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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0183

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pas alors à faire des siennes, ainsi que l’expose le savant
Conservateur des collections de l’Ecole nationale des
Beaux-Arts :

Il y aune trentaine d’années encore, on n’hésitait pas à employer
comme tapis de pied les tentures les plus précieuses, quand on ne
les découpait pas pour en employer les lambeaux à toutes sortes
d’usages humiliants, ou qu’on ne les brûlait pas pour en retirer l’or.
Des milliers de pièces précieuses ont disparu de la sorte en plein
xixa siècle.

Cependant, dès la monarchie de Juillet, quelques esprits indé-
pendants protestaient contre ce vandalisme. Écoutons le comte de
Montalembert : « A Clermont, en Auvergne, il y a dans la cathédrale
douze tapisseries provenant de l’ancien évêché, et faites de i.5o5 à 1511,
sous la direction de Jacques d’Amboise, membre de cette illustre

famille si généreusement amie des arts; elles sont toutes déchirées,
moisies, abîmées de poussière. M. Thévenot, membre du Comité
des Arts, avait offert de les nettoyer à ses frais et d’en prendre un
calque, mais le chapitre lui a répondu par un retus. A Notre-Dame
de Reims, il y a encore d’autres tapisseries du xiv° siècle, qui sont
découpées et servent de tapis de pied au trône épiscopal.

L’emploi même que l’on faisait à cette époque des plus riches
tentures prouve en quel mépris on les tenait. Ici encore Montalem-
bert nous fournit des révélations tout à fait édifiantes : « En revanche,
écrit-il, quand on aura besoin de ce genre de parures pour certaines
fêtes de l’Église, comme c’est encore l’usage à Paris pour la semaine
sainte, soyez sûr qu’on ira chercher au hasard, dans quelque garde-
meuble, tout ce qu’il y aura de plus ridiculement contradictoire avec
la sainteté du lieu et du temps; c’est ainsi que le vendredi saint de
cette année 1838, tout le monde a pu voir, au tombeau de Saint-
Sulpice, le Festin d’Antoine et de Cléopâtre (Cléopâtre dans le cos-

Grand Lit a baldaquin.

Style Louis XIV, d’après D.’’Marot. (Gravure extraite de : Tapisseries, Broderies et Dentelles.)

tume le plus léger), et à celui de Saint-Germain-l’Auxerrois, Vénus
amenant l’Amour aux nymphes de Calypso L »

Heureux les amateurs qui ont deviné dès lors l’intérêt de tant de
productions merveilleuses! Ils ont placé leur capital à des intérêts
fabuleux.

« Un peu de statistique pour finir », dit M. Müntz à sa
dernière page, et ce peu de statistique est digne de toute
attention :

Je me suis souvent demandé combien il pouvait subsister de
tapisseries anciennes. Le Garde-Meuble national de France, qui ne
connaît pas ses richesses, en accuse 1,121; les palais de la couronne

1. Du Vandalisme et du Catholicisme dans l’Art ; 1889; page 22g.

d'Espagne en contiennent à peu près autant. A Florence, la Maison
Royale et les musées en possèdent environ 600; tel est aussi le chiffre
des tapisseries de la Maison d’Autriche, dont un inventaire fort soi-
gné a été publié dans Y Annuaire des Musées impériaux. Le Vatican
en possède de i,5oo à 2,000. Si à ces chiffres nous ajoutons les tapis-
series contenues dans les autres résidences souveraines ou les musées,
ainsi que chez les particuliers (sur le quai, un seul marchand d’an-
tiquités de Paris en possède 600), nous arrivons certainement à un
total de 25 ou 3o,ooo pièces.

La production effrénée des Flandres pendant plus de trois cents
ans, du xv" auxvm0 siècle, explique cette abondance. Comme aujour-
d’hui les manufactures de Birmingham et de Manchester, les ateliers
de Bruxelles, inondaient pendant tout ce temps de leurs produits
l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Telle était, dès le xve siècle, en Italie,
la masse des tapisseries importées des Flandres, qu’a la cour ponti-
ficale on les donnait en paiement, en guise de numéraire.
 
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