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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1890: introduction, II, [5]; le centenaire de l'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0087

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SALON DE 1890.

71

Dussé-je me faire jeter la pierre par tous les critiques improvisés, je n'hésite pas à recon-
naître qu’il m'a été beaucoup plus agréable de revoir la plupart des cadres de Mlle Bachkirtzeff
que toute l'exposition de M. Bastien-Lepage, à l’exception d’un ancien portrait de femme en
noir et de son Étude pour le portrait du Prince de Galles, étude éminemment savoureuse et
franche, qui démontre éloquemment ce qu’eût pu devenir l'artiste s'il ne s’était laissé griser par
l'inepte encens intéressé de flatteurs ignorants. La jeune fille est autrement sincère et elle n’a
sur la conscience rien de semblable à cette Jeanne d’Arc ridiculement prétentieuse et aussi mal
peinte que mal composée et mal dessinée, ce qui n’empêchait pas Bastien-Lepage de fulminer
modestement contre les Vandales qui n’avaient pas octroyé la médaille d’honneur à cette concep-
tion mort-née !

Dans Sous le parapluie, peinture plate, M,le Bachkirtzeff rappelle Bastien-Lepage, mais pas
ailleurs, et dans le Portrait catalogué
sous le n° 14, et qui est extraordinaire
de nerf, l’artiste de vingt-trois ans se
montre supérieure au peintre français,
dont tous les portraits, sauf les deux que
j’ai signalés, paraissaient vieux jeu com-
parés à celui-là. Un autre Portrait, —
n° 5, — très russe d'aspect, était fort
beau de pâte, sérieusement étudié, déli-
cat, distingué de ton.

Pierre et Jacques étaient inférieurs,
mais l'impression était des plus justes
dans le Matin, et le Rire, très vrai
d’observation et de rendu, brillait, en
outre, par des gris harmonieux.

La Russie a perdu en Mlle Marie
Bachkirtzeff une organisation d’artiste
privilégiée. Tous ceux qui savent, tous
ceux qui ne parlent point d'art à tort et
à travers, ont été unanimes à payer un
nouvel et respectueux hommage à la mé-
moire de la jeune artiste; j’ai été parti-
culièrement heureux de nie rencontrer
devant ses oeuvres avec une nature d’élite
qui honore au plus haut degré l’École
française, et d’entendre un homme d’un
tel talent et de tant de goût partager
entièrement mon sentiment et le fortifier de ses observations si compétentes et d’une extrême
sagacité.

M. Moultanowski, qui s’est établi à Paris, grave très artistement sur bois ; il a remarqua-
blement interprété un des chefs-d’œuvre de Rembrandt du Musée de l’Ermitage ; c’est plus
cherché que les Rembrandt que grave M. Baude.

La Roumanie et la Serbie faisaient nécessairement fort modeste figure dans ce grand
concours universel; l’une et l’autre en sont à leurs très timides premiers pas artistiques, la
seconde surtout, qui n’avait guère à son maigrissime actif qu’un Portrait de femme, par M. Stephan
Fodorovitch, auteur d’un infiniment plus faible Portrait d’homme.

Un Roumain, M. Georges-Demètre Mirea, est élève de M. Carolus Duran ; le Portrait des
enfants de M. Goodivin n’en témoigne que trop ; c’est presque un pastiche, absolument comme
les Vedettes en reconnaissance, de M. Nicolas Grigoresco, de Bucharest, sont une réminiscence
de Protais, absolument comme sa Bohémienne de Roumanie est un incontestable souvenir de

Etude de Russe.

Dessin de Lucien Laurent-Gsell pour son tableau : la Vaccination de la rage.
(Exposition Universelle de 1889.)
 
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