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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0204

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Surtout en orfèvrerie,

composé par J. A. Meissonnier. (Gravure extraite de : Dictionnaire de L’Ameublement et de la Décoration.)

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

DLIII

Dictionnaire de VAmeublement et de la Décoration depuis
le XIIIS siècle jusqu’à nos jours, par Henry Havard.
Ouvrage couronné par l’Académie des
Beaux-Arts, et honoré des souscriptions
du ministère de l’Instruction publique,
de l’Administration des Beaux-Arts, du
ministère du Commerce et de la Ville de
Paris. IV. — P-Z. In-40 de 1,638 colonnes,
illustré de i,o36 gravures dont 65 hors
texte. Paris, maison Quantin, compagnie
générale d’impression et d’édition, 7, rue
Saint-Benoît.

(fin 0

Si un mot aussi vulgaire que Touaille,

M. Henry Havard a le talent de le com-
menter artistiquement, son vaste savoir mis
au service de ses raffinements de fin con-
naisseur, trouve à s’exercer plus complè-
tement encore lorsqu’il s’occupe d’un mot
qui se rapporte directement à l’art.

Voulez-vous vous arrêter à Pastel ? Vous
verrez l’auteur l’étudier tour à tour au point
de vue industriel, scientifique, commercial,
tinctorial, et, bien entendu, par-dessus
tout, au point de vue artistique. Pouvait-il
en être autrement alors qu’il s’agit d’un art
que la Rosalba illustra en Italie ; Liotard
et Frey en Suisse ; La Tour, Perronneau,

Vigée, Mlle Capet et tant d’autres en France ?

Pastel, s. m. — Nom donné à des crayons com-
posés de diverses couleurs pulvérisées, mêlées avec
du talc ou du blanc de plomb, réduites en pâte
(pasta) grâce à une addition d’eau gommée, puis
façonnés en bâtons ronds et de petite dimension.

On fait des pastels de toutes les nuances. On se sert de ces crayons
pour exécuter des. tableaux et surtout des portraits, qui prennent à
leur tour le nom de pastels. Ces ouvrages se font sur un papier
sans colle, de teinte grise, parfois rousse, et préalablement très
tendu. On renforce généralement ce papier d’une étoffe, pour qu’il

1. Voir l'Art, i3° année, tome II, pages 198 et 219; 140 année,
tome II, page 14, et 160 année, tome Ior, page 65, et tome II, page 155.

puisse supporter, sans faiblir, la pression du crayon. Celui-ci rem-
plit à la fois l’office de pinceau et d’estompe, le reste du travail se
fait directement avec les doigts. Les principales qualités du pastel
et celles qui le font le plus rechercher sont l’extrême fraîcheur et
l’éclat des couleurs, l’avantage qu’elles ont de ne pas s’emboire —
comme cela arrive dans la peinture à l’huile, — et
enfin, un velouté charmant, qui ajoute à la délica-
tesse de l’œuvre. Toutes ces qualités ont été chan-
tées, du reste, par l’excellent Watelet.

Les crayons mis en poudre imitent lis couleurs,

Que dans un teint parfait offre l’éclat des fleurs:

Sans pinceau, le doigt seul place et fond chaque teinte.
Le duvet du papier en conserve l’empreinte,

Un crystal la défend; ainsi de la beauté.

Le pastel a l’éclat et la fragilité.

La fragilité, tel est, en effet, le défaut capital
de ces œuvres charmantes, et ce qui rend l’origine
du pastel assez obscure, car les premiers spécimens
de cet art délicat ont promptement disparu, et leur
souvenir ne s'est même point conservé jusqu’à nous.
Quelques auteurs (voir Larousse, Dictionnaire, à
l’article Pastel) ont prétendu que l’usage de ces
crayons ne remontait guère à plus d’un siècle et
demi, et qu’on devait faire houneur de leur mise
en pratique, soit à Jean-Alexandre Thièle, qui vivait
à Erfurt, vers 1740, soit à Mme Vernerin ou à
MUo Heid, qui habitaient Dantzig à la même époque.
Il y a là une erreur qu’il importe de rectifier. Dès
le commencement du xviii6 siècle, le pastel était,
non seulement pratiqué en E'rance, mais connu
dans toute l’Europe, car Savary nous apprend que,
dans un Traité de la Mignature, publié à la Haye,
en 1708, par les frères Louis et Henri Van Dole,
les procédés du pastel sont expliqués tout du long.
D’autres écrivains, remontant un peu plus haut,
ont pensé pouvoir fixer l’invention du pastel à
l’année 1685 et l’attribuer à l’Allemagne. (Voir
Bouillet, Dictionnaire des sciences.) Là encore, il
y a erreur manifeste. Nous lisons, en effet, dans le
Mercure d’octobre 1682 : « Il se fait des portraits
achcvéz en différentes manières, en Peinture, Gra-
vure, Cire, Sculpture, en Pastel et en Mignature. »
Le pastel, par conséquent, jouissait déjà d’une cer-
taine vogue. Il faut donc s’aventurer encore plus
loin dans le passé et considérer nombre de dessins
de l’École française du xvi° siècle, exécutés avec des
crayons de couleur, comme le point de départ,
comme la genèse naturelle du pastel ; et certains portraits, celui
d’une religieuse, notamment, datant de i6i5, qu’on peut voir au
Louvre, doivent être regardés comme des pastels de la première
heure. Il est même très vraisemblable que les fameux crayons dont
il est si souvent question dans les Mémoires du commencement du
xvii0 siècle, et qui portèrent si haut la renommée des Du Montier,
des Beaubrun et de quelques autres, pourraient également être rangés
dans cette catégorie ; malheureusement ces ouvrages ont aujourd’hui

Reliquaire en forme de bras.

Musée d’Antiquités de la Seine-Inférieure.

(Gravure extraite de : Dictionnaire
de l’Ameublement et de la Décoration.)
 
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