Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

DOI Artikel:
Chennevières, Henry de: Exposition universelle de 1889: cent ans de gravure (1789 - 1889), [IV]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0202

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
176

L’ART.

avec des yeux de voyant. Les effets dramatiques ne lui
échappaient pas non plus, et le meilleur des paysages de
Paul Flandrin, Lionne guettant des antilopes, ne perd à sa
traduction aucune de ses transes de terreur animale. Le
tome IV abonde aussi en vues de nature traitées par la
même main. A la suite de scènes et perspectives d’Orient,
de Marilhat, de Doussault, arrivent quatorze paysages
d’Edouard Bertin, de ces paysages qualifiés d’historiques
soit à cause de leur mode de composition digne d’un peintre
d’histoire, soit en conséquence du sujet représenté, soit
surtout, dans l’esprit des malicieux, comme synonymes de
légendaires. On s’est offert, en effet, et de longues années,
le malin plaisir de mettre le genre des paysages de Bertin

au-dessous de l’inavouable et de le cribler de sarcasmes
comiques. Cet archiclassique n’en restera pas moins un
dessinateur de haute tradition, sentant et rendant la nature
au goût de ses contemporains, et d’une adresse supérieure
dans l’art d’accommoder les lignes et les plans au sujet.
C’est un petit Poussin... frigidifié. Cette seule analogie,
même avec l’épithète, suffirait à le défendre. D’ailleurs,
toute peinture a eu sa raison d’être, et l’éclectisme semble
la première condition de justice de nos critiques rétros-
pectives. Sous le crayon de Jules Laurens, les qualités
austères de Bertin prennent toute leur valeur de style, car
elles sont dégagées de l’appesantissant coloris trop naturel
à l’artiste. Plus tard, un autre paysagiste se rencontrera,

Les Fous amoureux.
Lithographie de Diaz.

mais en cet unique rapprochement avec Bertin, pour avoir
tout à gagner aux traductions lithographiques, ce sera
Corot. Des deux parts si distinctes aux œuvres de Corot,
la poésie et la facture, la pierre du lithographe rendra seu-
lement l’émotion et la grâce, c’est-à-dire le génie du
maître : le reste, l’insuffisance de la couleur et cet éternel
gris conventionnel à redites ininterrompues n’y pourront
même pas être soupçonnés. Les principaux Bertin du
volume sont la Nymphe'e de la nymphe Egénie, les Ruines
du temple d’Edfou, Vile de Philoe, la Mosquée d’Amurat,
le Palais de Karnac, Sakieh près Esnehl les Ruines d’Agri-
gente, Sainte Saba et Palestrina, et plusieurs Vues du
golfe de Naples. Puis, deux pierres originales du crayon
de Bertin, la Vallée de Lauterbrunen et Environs de Rome.

Les sujets de genre ou autres de ces volumes complètent
à souhait la belle allure des sites.

Sous le second Empire, Pirodon, Lafosse, Etienne
David, Frédéric Legrip, Émile Bry, Deroy, Colette, Char-
pentier-Bosio, Achille Gilbert, Lassalle, Robaut, Sudre,
Ciceri à ses heures, Soulange-Teissier, produisirent, à
chaque Salon, des pierres de bonne valeur.

Aujourd’hui, l’heure paraît revenue des procédés vigou-
reux et beaucoup d’artistes semblent promettre la renais-
sance des pierres originales. Il en est un surtout, M. de
Laage, très digne d’accentuer ce retour à la grande litho-
graphie personnelle. Collectionneur passionné des dessins
de Géricault et de Delacroix, M. de Laage a trouvé la
récompense de sa double adoration dans la découverte
 
Annotationen