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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Mannheim, Jules: Les armes européennes anciennes a l'exposition universelle de 1889, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0095

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LES ARMES EUROPEENNES ANCIENNES.

tion des corsesques corses et génoises du xve siècle, dont,
de ci, de là, nous citerons le n° 666, à M. Spitzer, à lame
d’acier damasquiné d’or, des gardes de la manche de
Louis XIV; le n° 260, à M. Dupasquier, aux armes de
Jean-Philippe, archevêque-électeur de Mayence en 1647;
celles des vitrines 3 et 10 de la collection Riggs, aux armes
du prince Palatin, duc des Deux-Ponts, de la même suite
que le K. 172 du.Musée d’artillerie, de 16 1 5 ; deux autres,
de la même collection, aux armes de Pologne et Lithua-
nie ; une aux armes de Saxe, Misnie, Clèves et Juliers.

Dans le troisième genre, enfin, on peut ranger les types
suivants, qui jouissent en même temps des avantages des
armes précédentes :

Les guisarmes, dont M. Riggs a prêté un spécimen des
plus anciens (vitrine 28 ; les scorpioni, espèces de gui-
sarmes italiennes, poinçonnées d’un scorpion (vitrine 26,
collection Riggs) ; les ronconi, primitivement armes
d’abordage de la marine italienne, comme le n° 264, à
M. Dupasquier, et celui de la vitrine 21, de M. Riggs, à
lame peinte et dorée; enfin, les hallebardes, qui, au
xvc siècle, ont la forme de celle de M. Riggs (vitrine 25),
pour conserver, depuis le xvie siècle, la coupe bien connue
que présentent celles aux armes de Saxe, de la collection
Riggs, celle de sa vitrine 1 2, aux armes d’Empire, de 1 596,
et beaucoup d’autres.

Est-il nécessaire d’ajouter qu’en vertu du principe : qui
peut le plus peut le moins, ces armes servaient non seule-
ment entre fantassins et cavaliers, mais entre fantassins
seuls, usage qui alla en se généralisant jusqu’à ce que les
armes à feu les eussent définitivement fait reléguer parmi
les armes de parade, comme aujourd’hui encore la halle-
barde des suisses d’églises, ou parmi les armes de chasse,
comme l’épieu de M. Riggs (vitrine q3), ou les insignes
de grades, comme Yesponton d’officier d’infanterie et le
porte-mèches de canonniers; exceptons pourtant la lance,
dernier vestige de la pique, supprimée en France en 1675,
et qui apparaît dans notre armée par intermittences, tantôt
défense excellente, tantôt instrument encombrant.

Voilà si longtemps que nous vantons les armes à feu
qu’il serait l’heure d’y arriver.

Ceci tuera cela, le livre tuera l’édifice, a dit un grand
poète; ceci tuera cela, le mousquet tuera l’armure, pou-
vons-nous répéter : révolution aussi grave. Ce que les
brancs les plus formidables, ce que les bâtons de guerre
les plus dangereux restèrent des siècles impuissants à ren-
verser, la poudre l’abattit en quelques années, ne laissant
survivre que la cuirasse des cuirassiers, et le hausse-col des
officiers supprimé depuis peu; mais, en même temps,
était tarie la source d’une des plus nobles manifestations
de l’art.

Avec Y arbalète, on était parvenu déjà autrefois à des
résultats tellement meurtriers que le second concile de
Latran en avait défendu l’usage entre chrétiens en 11 3g,
prescription qui fut observée jusqu’en 1198, où Richard
Cœur de Lion rendit cette arme à ses troupes. Mais, à
cette époque, on n'e'tait protégé que par des mailles ; or ni
les arbalètes à pied de chèvre, ni celles à cric, ni même
celles à moufles, que M. Riggs présente dans ses vitrines,
n’étaient capables d’entamer de leurs carreaux l’acier d’un
adoubement du xve siècle, 1 e pavois moins solide des ar-
chers suffisant déjà à leur sécurité. Les efforts devaient
donc tendre à détruire du premier coup et de loin autre
chose que les chevaux ou du gibier ; c’est là le service
immense que le salpêtre renforcé du soufre et du charbon
est venu rendre à l’humanité.

