Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

DOI Artikel:
Michel, Émile: Les dessins de Rembrandt, [2]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0104

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
86

L’ART.

Gueldre menaçant son père (Musée de Berlin), la prétendue Conjuration de Jean Ziska (Musée
de Stockholm) ou XArtémise du Prado, un examen plus attentif a prouvé que ces épisodes ou
ces personnages étaient, en réalité, empruntés à la Bible.

Rembrandt, il est vrai, a fait quelques rares excursions dans le domaine de la mythologie,
mais, presque sans exception, elles ont été malheureuses. On trouve bien çà et là dans ses
dessins quelques velléités de compositions de ce genre auxquelles il a eu le bon esprit de ne pas
donner suite : un Philémon et Baucis (Cabinet de Berlin) à peine indiqué; une Diane et Actéon
(Cabinet de Dresde) tout à fait ridicule; une Cérès et Bubon (Cabinet de Dresde) et un Argus
(Albertine) qui ne valent pas davantage. Si le tableau de XEnlèvement de Proserpine (Musée de
Berlin) ne manque ni d'une certaine fougue, ni d'une grandeur un peu sauvage, assez appropriées
à la scène; si la Lucrèce prête à se poignarder de 1664, -— une magnifique peinture que nous
avons eu récemment l'occasion de revoir à Paris, — est touchante par sa beauté et son air
résolu, en revanche la Diane et Calisto de la collection d'Anhalt, le Narcisse du Ryksmuseum et
surtout le Rapt de Ganymède de la galerie de Dresde sont absolument grotesques. Et cependant

le maître attachait évidem-
ment quelque importance à
ce dernier ouvrage, car,
outre un croquis léger, le
Cabinet de Dresde en pos-
sède une autre esquisse (à la
plume, rehaussée de lavis à
l’encre de Chine) dans la-
quelle, sans améliorer en
rien la composition, il l'avait
arrêtée d'une manière très
précise. Rien ne saurait prou-
ver, mieux que ces deux
dessins et le tableau lui -
même, à quel point l'art hol-
landais est réfractaire au sens
de la beauté, au style que
supposent les sujets antiques,
et l'on demeure confondu en
présence d’un tel manque de
goût et d'une vulgarité si
triviale en certains détails qu'on les croirait le résultat d'une gageure et d'un parti pris de
dérision. Si plusieurs des prédécesseurs ou des contemporains de Rembrandt, comme Uyten-
broeck, Dirck Blecker et Lastman, son maître, ont complaisamment multiplié d’aussi malencon-
treuses images, lui-même n’a pas persévéré dans cette voie et ses tentatives en ce genre sont
restées très limitées.

Aucun homme, au contraire, n'a mieux que lui connu les livres sacrés et parmi les peintres
il n en est pas qui y ait trouvé des inspirations plus nombreuses et plus variées. En serrant le
texte de plus près qu'on n'avait fait jusqu'à lui, il en vient à renouveler des sujets que l’on
pouvait croire épuisés et il en découvre d’autres qui n’avaient pas encore été traités. La lecture
de la Bible échauffe son esprit; à chaque page son imagination lui représente, vivantes et en
action, des scènes pittoresques ou expressives. Pour certaines parties des livres saints, l'histoire
d’Abraham, celles de Jacob, de Joseph, de Tobie et de Samson, par exemple *, ces compositions
sont en si grand nombre que non seulement elles formeraient comme une illustration continue
des épisodes qu’elles renferment, mais que pour plusieurs d’entre eux il nous a laissé des inter-

1. Le livre de Tobie surtout a inspiré Rembrandt et nous ne comptons pas moins d’une trentaine de compositions, dessins, gravures
ou tableaux, qu’il en a tirés.
 
Annotationen