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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Méreu, Honoré: Le dôme d'Orvieto, [XII]=Fin
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0210

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i82

L’ART.

Au delà de l'Antéchrist, une assemblée de moines disserte sur l’événement ; l'un d’eux tient
en main le livre des prophètes et semble mettre en garde ses confrères en leur rappelant que le
scandale auquel ils assistent était prédit. Un peu plus loin, le thaumaturge guérit un malade, à
la grande stupéfaction des curieux, qui se répandent en exclamations admiratives, et pour la
plus grande joie des parents, qui joignent les mains vers lui en signe de remerciement. L’arrière-
plan du tableau, au côté droit, est occupé par le temple, dans le style déjà baroque du xve siècle,
et devant lequel, sur les ordres de l’Antéchrist, les sbires conduisent au supplice les prophètes
Enoch et Élie. En retournant au premier plan, du côté gauche, le regard est surpris par une
scène de carnage. Les soldats du faux dieu mettent à mort les moines et les chrétiens qui ont
voulu demeurer fidèles à la foi de leurs pères. Enfin, au delà de cette scène, apparaît l’Antéchrist
foudroyé par l’ange vengeur au moment où il s’élevait vers le ciel ; une pluie de feu s’abat et

sème l’épouvante parmi les hérétiques qui
avaient embrassé la religion sacrilège. Les
deux personnages qui, debout dans un coin
du tableau, semblent assister en spectateurs à
cette tragédie en plusieurs actes, sont préci-
sément Fra Angelico et Signorelli, et, en
réunissant leurs deux figures à cet endroit
capital de son œuvre, le peintre a voulu ex-
primer, sous une forme courtoise et loyale,
l’association artistique qu'il reconnaissait entre
lui et le moine de Fiesole, qui l'avait précédé
dans la décoration de la chapelle.

Dans les retombées du mur qui encadrent
l’entrée, le peintre a décrit la fin du monde.
L’horreur de la catastrophe finale est rendue
avec un sentiment de grandeur saisissante;
les monuments tremblent sur leurs bases, les
colonnes des temples tombent en morceaux,
les femmes, à moitié nues, s’enfuient épou-
vantées, chacun cherche à échapper au dé-
sastre, mais la dissolution de l’univers est
fatale et complète. Les étoiles se répandent
en pluie de feu sur la terre, le firmament
lui-même s’écroule. L’effondrement est total,
le cataclysme irrémédiable. Les seuls qui en
contemplent avec sérénité l’accomplissement
sont le prophète David, qui montre à un
groupe de guerriers les édifices en ruine, comme pour leur dire que ses prédictions se sont
réalisées, et la Sibylle, qui tient à la main le livre où l’événement était écrit d’avance. Il faut
recommander à l’admiration des connaisseurs la portion de cette peinture où l’on voit plusieurs
hommes à terre, déjà foudroyés, tandis que d’autres, courant éperdus, se sauvent à toutes jambes
et foulent aux pieds ces cadavres foudroyés. Un des fuyards se bouche les oreilles pour ne pas
entendre le fracas horrible et il trébuche. Son corps, projeté en avant, reste suspendu, et l’on
saisit parfaitement, dans un raccourci d’une précision irréprochable, le mouvement ininterrompu
de l’être qui s’abandonne en tombant.

Dans le premier tableau, à droite, faisant face à celui de U Antéchrist, commence la Résur-
rection de la chair. Deux archanges, placés sur des nuages peuplés de séraphins ailés, sonnent
l’assemblée des morts, qui sont déjà réunis en assez grand nombre, tandis que d’autres, sortant
de terre, sont encore en forme de squelettes ou commencent à peine à revêtir leurs chairs. C’est
le triomphe du nu, bien plus que celui de la justice divine. On comprend que Signorelli, qui

Saint Thomas,

par Jean Bologne. (Dôme d’Orvieto.) — Dessin de Charles E. Wilson.
 
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