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Michel, Émile: Les dessins de Rembrandt, [2]
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0105
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composition à la fois puissant et délicat, et qui se pliât aux combinaisons les plus subtiles. Lui
seul en possède toutes les ressources et les fait servir à l’expression de son idée. C’est grâce à
lui qu’il excelle à mettre en évidence les intentions de son oeuvre, à y subordonner entre eux les
détails et à éveiller en nous, par les impressions secrètes que l’obscurité et la lumière font naître
en notre esprit, ces mystérieuses résonances qui associent ces impressions physiques d’ombre et
de clarté à des sentiments parallèles de tristesse et de joie, d’effroi et de sécurité, de calme ou
de passion. Dans cet accord des relations intimes du clair-obscur avec le caractère même d’un
sujet, Rembrandt est vraiment maître et ses conquêtes ont ouvert à la peinture des voies nou-
velles. Pour lui, le Christ est un être phosphorescent que le reflet de sa divinité accompagne
pendant toute sa vie humaine. Dès sa naissance, le petit Enfant Jésus resplendit dans la pauvre
crèche et les bergers, venus pour l’adorer, contemplent avec un respectueux étonnement les lueurs
de son berceau. Plus tard, c’est entouré des mêmes clartés que le Sauveur accomplit sa mission
Reproduit dans le recueil : Original Draiving by Rembrandt Van Rijn. — (Cabinet de Berlin.)
LES DESSINS DE REMBRANDT.
prétations tout à fait différentes des mêmes sujets, en les remaniant à diverses époques de sa
vie, en trouvant, à mesure qu’il y pensait davantage, des représentations qui lui paraissaient
plus conformes à l’esprit du texte ou qui répondaient mieux à son propre tempérament.
Il est intéressant de noter sous quelle forme s’offrent tout d’abord à lui les sujets qui le
tentent et quel est le premier jet de son idée. Ainsi qu’il est naturel de le penser, c’est pour les
contrastes de lumière auxquels ils prêtent que plusieurs d’entre eux se présentent à lui et qu’il
essaie de les rendre. On sait que le clair-obscur est son élément familier, que par l'étude et les
applications qu’il en a faites, il a conquis une place à part dans son art. D’autres avant lui
avaient pu se proposer les mêmes problèmes et en trouver des solutions aussi rigoureusement
exactes; mais aucun d’eux n’avait songé à faire, comme lui, du clair-obscur un instrument de
L’Ange apparaissant a Joseph.
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composition à la fois puissant et délicat, et qui se pliât aux combinaisons les plus subtiles. Lui
seul en possède toutes les ressources et les fait servir à l’expression de son idée. C’est grâce à
lui qu’il excelle à mettre en évidence les intentions de son oeuvre, à y subordonner entre eux les
détails et à éveiller en nous, par les impressions secrètes que l’obscurité et la lumière font naître
en notre esprit, ces mystérieuses résonances qui associent ces impressions physiques d’ombre et
de clarté à des sentiments parallèles de tristesse et de joie, d’effroi et de sécurité, de calme ou
de passion. Dans cet accord des relations intimes du clair-obscur avec le caractère même d’un
sujet, Rembrandt est vraiment maître et ses conquêtes ont ouvert à la peinture des voies nou-
velles. Pour lui, le Christ est un être phosphorescent que le reflet de sa divinité accompagne
pendant toute sa vie humaine. Dès sa naissance, le petit Enfant Jésus resplendit dans la pauvre
crèche et les bergers, venus pour l’adorer, contemplent avec un respectueux étonnement les lueurs
de son berceau. Plus tard, c’est entouré des mêmes clartés que le Sauveur accomplit sa mission
Reproduit dans le recueil : Original Draiving by Rembrandt Van Rijn. — (Cabinet de Berlin.)
LES DESSINS DE REMBRANDT.
prétations tout à fait différentes des mêmes sujets, en les remaniant à diverses époques de sa
vie, en trouvant, à mesure qu’il y pensait davantage, des représentations qui lui paraissaient
plus conformes à l’esprit du texte ou qui répondaient mieux à son propre tempérament.
Il est intéressant de noter sous quelle forme s’offrent tout d’abord à lui les sujets qui le
tentent et quel est le premier jet de son idée. Ainsi qu’il est naturel de le penser, c’est pour les
contrastes de lumière auxquels ils prêtent que plusieurs d’entre eux se présentent à lui et qu’il
essaie de les rendre. On sait que le clair-obscur est son élément familier, que par l'étude et les
applications qu’il en a faites, il a conquis une place à part dans son art. D’autres avant lui
avaient pu se proposer les mêmes problèmes et en trouver des solutions aussi rigoureusement
exactes; mais aucun d’eux n’avait songé à faire, comme lui, du clair-obscur un instrument de
L’Ange apparaissant a Joseph.