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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Molinier, Émile: Un décorateur américain: J. G. Low
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0161

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UN DECORATEUR AMERICAIN : J. G. LOW.

13g

le sentiment artistique, encore à l’état d’embryon chez la plupart des Américains, finira par
atteindre un niveau pour le moins aussi élevé qu’en Europe. A vrai dire, les Mécènes ne
manquent pas en Amérique ; ils sont même légion et ne reculent devant aucune dépense pour
satisfaire leurs fantaisies. Mais jusqu’ici leurs efforts ont-ils été dirigés dans un sens pratique,
autrement que pour satisfaire un caprice, une vanité personnelle? C'est là la question. Acheter
un tableau plus cher qu’un autre pour pouvoir dire qu’on possède l’oeuvre d’un peintre qui a
atteint le plus haut prix, c’est là une fantaisie que d’aucuns trouveraient d’un goût médiocre si
le tableau n’avait pas une réelle valeur.

Heureusement pour les Américains, —
il faut en excepter une élite, peu nom-
breuse il est vrai, qui sent les choses
d’art à l’européenne, — leur sens pra-
tique les sert beaucoup en pareille cir-
constance : s’ils paient cher une oeuvre
d’art, c’est que cette œuvre d’art est
cotée ; ils paient la signature, mais la
signature est authentique et alors il
faudrait avoir le caractère bien mal fait

/•/ Chevaux en liberté.

pour v trouver à redire. En vente, n T i n T

J J 1 Panneau décoratif en terre cuite, par John O. Low.

quand on possède les fortunes colossales

que l’on ne trouve que dans le Nouveau-Monde, on serait bien sot de regarder à quelques
centaines de mille francs pour avoir le plaisir de posséder une œuvre d’art d’un mérite incontesté.

Le bill Mac Kinlay va porter bientôt ses fruits au point de vue économique et au point de
vue industriel. Ces différents côtés de la question, nous n’avons point à nous en occuper, bien
qu’ils touchent, et très sérieusement, tous les Européens. Mais le point de vue artistique est non
moins intéressant pour nous. D’une part l’élévation des droits sur les objets dits d art industriel
importés en Amérique amènera forcément une baisse dans le chiffre des importations puisqu il

n’y aura que les gens très riches, c’est-à-
dire le petit nombre, à pouvoir s’offrir
ce luxe. D’autre part ce même besoin
de luxe devra — et c’est certainement
la pensée dominante des auteurs du bill
— concourir à créer une industrie natio-
nale. Maintenant cette conséquence,
logique en apparence, aura-t-elle de
suite son effet? il est permis d’en douter.
Chaque chose doit venir à son heure et
le moment de proscrire l’industrie euro-
péenne n’était peut-être pas encore venu.
La mesure semble à beaucoup de per-
sonnes prématurée, d’autant que, ainsi
qu’on le remarquait tout à l’heure, l’ou-
tillage des Américains, au point de vue
artistique, semble encore bien insuffisant.
Si au lieu d’acheter des tableaux, et des tableaux modernes surtout, les Américains s’étaient mis
depuis vingt ans ou plus à faire ce que l’on fait depuis de longues années en Angleterre, en
Allemagne, en France, à créer des Musées et des écoles d’art industriel, à former des collections
d objets d art qui en Europe, eu égard à leurs ressources exceptionnelles, ne leur eussent pas
coûté fort cher, on pourrait craindre que la transformation de l’Amérique ne fût très rapide. On
sait l’influence considérable que le South Kensington Muséum a eue sur le développement de
l’industrie artistique en Angleterre. C’est même aujourd’hui un lieu commun de citer cet exemple

La Moisson.

Panneau décoratif en terre cuite, par John G. Low.
 
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