-
bein, de l’Espagne après Velâzquez, de la' Flandre après Memling, Van
Eyck et Rubens, de la Grèce après ses Phidias et ses Praxitèle, des Pays-
Bas après Rembrandt. Seule, l’Italie eut l’illustre fortune, après avoir
donné naissance à la plus glorieuse personnification du génie humain, à
Léonard, de voir se succéder encore plus d’une génération de grands artistes,
v-
afin, dirait-on, que l’éclipse devint
ensuite et plus complète et plus
prolongée.
Ce n’est pas que sculpteurs et
peintres manquent à la moderne Italie ;
ils y sont légion. C’est le génie d’antan
aux si merveilleuses manifestations mul-
tiples, qui semble s’être à jamais évanoui.
Si l’art de toutes les nations de notre
continent a les regards tournés vers la
France pour lui emprunter ses procédés
dans l’espoir de conquérir en même
temps son goût, l’Italie, tout en subis-
sant la même attraction artistique, a
le tort plus sérieux encore de se laisser
entraîner à bien d’autres pastiches. J’ai
vivement souffert, en étudiant sa section,
d’entendre, de ci de là, l’un ou l’autre
1. Voir l’Art, i6° année, tome Ior, pages 166, 177, 189
et 209.
2. Voir l’Art, 160 année, tome Ier, page 168.
Encadrement composé et dessiné pour « l’Art » par J. Habert-Dys.
Tome XLIX.