LE DOME D’ORVIETO.
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adresser des éloges pour la manière éloquente dont il a su défendre la religion; saint Paul
agenouillé devant le Saint-Sacrement ; le Christ entouré des sept candélabres d’or ; Moïse au
milieu du peuple d'Israël occupé à recueillir la manne du désert ; Abraham après la défaite des cinq
rois ; Abraham recevant les anges envoyés du ciel ; Elie réveillé par l’ange, et Elie gravissant les
flancs de l’Horeb. Mais la plus curieuse de ces fresques est celle où l’on voit un cavalier qui fuit
les trois ennemis de l’homme, à savoir : le monde, symbolisé par une silhouette de ville en épure ;
la chair, personnifiée par un corps de femme nue que foule le cheval courant ventre à terre, et
le diable qui, mis en déroute par cette austérité galopante, court encore plus vite que le cheval.
Autour du cintre de la porte d’entrée, une Cène dont les figures ne manquent pas de caractère,
surtout celle de Judas qui, assis un peu à l’écart, prête une oreille trop complaisante à un diable
Le Jugement universel : les élus.
Fresque de Luca Signorelli. (Dôme d’Orvieto.) — Dessin de Charles E. Wilson.
penché sur son épaule pour lui suggérer l’idée de la trahison. Sur le côté gauche de l'hôtel
où repose le reliquaire, le peintre a reproduit, à son tour, en s’inspirant d’Ugolino di Vieri,
les péripéties du miracle de Bolsène ; sur le côté opposé se déroule une série de prodiges
opérés par le Saint-Sacrement. Autour de l'autel, le Calvaire, une Déposition de croix et une
Mise au tombeau. A remarquer, dans la Déposition, l’attitude de la Vierge, dont l’abandon doulou-
reux est rendu avec une douce naïveté et, dans la Mise au tombeau, l’expression si pleine
d’angoisse et de désespoir de la mère embrassant pour la dernière fois le cadavre du Sauveur.
La facture générale de ces peintures manque certainement de finesse et de justesse : les contours
sont grossièrement marqués ; le pinceau était encore rude et lourd ; la science des couleurs vague
et indécise ; mais la vie commençait à vibrer ; l’âme perçait sous les visages encore maladroitement
ébauchés et l’on approchait visiblement du moment où la brosse allait trouver des sensations et
des harmonies jusqu’alors inconnues.
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adresser des éloges pour la manière éloquente dont il a su défendre la religion; saint Paul
agenouillé devant le Saint-Sacrement ; le Christ entouré des sept candélabres d’or ; Moïse au
milieu du peuple d'Israël occupé à recueillir la manne du désert ; Abraham après la défaite des cinq
rois ; Abraham recevant les anges envoyés du ciel ; Elie réveillé par l’ange, et Elie gravissant les
flancs de l’Horeb. Mais la plus curieuse de ces fresques est celle où l’on voit un cavalier qui fuit
les trois ennemis de l’homme, à savoir : le monde, symbolisé par une silhouette de ville en épure ;
la chair, personnifiée par un corps de femme nue que foule le cheval courant ventre à terre, et
le diable qui, mis en déroute par cette austérité galopante, court encore plus vite que le cheval.
Autour du cintre de la porte d’entrée, une Cène dont les figures ne manquent pas de caractère,
surtout celle de Judas qui, assis un peu à l’écart, prête une oreille trop complaisante à un diable
Le Jugement universel : les élus.
Fresque de Luca Signorelli. (Dôme d’Orvieto.) — Dessin de Charles E. Wilson.
penché sur son épaule pour lui suggérer l’idée de la trahison. Sur le côté gauche de l'hôtel
où repose le reliquaire, le peintre a reproduit, à son tour, en s’inspirant d’Ugolino di Vieri,
les péripéties du miracle de Bolsène ; sur le côté opposé se déroule une série de prodiges
opérés par le Saint-Sacrement. Autour de l'autel, le Calvaire, une Déposition de croix et une
Mise au tombeau. A remarquer, dans la Déposition, l’attitude de la Vierge, dont l’abandon doulou-
reux est rendu avec une douce naïveté et, dans la Mise au tombeau, l’expression si pleine
d’angoisse et de désespoir de la mère embrassant pour la dernière fois le cadavre du Sauveur.
La facture générale de ces peintures manque certainement de finesse et de justesse : les contours
sont grossièrement marqués ; le pinceau était encore rude et lourd ; la science des couleurs vague
et indécise ; mais la vie commençait à vibrer ; l’âme perçait sous les visages encore maladroitement
ébauchés et l’on approchait visiblement du moment où la brosse allait trouver des sensations et
des harmonies jusqu’alors inconnues.