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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0206

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i8o

L’ART.

tûmes avaient fini par entrer en ligne de compte, et,
comme conséquence, l’art, l’industrie, le costume, le
mobilier fournissaient au savant des sujets d’étude d’un
attrait tout nouveau. Le mobilier, surtout, n’avait pas cessé
de préoccuper les érudits. Sa connaissance, en effet, les
transformations qu’il subit, les formes spéciales qu’il revêt
ne sauraient être pour l’historien des choses indifférentes,
car l’ameublement se conforme partout aux tendances
dominantes de la civilisation à laquelle il se trouve associé.
C’est le décor choisi, voulu, combiné à loisir, où se déve-
loppent, en une suite logique, les cent actes variés de cette
grande comédie, à laquelle tous les hommes prennent for-
cément part. »

Ce point de vue humanitaire de l’histoire, point de
vue essentiellement pacifique et non moins patriotique,
M. Havard, que la marche progressive de la civilisation
intéresse par-dessus tout, ce point de vue sacré entre tous,

l’auteur du Dictionnaire de VAmeublement et de la Déco-
ration le tient pour autrement élevé que les panégyriques
courtisanesques des conquérants et de tous leurs sanglants
et odieux exploits. C’est un titre de plus à la reconnais-
sante estime, à la vive sympathie et de la critique et des
nombreux lecteurs qui consulteront en tout temps avec
fruit ses quatre excellents volumes.

Un dernier mot, M. Henry Havard n’est pas seule-
ment membre du Conseil supérieur des Beaux-Arts, il est
aussi inspecteur des Beaux-Arts, c’est-à-dire titulaire d’une
fonction fort attaquée et plus que justement attaquée,
parce qu’on l’encombre traditionnellement de fruits secs
qui grèvent le budget sans autre résultat que de ridiculiser
l’administration à laquelle on les impose. S’il est une
économie à faire au plus tôt, c’est de purger les bureaux
ministériels de tous sinécuristes.

Réduire à deux le nombre des inspecteurs des Beaux-

L'Exposition des peintures de l’Académie royale en 1789,
d’après une gravure de P. A. Martin. (Gravure extraite de : Dictionnaire de l'Ameublement et de la Décoration.)

Arts serait tout simplement sensé, à la condition que les
titulaires fussent des hommes de la valeur de M. Havard
et en eussent, à son digne exemple, hautement témoigné
par leurs œuvres.

L’administration possède précisément deux titulaires
qui remplissent ces conditions par trop exceptionnelles
actuellement. Ils suffiraient parfaitement à toute la be-
sogne et la rempliraient plus efficacement qu’en paperas-
sant à l’excès, ainsi qu’011 en a la puérile manie. Il faudrait
augmenter la rémunération de fonctionnaires de ce mérite
et, en leur laissant une plus grande liberté d’initiative,
accroître aussi leur part de responsabilité.

Au lieu d:attendre œuvre vraiment féconde en France
de chaque fonctionnaire, on croit avoir fait merveille lors-
qu’on a exigé d’eux paperasses sur paperasses, et savez-
vous à quoi elles aboutissent les trois quarts du temps?
A un emmagasinage dont nul ne s’occupe que pour
constater un beau jour que lesdites paperasses ont en

partie ou en totalité disparu, ce qui donne une idée facé-
tieuse de la surveillance exercée. Qu’on ne nous taxe pas
d’exagération, car nous garantissons que les dossiers
Charles Blanc et Paul de Saint-Victor, par exemple, ont
été soustraits sans que l’Administration des Beaux-Arts,
ainsi volée, se porte plus mal depuis la perte de tant de
griffonnages éminents et de rapports transcendants.

Lorsque l’Etat a la bonne fortune d’avoir à son service
un cerveau aussi bien meublé que celui de M. Havard,. ce
n’est point pour en tirer uniquement une besogne de rond
de cuir routinier; on n'assimile pas, sans préjudice pour
le pays, l’auteur du Dictionnaire de VAmeublement et de
la Décoration à tel ou tel personnage non moins inspec-
teur des Beaux-Arts, dont le summum de savoir consiste
à confondre le 1814 de M. Meissonier avec la Retraite de
Russie et Gavarni avec son fils Pierre, le peintre du Sport
et du High-Life équestre.

Paul Leroi.

Le Gérant, E. MÉNARD.
 
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