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L’ART.
landes et de médaillons, se compose d’un balustre autour duquel sont adossés trois enfants nus.
Ce bénitier date de la fin du xive siècle.
Le baptistère placé à l’entrée de la nef latérale de gauche a été ébauché par Jean de
Fribourg et terminé ensuite par Jacopo Fiorentino et Luca di Giovanni, sur les dessins du
même Luca di Giovanni et de Sano di Matteo, de Sienne. La base est octogonale, et soutenue par
huit lions accroupis en guise de cariatides. Une coupole, également octogonale, sur laquelle
s’ouvrent quatre portes pour puiser l’eau bénite, recouvre le bassin. Elle prend au sommet la
forme pyramidale et se termine en un acrotère sur lequel devait poser anciennement un saint
Jean-Baptiste en bronze, fondu par Donatello. Cette précieuse statue a disparu sans qu’on puisse
en aucune façon se rendre compte de l’époque et du motif de sa disparition. Elle a été remplacée
par un saint Jean d’occasion dont la touche disgracieuse fait plus que jamais regretter l’absence
de l’œuvre du maître florentin. A gauche de la grande porte on voit un saint Roch, de Toti ;
à droite, un saint Sébastien, de Scalza. Saluons en passant la Madone peinte, en iqeS, dans la
nef de gauche, par Gentile da Fabriano. Il faut la regarder longtemps pour en comprendre la
beauté. Mais dès qu'on est parvenu à l'envelopper entièrement du regard avec cette fixité qui
permet de lire, si je puis m’exprimer ainsi, dans l’âme d’un tableau, on oublie vite l’insuffisance
du coloris, la gaucherie des draperies, la monotonie des contours, l’affinement exagéré des
mains, pour n'admirer que la grâce sans pareille de l’expression, surtout dans le visage de l’Enfant
Jésus.
Malheureusement, cette Madone a été retouchée en quelques parties et le troisième person-
nage, qu’on voit à la gauche de la Vierge, a été ajouté après coup, pour le besoin de la
symétrie, par un peintre inconnu.
On voyait aussi, autrefois, dans les chapelles qui se suivaient le long des nefs, cinq tableaux
de la Passion peints par Girolamo Muziano, une Guérison de VAveugle, par Taddeo Zuccari, et
une Résurrection du fils de la veuve de Naïm, par Pœderico, son frère; les Noces de Cana, et
la Piscine Probatique, de Pomarancio ; Y Assomption, de Ludovico Mazzanti, ainsi que la Nativité
de la Vierge et le Crucifiement, de Cesare Nebbia, peintre d'Orvieto, élève de Muziano. La
Nativité, de Nebbia, et Y Assomption, de Mazzanti, sont aujourd’hui dans la sacristie. Les autres
tableaux figureront clans le nouveau Musée qui sera ouvert dans le grand Palais des Papes,
actuellement en voie de restauration.
VII
Au transept de droite, sur le mur qui fait face à la nef latérale, entre l'abside et la chapelle
de la Vierge de Saint-Brice, se trouve l’autel de l’Adoration des Mages ; les figures et les
ornements qui l’encadrent ont été sculptés en demi-relief par Raffaele da Montelupo ; les orne-
ments sont de Simone Mosca, qui fut aidé par son fils, à peine âgé de quinze ans, et plus tard
surnommé le Moschino. L’architecture générale est de Michèle Sammicheli, de Vérone, qui l’a
dessinée en concurrence avec Antonio da San Gallo. Clément VII, qui s’était réfugié à Orvieto
après le sac de Rome, avait été choisi pour arbitre et donna gain de cause à l’architecte
véronais.
Michèle Sammicheli était né à Vérone en 1484; à peine âgé de seize ans, il quitta sa
famille, qui possédait une certaine aisance, car un de ses frères fut chanoine régulier et l’autre
cultiva les lettres, sans cependant y exceller. Il se rendit à Rome où il étudia avec passion
l’architecture sur les monuments antiques. Les premiers travaux importants qui lui furent confiés
sont précisément ceux du Dôme d’Orvieto, à la suite desquels Clément VII le chargea, avec
Antonio da San Gallo, devenu son ami, de visiter les États de l’Église pour inspecter et réparer
les fortifications. Le pape avait appris à ses dépens, pendant le siège de Rome, que les murs de
ses forts n’étaient pas aussi invulnérables que les dogmes. Après cette tournée, Sammicheli
voulut revoir sa patrie, mais les Vénitiens, qui savaient quel genre de fonctions il venait de
L’ART.
landes et de médaillons, se compose d’un balustre autour duquel sont adossés trois enfants nus.
