ANDREA PALLADIO : SA VIE ET SON ŒUVRE.
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et Zanella, il est permis d’affirmer, en se fondant sur des recherches récentes, que Gualdo avait
raison d’écrire : Palladio naquit à Vicence, l’an du Seigneur i5o8, le 3o du mois de novembre,
jour de saint André apôtre, et c’est pour cela qu'on lui donna le nom d'André. Nous savons
que Palladio n’était pas le nom de famille.
En parlant d’André, Jules Barbarano, dans ses Vicetiae Monumenta et viri illustres, publiés
en 1566, l’appelle « cognomento Palladium », ce qui signifie « surnommé Palladio ». Et dans
Y Itinéraire de Scot, rédigé par le frère Jérôme de Capugnano, on dit d’André, occupé alors à
bâtir une villa : « Andréas qui postea Palladius ». Une chronique due à Sébastien Liviera, de
Vicence, qui vécut dans la seconde moitié du xvie siècle, raconte également que Jean-George
Trissino lui donna le nom de Palladio, à cause de son admirable talent; de même que Trissino
donna à Maganza le nom de « Terpandro ». Trissino, qui protégera, comme nous verrons, notre
architecte, a eu en vue l’architecture de Palladio, lorsque, dans Yltalia liberata dai Goti, il fait
décrire par l’ange Palladio le jardin d'Acrazia et la cour qui l'entoure :
Di larghe loggie, con colonne tonde,
Che son tant’ alte, quanto è la larghezza
Del pavimento, e sono grosse ancora.
L’ottava parte e più di quella altezza D
De même que le poème, comme nous
l’avons dit, a été commencé par Jean-George
en 1525, de même l'idée de cet ange Pal-
ladio a été imaginée en même temps que
celle du surnom donné à Andréi 2.
On représente Palladio comme un
homme « fort plaisant et très facétieux »,
de taille plutôt petite que moyenne, de bel
aspect et d'une figure très gaie ; une per-
sonnalité enfin très sympathique à tous
ceux qui l’approchaient. Des textes nom-
breux confirment la tradition ; nous voyons,
en effet, tous les nobles de son temps
l’honorer et l’aimer; les Trissino, les Thiene,
les Barbaro, les Da Porto, les Angarano et
beaucoup d’autres personnes distinguées de
Vicence et d’ailleurs l’estiment et l’accablent de prévenances ; car, comme dit un contemponrfir
de Palladio, son naturel aimable et facétieux ce dava estremo gusto alli gentiluomini et sigmori
con i quali trattava » (plaisait extrêmement aux gentilshommes et aux seigneurs qjiM le
fréquentaient).
Palladio traitait toujours avec affabilité ses subordonnés, les tailleurs de pierres, les maçons,
les menuisiers, etc. ; il les instruisait dans les choses de leur métier et les égayait toujours, et
« trattandoli con moite piacevolezze faceva che lavoravano allegrissimamente » (en les traitant avec
beaucoup de gaieté, il faisait qu’ils travaillaient toujours bien gaiement).
Palladio ne ressemblait pas au Pérugin, qui ne pensait qu’à amasser de l’argent ; quoiqu'il
eût travaillé beaucoup, il vécut toujours pauvre, ce qui indique qu’il ne fut ni avare ni prétentieux,,
comme le célèbre peintre de l’Ombrie.
Il existe, en effet, dans les Archives de Vicence, un registre qui contient la liste des hono-
raires payés à Palladio pour la construction de la fameuse Basilique de Vicence, depuis le premier
jour des travaux jusqu’à la fin de sa vie, et il en résulte que notre architecte était contraint de;
demander chaque semaine, et même journellement, quelque argent et das avances. On n’arrive
Andrea Palladio.
la
i.Entouré de larges balcons, avec des colonnes rondes, qui sont aussi hautes que le pavé est large, et qui ont comme diamètre:
huitième partie, et plus, de cette hauteur.
2. Pallade. Mille Dea est operiim (Ovidii Feisti, liv. 111, v. 833) ; c’est, par conséquent, encore plus la Déesse des bâtiments.
