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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Méreu, Honoré: Le dôme d'Orvieto, V-IX
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0135

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L’ART.

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devaient finir par exiler l’art de la péninsule. Mais la partie décorative mérite une mention
spéciale, si l’on consent à passer sur les défauts généraux de l'œuvre. On peut dire que, rare-
ment, le ciseau d’un sculpteur a su aussi victorieusement plier le marbre à toutes les finesses, à
toutes les délicatesses, à toutes les difficultés d'un dessin compliqué et élégant à la fois. Le
Moschino ne ciselait pas le marbre : il le pétrissait. Le feuillage, les fleurs, les enguirlande-
ments, toutes les figures d’ornement prenaient, sous son maillet, des contours exquis, précis,
moelleux : la pierre perdait toute sa dureté et devenait docile et malléable comme la cire, et le
jeu des ombres lui imprimait en outre une tonalité mate qui rendait l’ensemble flatteur et cares-
sant au regard.

Malheureusement, à ce sculpteur de race, si richement doué par la nature, ont manqué la
culture classique, l’application et l'observation sévères qui avaient permis à son père de parvenir
presque tout seul au faîte de la hiérarchie artistique. Moschino était surtout un tempérament
prime-sautier, volage, versatile, inquiet, et sa vie en témoigne. Lorsqu’il voulut aborder le grand
art, il échoua piteusement. Les deux apôtres, Pierre et Paul, qui sont aussi de lui, et qui

accompagnent les deux premières colonnes, du côté du grand autel, nuisent à sa réputation et
prouvent qu’il n’avait pas assez de souffle pour devenir un grand statuaire. Fils d’ornemaniste,
il aurait pu n'être qu’ornemaniste, du moment qu’il n’avait pas su chercher la voie qui lui
permît d’aborder avec succès les sujets exigeant une inspiration plus vaste et une culture plus
étendue. Son saint Pierre armé des clefs symboliques a l’air d’un simple portier de sacristie

et le visage somnolent et sans feu, malgré sa ressemblance, en charge, avec le Jupiter Olympien,
ne nous offre pas l’image du pécheur qui, après avoir renié le Christ, fut assez bon diplomate
pour reconquérir sa confiance et se faire décerner les pleins pouvoirs qui lui ont valu le titre de

prince des apôtres. Saint Paul manque aussi de couleur historique et il est certain que le

converti de Damas, qui fut un soldat bien plus qu’un prédicateur, se reconnaîtrait difficilement
sous les traits de cet apôtre pleurard qui n’a rien de martial.

H. Mereu.

(La fin prochainement.)
 
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