Nous serons forcément bref sur les armes à feu; le sujet
comporte peu de développements, au point de vue de l’art;
d’ailleurs, depuis nombre de pages, nous avons franchi les

limites que nous nous étions assignées pour ce simple
compte rendu. Les systèmes d’armes à feu anciens sont
peu variés et généralement assez connus pour que nous
n’ayons pas à en expliquer le maniement.

Comme arquebuses à mèche, M. Spitzer en a envoyé
deux (n° 671 et 672), de la fin du xvie siècle, de travail
allemand, comme presque toutes les suivantes'du reste, à
canon ciselé en partie et à fût et crosse de bois incrusté
d’ivoire, et M. Riggs, une du xvnc siècle, dont la crosse en
bois sculpté et gravé nous montre, au moyen de sujets de
chasse, la manœuvre de l’arme.

De très remarquables spécimens représentent l’arme
qui a succédé aux précédentes, sans toutefois les faire
faire tomber de suite en désuétude, les arquebuses à rouet :

M. Spitzer en a une vitrine du plus merveilleux effet,
composée de six pièces plus belles les unes que les autres,
des xvie et xvne siècles, dont une de travail français, le
n° 674, une autre de travail italien, le n° 668; toutes à fûts
et crosses ornés de riches incrustations, et à canons soit
ciselés, soit damasquinés, soit travaillés à la manière des
Azziministes.

Nous ne pouvons non plus passer sous silence un canon
de mousquet italien, de la fin du xvie siècle, ciselé et doré,
exposé (n° 887) par le comte Lariboisière, à côté d’une
curieuse canne à épée de la même époque.

M. Riggs ne reste pas plus en arrière dans cette série
que dans les autres ; sa vitrine à pans dont nous avons
déjà cité bien des pièces contient deux arquebuses à rouet
du xvne siècle, dont le canon, la platine, Yamorcoir et la
clef en fer doré du plus gracieux décor, la crosse et le fût,
chez l’une en ivoire incrusté dans du bois, chez l’autre en
bois incrusté dans de l’ivoire, comme ces couples de
meubles de Boulle dont l’un est la contre-partie de l’autre,
sont dignes des ouvriers du Louvre qui les ont exécutés.

Parmi les autres arquebuses de M. Riggs, il faut en
admirer encore une, de la même vitrine, de l’espèce dite à
poitrinal, à sujets de chasse en ivoire gravé; puis un cer-
tain nombre plus communes disséminées dans diverses
vitrines et sortant des ateliers allemands de la même
époque, toujours en bois incrusté d’ivoire, d’or ou de nacre,
sauf une cependant, agrémentée d’émaux peints sur le
rouet et le couvercle du magasin de la crosse; enfin, une
dernière, italienne celle-là, des mêmes matières, mais
décorée de grotesques au moins, qui reposent un peu des
éternelles scènes de chasses, témoins de la fertilité de
l’imagination allemande du xvn° siècle.

Les quatre arquebuses du xvme siècle, prêtées par
M. Weber, montrent d’ailleurs qu’à ce point de vue leurs
successeurs n’avaient pas accompli des progrès énormes.

Gomme fusil à silex, contentons-nous du n° 274, de
M. Dupasquier, signé Paolo Chinelli et dont le canon, la
contre-platine et la plaque de couche sont remarquablement
ciselés.

En fait de pistolets, à part une paire ayant appartenu
à Henri II, provenant de la collection Pourtalès et accom-
pagnés de leurs amorcoirs; quelques pistolets saxons en
bois et ivoire ; deux pistolets de poche du xviiP siècle,
tous de la collection Riggs, il n’y a rien à retenir ; c’est un
peu maigre peut-être, à moins qu’on ne classe sous cette
rubrique le marteau d'armes à pistolet, du xvne siècle, de
la vitrine 4 (collection Riggs), ou le sabre-pistolet, ou le
fusil-pistolet, de la vitrine 57, ou encore l’épée et le poi-
gnard à pistolet, du xvie siècle, de la même collection,
armes que nous n’aurions pu nous empêcher de qualifier
d’armes à surprises, si nous nous étions trouvés à l’époque
en face de gens malveillants ainsi équipés.

Les accessoires d’armes sont de même assez insignifiants
à l’Exposition; nous ne voyons guère à signaler qu’un
 
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