Ce bénitier date de la fin du xive siècle.
Le baptistère placé à l’entrée de la nef latérale de gauche a été ébauché par Jean de
Fribourg et terminé ensuite par Jacopo Fiorentino et Luca di Giovanni, sur les dessins du
même Luca di Giovanni et de Sano di Matteo, de Sienne. La base est octogonale, et soutenue par
huit lions accroupis en guise de cariatides. Une coupole, également octogonale, sur laquelle
s’ouvrent quatre portes pour puiser l’eau bénite, recouvre le bassin. Elle prend au sommet la
forme pyramidale et se termine en un acrotère sur lequel devait poser anciennement un saint
Jean-Baptiste en bronze, fondu par Donatello. Cette précieuse statue a disparu sans qu’on puisse
en aucune façon se rendre compte de l’époque et du motif de sa disparition. Elle a été remplacée
par un saint Jean d’occasion dont la touche disgracieuse fait plus que jamais regretter l’absence
de l’œuvre du maître florentin. A gauche de la grande porte on voit un saint Roch, de Toti ;
à droite, un saint Sébastien, de Scalza. Saluons en passant la Madone peinte, en iqeS, dans la
nef de gauche, par Gentile da Fabriano. Il faut la regarder longtemps pour en comprendre la
beauté. Mais dès qu'on est parvenu à l'envelopper entièrement du regard avec cette fixité qui
permet de lire, si je puis m’exprimer ainsi, dans l’âme d’un tableau, on oublie vite l’insuffisance
du coloris, la gaucherie des draperies, la monotonie des contours, l’affinement exagéré des
mains, pour n'admirer que la grâce sans pareille de l’expression, surtout dans le visage de l’Enfant
Jésus.
Malheureusement, cette Madone a été retouchée en quelques parties et le troisième person-
nage, qu’on voit à la gauche de la Vierge, a été ajouté après coup, pour le besoin de la
symétrie, par un peintre inconnu.
On voyait aussi, autrefois, dans les chapelles qui se suivaient le long des nefs, cinq tableaux
de la Passion peints par Girolamo Muziano, une Guérison de VAveugle, par Taddeo Zuccari, et
une Résurrection du fils de la veuve de Naïm, par Pœderico, son frère; les Noces de Cana, et
la Piscine Probatique, de Pomarancio ; Y Assomption, de Ludovico Mazzanti, ainsi que la Nativité
de la Vierge et le Crucifiement, de Cesare Nebbia, peintre d'Orvieto, élève de Muziano. La
Nativité, de Nebbia, et Y Assomption, de Mazzanti, sont aujourd’hui dans la sacristie. Les autres
tableaux figureront clans le nouveau Musée qui sera ouvert dans le grand Palais des Papes,
actuellement en voie de restauration.
VII
Au transept de droite, sur le mur qui fait face à la nef latérale, entre l'abside et la chapelle
de la Vierge de Saint-Brice, se trouve l’autel de l’Adoration des Mages ; les figures et les
ornements qui l’encadrent ont été sculptés en demi-relief par Raffaele da Montelupo ; les orne-
ments sont de Simone Mosca, qui fut aidé par son fils, à peine âgé de quinze ans, et plus tard
surnommé le Moschino. L’architecture générale est de Michèle Sammicheli, de Vérone, qui l’a
dessinée en concurrence avec Antonio da San Gallo. Clément VII, qui s’était réfugié à Orvieto
après le sac de Rome, avait été choisi pour arbitre et donna gain de cause à l’architecte
véronais.
Michèle Sammicheli était né à Vérone en 1484; à peine âgé de seize ans, il quitta sa
famille, qui possédait une certaine aisance, car un de ses frères fut chanoine régulier et l’autre
cultiva les lettres, sans cependant y exceller. Il se rendit à Rome où il étudia avec passion
l’architecture sur les monuments antiques. Les premiers travaux importants qui lui furent confiés
sont précisément ceux du Dôme d’Orvieto, à la suite desquels Clément VII le chargea, avec
Antonio da San Gallo, devenu son ami, de visiter les États de l’Église pour inspecter et réparer
les fortifications. Le pape avait appris à ses dépens, pendant le siège de Rome, que les murs de
ses forts n’étaient pas aussi invulnérables que les dogmes. Après cette tournée, Sammicheli
voulut revoir sa patrie, mais les Vénitiens, qui savaient quel genre de fonctions il venait de