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et Zanella, il est permis d’affirmer, en se fondant sur des recherches récentes, que Gualdo avait
raison d’écrire : Palladio naquit à Vicence, l’an du Seigneur i5o8, le 3o du mois de novembre,
jour de saint André apôtre, et c’est pour cela qu'on lui donna le nom d'André. Nous savons
que Palladio n’était pas le nom de famille.
En parlant d’André, Jules Barbarano, dans ses Vicetiae Monumenta et viri illustres, publiés
en 1566, l’appelle « cognomento Palladium », ce qui signifie « surnommé Palladio ». Et dans
Y Itinéraire de Scot, rédigé par le frère Jérôme de Capugnano, on dit d’André, occupé alors à
bâtir une villa : « Andréas qui postea Palladius ». Une chronique due à Sébastien Liviera, de
Vicence, qui vécut dans la seconde moitié du xvie siècle, raconte également que Jean-George
Trissino lui donna le nom de Palladio, à cause de son admirable talent; de même que Trissino
donna à Maganza le nom de « Terpandro ». Trissino, qui protégera, comme nous verrons, notre
architecte, a eu en vue l’architecture de Palladio, lorsque, dans Yltalia liberata dai Goti, il fait
décrire par l’ange Palladio le jardin d'Acrazia et la cour qui l'entoure :
Di larghe loggie, con colonne tonde,
Che son tant’ alte, quanto è la larghezza
Del pavimento, e sono grosse ancora.
L’ottava parte e più di quella altezza D
De même que le poème, comme nous
l’avons dit, a été commencé par Jean-George
en 1525, de même l'idée de cet ange Pal-
ladio a été imaginée en même temps que
celle du surnom donné à Andréi 2.
On représente Palladio comme un
homme « fort plaisant et très facétieux »,
de taille plutôt petite que moyenne, de bel
aspect et d'une figure très gaie ; une per-
sonnalité enfin très sympathique à tous
ceux qui l’approchaient. Des textes nom-
breux confirment la tradition ; nous voyons,
en effet, tous les nobles de son temps
l’honorer et l’aimer; les Trissino, les Thiene,
les Barbaro, les Da Porto, les Angarano et
beaucoup d’autres personnes distinguées de
Vicence et d’ailleurs l’estiment et l’accablent de prévenances ; car, comme dit un contemponrfir
de Palladio, son naturel aimable et facétieux ce dava estremo gusto alli gentiluomini et sigmori
con i quali trattava » (plaisait extrêmement aux gentilshommes et aux seigneurs qjiM le
fréquentaient).
Palladio traitait toujours avec affabilité ses subordonnés, les tailleurs de pierres, les maçons,
les menuisiers, etc. ; il les instruisait dans les choses de leur métier et les égayait toujours, et
« trattandoli con moite piacevolezze faceva che lavoravano allegrissimamente » (en les traitant avec
beaucoup de gaieté, il faisait qu’ils travaillaient toujours bien gaiement).
Palladio ne ressemblait pas au Pérugin, qui ne pensait qu’à amasser de l’argent ; quoiqu'il
eût travaillé beaucoup, il vécut toujours pauvre, ce qui indique qu’il ne fut ni avare ni prétentieux,,
comme le célèbre peintre de l’Ombrie.
Il existe, en effet, dans les Archives de Vicence, un registre qui contient la liste des hono-
raires payés à Palladio pour la construction de la fameuse Basilique de Vicence, depuis le premier
jour des travaux jusqu’à la fin de sa vie, et il en résulte que notre architecte était contraint de;
demander chaque semaine, et même journellement, quelque argent et das avances. On n’arrive
Andrea Palladio.
la
i.Entouré de larges balcons, avec des colonnes rondes, qui sont aussi hautes que le pavé est large, et qui ont comme diamètre:
huitième partie, et plus, de cette hauteur.
2. Pallade. Mille Dea est operiim (Ovidii Feisti, liv. 111, v. 833) ; c’est, par conséquent, encore plus la Déesse des bâtiments.