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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Molinier, Émile: Peter Flœtner
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0110

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92

L'ART.

Que comme beaucoup de ses compatriotes Flœtner ait voyagé en Italie ou qu’il n’ait jamais
franchi les Alpes, peu importe ; ses modèles de prédilection ont été les modèles italiens ; en sorte
que, dans un certain nombre de ses compositions, il pourrait être considéré comme un simple
copiste, si çà et là, par l’addition d'un détail, par une modification plus ou moins heureuse,
ne se trahissait l’esprit original de l’artiste.

Parmi les ouvrages italiens qui ont surtout préoccupé Flœtner, il faut placer en première
ligne les illustrations du Songe de Polyphile ou Hypnérotomachie de Francesco Colonna, publié

en 1499 à Venise, dans cette ville qui a toujours été
comme le trait d'union, le point de jonction entre l’art
allemand et l’art italien.

Ce Songe de Polyphile restera toujours l'un des
plus beaux livres illustrés que l'on ait jamais faits, et
son influence au point de vue artistique a été très
considérable pendant la plus grande partie du xvie siècle.
M. Reimers n'a pas eu de peine à mettre en lumière
les nombreux emprunts qu'y a faits Flœtner, emprunts
qui démontrent parfois plus de bonne volonté de bien
faire que de talent véritable ; néanmoins, si c’est par
ce livre et par quelques autres livres, imprimés égale-
ment en Italie, qu'il a connu l'antiquité et ses formes,
il n’est que juste d’ajouter qu’il a su en les copiant,
en leur faisant de très nombreux emprunts, donner à
ses estampes un caractère bien original et tout à fait
allemand.

Indépendamment du goût que les artistes alle-
mands de la Renaissance ont malheureusement montré
pour tout ce qui est compliqué et surchargé, ils ont
su, même quand ils ont été sobres, donner à leurs
œuvres un style bien personnel; et quoique ce style
n’ait pas notre préférence, on ne saurait les en blâmer;
au demeurant, c’étaient de très habiles gens, qui n’ont
pas peu contribué, par des livres très nombreux, à
généraliser l’emploi du style de la Renaissance.

L’œuvre de Flœtner, comme celui de la plupart
de ses contemporains, est très varié : modèles d'orfè-
vrerie, gravures de paysages, portraits, planches d'ar-
chitecture, il a tout abordé avec beaucoup de bonheur.
La décoration particulière que les Italiens ont nommée
grotesques l'a tenté également et il a gravé plusieurs
planches inspirées par les estampes de Zoan Andrea.
Malheureusement, on ne retrouve plus dans ces orne-
ments la touche délicate et spirituelle de l’Italien :
tout est plus lourd, plus symétrique, plus froid, bien
que toujours fort habile.

Où l’artiste allemand se retrouve tout entier, c'est lorsqu’il grave ces ridicules figures de
lansquenets, types remarquables de brutalité que de très nombreuses estampes ont popularisés ;
il excelle à leur donner des poses truculentes et très mouvementées, mais cependant justes;
l’habileté du graveur sur bois seconde parfaitement le dessinateur, dont l’esprit un peu lourd
s’est parfois traduit par la fabrication d’alphabets grotesques composés de personnages nus
courbés dans toutes les positions imaginables. Comme beaucoup de ses contemporains aussi, il
excelle à nouer des entrelacs d’une extrême complication et qui rappellent un peu la fameuse

Modèle de vase a boire,
gravé par Peter Flœtner.
 
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